Entre génie et polémique, pourquoi La Vie d’Adèle va marquer les esprits durablement.
Trois palmes pour le prix d’une
Depuis sa création en 1946, le Festival de Cannes a vu passer certaines cérémonies de remises de prix plus mémorables que d’autres: en 1987, la palme attribuée à Maurice Pialat pour Sous le Soleil de Satan est accueillie sous les huées, auxquelles le réalisateur répond par un “si vous ne m’aimez pas, sachez que je ne vous aime pas non plus”. En 1994, Quentin Tarantino offre quant à lui un majeur dressé à l’impudente qui hurle “quelle daube!” au sujet de son Pulp Fiction tout juste palmé. En 2013, on assiste à une situation totalement inédite. Incapable de départager le réalisateur et ses actrices, le jury présidé par Steven Spielberg remet une triple palme d’or à Abdellatif Kechiche, Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos.
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Un tournage controversé
Auréolé de gloire, le réalisateur de L’Esquive a pourtant fait l’objet de lourdes critiques, de la part de ses techniciens comme de ses actrices. Considéré comme le digne héritier de Maurice Pialat, il semblerait qu’Abdellatif Kechiche ait aussi imité les méthodes de tournage pour le moins brutales de son aîné, dont Sandrine Bonnaire et Evelyne Ker, inoubliables interprètes d’À Nos amours, se souviennent encore. Pour l’un comme pour l’autre, force est de constater que malgré les moyens contestables, les résultats sont époustouflants.
Une histoire d’amour bouleversante
La Vie d’Adèle parle d’une révélation: de soi à soi-même dans la découverte du désir et de soi à l’autre dans la naissance du sentiment amoureux -ce rite de passage dont on ignore, avant de l’avoir vécu, le plaisir, la tendresse et la violence qu’il suscite. En écho à ce propos, le film d’Abdellatif Kechiche offre une seconde révélation, celle d’Adèle Exarchopoulos, dont la puissance de jeu inédite et bouleversante éclipse Léa Seydoux, jeune femme aux cheveux bleus comme plongés dans la pénombre. Tout comme l’héroïne, on ressort grandi et bouleversé par le récit poignant d’une passion amoureuse qui dévore autant qu’elle nourrit.
Louise Riousse
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