La School of Life, c’est cette école pas comme les autres nichée dans le 9ème arrondissement de Paris. Elle propose de “promouvoir l’intelligence émotionnelle avec l’aide de la culture” et de répondre à des questions existentielles telles que “Comment trouver un travail qui nous épanouisse, comment améliorer ses relations, […] et, dans une certaine mesure, comment changer le monde.” Rien que ça. Nous sommes allées y faire un tour.
C’est avec scepticisme que l’on s’est rendues au cours de la School of Life, le dernier de l’été, intitulé “Comment avoir de meilleures conversations?”. On s’attendait à suivre une série d’ateliers un brin absurdes animés par un gourou intimidant, pour ensuite repartir avec des dizaines de questions formatées à rebalancer lors du prochain dîner entre amis. Trois heures se sont écoulées entre notre arrivée dans ce temple du bien-être émotionnel, et l’accomplissement de notre formation en maître de l’art de la (bonne) conversation. La School of Life est la bonne surprise à tester en cette rentrée, démonstration en cinq points.
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1. Intimité et proximité
À la School of Life, on n’écoute pas un orateur disserter d’un sujet, tablette à la main et micro au bout des lèvres, dans un silence religieux. Ici, les cours ne sont pas dispensés dans de grandes salles de conférences avec projecteurs lumineux et estrade, mais en petit comité -30 personnes maximum- à quelques mètres du professeur. Cette petite école de la vie a été fondée à Londres en 2008 par Alain de Botton, journaliste et essayiste suisse, avant que le concept ne soit exporté dans le monde entier: Amsterdam, Melbourne et Paris depuis avril 2014.
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2. Comme à la maison
Dans la petite boutique à la devanture vert d’eau, on est accueillies par Fanny Auger, la directrice de l’école herself. Tout sourire, elle invite les 25 inscrits de la soirée à se servir au buffet, qui vient tout juste d’être dressé: salade maison et chinoiseries du traiteur d’à côté remplissent nos estomacs. Du côté du bar, jus de pomme bio et eau fraîche sont là pour désaltérer les participants en cette chaude journée d’été. Côté déco, les meubles semblent chinés et les murs sont recouverts des dessins de Kanako Kuno, l’illustratrice japonaise de My Little Paris. Bref, tout est fait pour que l’on se sente à l’aise, comme à la maison.
3. Un extrait de Pulp Fiction pour accepter les silences
“Les cours de la School of Life sont une exploration, on ouvre des fenêtres et le but est de passer une bonne soirée”, annonce la directrice, après avoir proposé à ses élèves d’un soir de s’installer sur des chaises, face à elle. Cette jeune femme dynamique de 36 ans, passée par Sciences Po, va transmettre, trois heures durant, des techniques sur la manière d’avoir de bonnes conversations. Au programme, pas de recette miracle mais des pistes de réflexions: Fanny Auger les illustre avec des exemples de sa vie personnelle ou d’autres pris dans la pop culture. Quoi de mieux pour illustrer l’importance d’accepter le silence que de diffuser un extrait de Pulp Fiction avec Uma Thurman et John Travolta, assis l’un en face de l’autre, embarrassés de ne pas se parler.
C’est l’occasion de délier les langues et d’écouter des inconnus exprimer des pensées qu’on aurait pu avoir.
4. Parler de soi avec d’autres
Les interventions théoriques de Fanny Auger sont ponctuées de petits travaux pratiques. Une question est posée, puis on dispose de quelques minutes pour y répondre par groupes de deux ou trois: “Quelle est la meilleure conversation que vous ayez eue?”, “Quel type d’assomption pensez-vous que les gens se font à propos de vous-même?” ou encore “Quel genre de conversation trouvez-vous le plus difficile?” Chacun est encouragé à parler avant que les idées de chaque équipe ne soient mises en commun. C’est l’occasion de délier les langues et d’écouter des inconnus exprimer des pensées que l’on aurait pu avoir. Pour certains, c’est une véritable mise à nu de leurs angoisses, qui leur permet ensuite de mieux les évacuer: “J’ai du mal à parler de moi, c’est ce que je trouve de plus difficile, j’ai l’impression de porter un masque”, confie une participante. Dans cette école, il ne s’agit pas d’un simple cours, on apprend avant tout à se connaître soi-même, comme dans une thérapie de groupe.
5. Faire de jolies rencontres
La plupart des personnes qui se sont rendues au cours de “meilleures conversations” sont venues seules. Et pourtant, ce soir-là, le contact se fait facilement. Des personnes de tous horizons sont présentes: des Parisiens, une Brésilienne de Rio ou encore deux voisines de Belgique. On se mélange, on passe d’une personne à l’autre. Les conversations s’animent, on se trouve des points communs, on s’échange des cartes et des numéros de téléphone et certains prévoient de se revoir pour avoir de (bonnes) conversations.
Arièle Bonte
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