Elles ont entre 11 et 16 ans et cumulent plusieurs millions de followers sur les réseaux. Enfants prodiges ou influenceuses aguerries, les baby rappeuses américaines ont fait leur place sur la scène hip hop.
Elle est haute comme trois pommes. That Girl Lay Lay ressemble à n’importe quelle petite fille de 11 ans. Sauf quand elle a un micro entre les mains. En septembre dernier, le grand public américain découvrait son aisance déconcertante et ses rimes endiablées dans l’émission culte de Ellen DeGeneres.
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Sur les traces de ses idoles Cardi B et Rihanna, la baby MC originaire de Houston déjà a bluffé plus de 40 millions d’internautes, dont 50 Cent et T.I., avec un freestyle filmé dans la voiture de papa.
Aujourd’hui, elle est la plus jeune rappeuse à avoir décroché un contrat avec une maison de disques, et non des moindres. Son label, Empire, compte dans son catalogue des poids lourds du rap tels que D.R.A.M., Remy Ma, et feu XXXTentacion. Comme elle, d’autres baby rappeuses américaines ont émergé ces deux dernières années. Souvent issues de familles d’artistes, elles allient deux atouts majeurs: le talent et la maîtrise de la com’.
Le flow comme héritage
Brooklyn Queen, qui, comme son nom ne l’indique pas, vient de Detroit, doit son nom de scène à sa mère, Nailnotirious Kim, rappeuse et fan de Notorious B.I.G.. Biberonnée au rap, elle écrit sa première chanson à cinq ans et enregistre son premier titre à huit. On la retrouve également comme back dancer de Vanilla Ice et Salt-N-Pepa. Logiquement, elle signe à 11 ans chez BMB Entertainment, l’un des plus gros labels indépendants américains. Mais c’est en 2017 qu’elle explose véritablement avec son clip Keke Taught Me qui comptabilise plus de 500 000 vues en un mois.
Aujourd’hui âgée de 13 ans, elle a abandonné les couettes, relégué les rubans roses au placard et rêve de tournées internationales comme son idole, Beyonce: “elle m’a fait sourire, danser et pleurer et je veux que mes fans ressentent la même chose. Je veux dire aux jeunes filles que tout est possible si elles poursuivent leurs rêves.”
Avec un père, un oncle et un frère rappeur, la voie de Nia Kay semblait toute tracée. Après un premier clip sorti à l’âge de 10 ans, l’autoproclamée “Duchess Nia Kay” participe en 2016 à l’émission de télé réalité américaine The Rap Game Season 2, sur la chaîne nationale Lifetime, et démontre qu’elle maîtrise déjà parfaitement l’art de la rime. En 2017, elle poste son premier freestyle filmé avec son frère (elle aussi dans une voiture) qui lui vaut 2 millions de vues sur Facebook.
Désormais âgée de 16 ans, la rappeuse ne jure que par Nicki Minaj, qui l’inspire par sa technique et sa polyvalence, sans pour autant vouloir lui ressembler. “Je suis différente. Ma musique est unique. Je ne veux pas faire partie de l’industrie musicale, je veux la changer.”
Des pros de la com’
Toutes ces baby rappeuses ont en commun d’avoir été exposées médiatiquement très jeunes, voire d’avoir eu des carrières d’enfants stars. C’est le cas de Baby Kaely, rappeuse née dans le New Jersey et basée à Los Angeles. Dès 5 ans, la MC en herbe devient une icône avec la chanson What A Girl Is, tube enfantin interprété avec deux autres baby chanteuses. A 13 ans, la MC a fait du chemin (et glané plus de 1,2 millons d’abonnés YouTube). On la retrouve en duo avec Will.i.am ou dans des freestyles décoiffants partagés sur ses réseaux.
Bhad Bhabie, quant à elle, a d’abord été révélée par la télé-réalité avant de se lancer dans le rap. Et elle en a fait les frais. A 11 ans, Danielle Bregoli, de son vrai nom, fait n’importe quoi: elle vole des voitures, vend de la drogue, agresse des gens avec une arme blanche. Pour tenter de la remettre dans le droit chemin, sa mère l’emmène dans la célèbre émission américaine Dr. Phil. Huée et moquée en plateau, son interview fait le tour du net et devient un même.
Six mois plus tard, à la surprise générale, elle sort These Heaux » ), composé par la chanteuse de Compton Brittany B, qui a collaboré avec Theophilus London et John Legend, et mis en image par GoodBoyShady qui a notamment réalisé des clips pour Drake et G-Eazy. A 15 ans, alors qu’elle se voit condamnée à cinq ans de prison avec sursis pour vols de voiture et possession de marijuana, le morceau la propulse dans le Billboard Hot 100, et fait d’elle la plus jeune femme artiste à intégrer le prestigieux classement des morceaux les plus populaires aux États-Unis.
Pour sa part, Kierra Luv, 16 ans, a commencé par gagner du follower avec des selfies sur Instagram (1,2 millions d’abonnés) avant de poster des freestyles. Une fois la fan base acquise, la mission était à moitié accomplie. Ainsi, en 2017, la rappeuse de Pennsylvanie affole la toile avec son clip You Lied To Me, qui prouve qu’elle n’est pas uniquement une influenceuse précoce et gagne le respect de Nicki Minaj, Puff Daddy et Chance The Rapper.
Le succès de ces baby rappeuses pose évidemment la question de l’instrumentalisation d’enfants par une industrie vorace et des réseaux sociaux avides de nouvelles icônes. Phénomènes de foire en ligne ou véritables artistes? Seul l’avenir le dira.
Eloïse Bouton
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