On a lu pour vous cet article sur les soi-disant règles à appliquer pour conquérir un homme, et on vous le recommande.
“Les Règles. Secrets pour capturer l’homme idéal est un manuel paru en 1995 aux États-Unis, traduit dans pas moins de 18 langues. Il s’est écoulé en plus de deux millions d’exemplaires. Ce livre prêche l’idée que les femmes doivent devenir des expertes en matière de mise à distance, afin d’acquérir de la rareté. Il fournit des règles telles que celles-ci:
Règle n°2: N’adressez jamais la parole à un homme la première.
Règle n°3: ne dévisagez pas les hommes. Parlez peu.
Règle n°5: Ne lui téléphonez pas, rappelez-le rarement.
Règle n°6: Au téléphone, raccrochez la première.
Règle n°12: Cessez de le voir s’il ne vous offre pas un cadeau romantique pour votre anniversaire ou à la Saint Valentin.
On songe, en lisant ces ‘règles’, aux traités de bonnes mœurs qui, depuis des siècles, enjoignent les jeunes femmes à baisser les yeux lorsqu’elles marchent dans la rue. Il faut qu’elles fixent le pavé afin qu’aucun homme ne puisse croiser leur regard. Dans Le Mesnagier de Paris (1393), par exemple, un bourgeois fait la peinture du modèle idéal à suivre: une fille ne doit ni regarder les hommes dans la rue, ni s’adresser spontanément à eux, mais se conduire en ‘prude femme’ (l’équivalent féminin du prud’homme), avec le constant souci de préserver son image. ‘Il suffit qu’une seule fois la femme suscite le soupçon ou s’attire une mauvaise réputation. Et même si cette rumeur est sans fondement, la femme en sera toujours entachée‘ Gare à celle qui s’exposerait à la rumeur publique! Elle ne trouverait plus mari, ayant perdu toute respectabilité.
Il existe bien sûr une différence de taille entre Les Règles de 1995 et celles de 1393. Le best-seller d’Ellen Fein et Sherrie Schneider est en effet dénué de toute morale, de tout souci des conventions. Il s’agit non pas de préserver son honorabilité au regard de la société, mais de mystifier les hommes, en se faisant passer pour ce que l’on n’est pas.”
Dans un billet intelligent et argumenté, Agnès Giard revient sur l’absurdité qu’elle observe dans le comportement de beaucoup de femmes cherchant à conquérir un homme en 2017. Ne pas coucher le premier soir, se faire offrir des cadeaux, demeurer mystérieuse et inaccessible: elle décrypte comment les préceptes de la drague contemporaine n’ont pas évolué depuis 50 ans, voire depuis deux siècles.
À lire le plus vite possible sur le blog de Libération Les 400 culs.