Cheek passe en revue (de Web) une actu internationale.
Une bonne leçon pour qu’ils ne recommencent plus: c’est en substance ce que le juge a dit aux trois jeunes de Nador, au Maroc, dont se tenait aujourd’hui le procès, où ils ont été acquittés. Les trois adolescents avaient été mis en examen pour une histoire de bisou posté sur Facebook. Deux pour s’être embrassés devant leur lycée, l’autre pour avoir pris la photo de ce bisou. Accusés d’“atteinte à la pudeur”, ils comparaissaient libres aujourd’hui devant le tribunal de Nador, ville du nord-est du Maroc.
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Oussama, Moussine et Raja avaient passé six jours dans des centres fermés pour mineurs.
A l’origine de l’affaire, un cafetier de Nador avait porté plainte au nom d’une organisation locale pour “atteinte grave à l’éducation et à la culture marocaines” et “atteinte aux sentiments des citoyens”. Arrêtés le 3 octobre dernier, Oussama, Moussine et Raja avaient passé six jours dans des centres fermés pour mineurs avant de bénéficier d’une liberté provisoire et de voir leur procès ajourné au 22 novembre, puis au 6 décembre.
Après cette première comparution, un “kiss-in” avait été organisé à Rabat. De nombreux contre-manifestants avaient alors agressé les manifestants, les traitant de “sales juifs, sales chrétiens” ou de “putes”, comme l’expliquait pour Cheek Magazine Ibtissame Lachgar, qui milite pour les libertés individuelles, dans sa contribution intitulée Bisou de Nador: sommes-nous au Moyen Âge au Maroc?. Plusieurs vidéos de soutien dans lesquelles on voit des gens s’embrasser ont depuis été mises en ligne. Le collectif Anonymous a également appelé à se mobiliser sur les réseaux sociaux en envoyant des photos de baisers.
“Au Maroc, on complexe les jeunes.”
Aujourd’hui, Ibtissame Lachgar reste vigilante malgré l’acquittement des trois jeunes: “Le verdict était prévisible. Cependant, réprimander et donner un avertissement à ces trois jeunes reste un jugement. Un jugement au nom d’une soi-disant morale. L’adolescence est une période de la vie, qu’on le veuille ou non, où s’établissent les relations sociales et naissent les premières amours à travers la découverte de son corps et de son changement. Ce sont des liens nécessaires au bon développement affectif de l’individu. Au Maroc, on complexe les jeunes, comme l’a fait ce juge. On n’évoque pas la question de la sexualité. Une éducation sexuelle s’impose afin de lever ce tabou, tout en prenant en considération l’importance de l’état amoureux durant l’enfance et l’adolescence.”
Laura Soret
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