C’est le succès de l’année. Le film, mené par les excellents Chantal Lauby et Christian Clavier, cartonne. Et ça étonne. Les articles se sont en effet multipliés pour tenter de comprendre l’engouement du public. Qu’est-ce qui a donc attiré plus de cinq millions de spectateurs dans les salles obscures ?, s’interroge-t-on. Si parfois les gags sont un peu lourds et le jeu des gendres assez limité, la mayonnaise prend. Le problème? C’est toujours au détriment des femmes.
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À l’affiche du film, on peut dire que la parité est respectée. Les quatre filles du couple Verneuil ont toutes un mari “issu de l’immigration”, comme le regrette leur père. D’ailleurs, si l’on est parfaitement honnête, il y a même plus de femmes que d’hommes à l’affiche. Mais est-ce suffisant? Pas vraiment… Les femmes, excepté peut-être Chantal Lauby, ont des rôles évanescents. On peut pratiquement compter leurs répliques sur les doigts d’une seule main, tant elles sont rares. Quant à l’intérêt des personnages, il est inexistant. D’abord, il y a l’artiste dépressive qui pleure pour un rien. Puis, on trouve les épouses de Rachid et David, dont on ne retient même pas le prénom. Enfin, il y a Laure, la future mariée. Pour une série de portraits, c’est un peu léger. D’ailleurs, si Frédérique Bel incarne une avocate, ce n’est pas elle qui libère son père de garde à vue, mais Rachid, son époux, avocat commis d’office, qui tente le tout pour le tout. Idem pour la femme de David, dentiste, qu’on aperçoit quinze secondes dans son cabinet.
Les femmes parlent mariage, font la vaisselle, ou empêchent leur mari de se battre. On a vu plus épanouissant comme rôle.
Pendant tout le film, les maris sont à l’origine de tous les gags. Ils discutent, se battent, interagissent. Quid des femmes? Ces dernières parlent mariage, font la vaisselle, ou empêchent leur mari de se battre. On a vu plus épanouissant comme rôle. C’est ce qu’expliquait Jean-Baptiste Morain dans les Inrocks, qui estime que le film “s’avère finalement plus sexiste qu’autre chose”. En effet, les femmes pleurent souvent ou s’énervent. Elles en sont presque réduites à ces deux émotions, sauf quand elles enlacent leur “gentille” maman, bigote et dépressive. Pourquoi recruter Frédérique Bel, l’ex Minute Blonde, si ce n’est pas pour exploiter son talent comique ou celui de comédienne? Les personnages de Chantal Lauby et de la mère de Charles font preuve d’ouverture, prêtes à tout “pour le bonheur de leurs enfants”. Le film exploite donc le stéréotype de la “bonne mère”. L’idée est toujours la même: les hommes se battent et les femmes les réconcilient. On est bien loin de la complexité de la vraie vie.
L’origine du rapprochement entre les deux hommes est clair: c’est leur lassitude commune à l’égard de leurs “bonnes femmes”.
Le dénouement, lui, est particulièrement révélateur. Christian Clavier et le père de son futur gendre se détestent. Heureusement, ils finissent par trouver un terrain d’entente à la pêche, puis autour d’un déjeuner arrosé. Surtout, ils sont tranquilles sans leurs épouses respectives, qui les “harcèlent” au téléphone. L’origine du rapprochement entre les deux hommes est clair: leur lassitude commune à l’égard de leurs “bonnes femmes”.
Dommage que les femmes -tout comme le scénario- n’aient pas davantage d’épaisseur. Sans profondeur, le film ne parvient pas à sortir du simple divertissement.
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