On a lu pour vous cet article de Slate qui décortique la façon qu’a la presse de souvent dépeindre les pères de famille en héros, participant à perpétuer les inégalités au sein du foyer, et on vous le recommande fortement.
“On peut espérer que [Daron Magazine], s’il parvient à durer, aille gratter un peu plus là où ça fait mal, pousse les hommes à partager concrètement les tâches et responsabilités au lieu de juste participer, leur fasse comprendre qu’ils ne sont pas là juste pour se donner le beau rôle. Tout ce que ne fera jamais Le Figaro Magazine, qui faisait sa une du 2 juin sur le Prince William et son fils George avec ce charmant titre: ‘Les pères, ces héros –Éducation, autorité, comment ils retrouvent leur place’. À l’intérieur, 22 pages d’hagiographie collective, saupoudrée de quelques phrases un peu plus nuancées pour faire moderne, mais aussi de quelques perles assez indigestes. La seule question posée par le journaliste Alexandre Delvecchio à l’intellectuel catholique Fabrice Hadjadj, auteur du livre Qu’est-ce qu’une famille? et père de sept enfants, vaut son pesant de cookies: ‘La disparition du père n’est-elle pas aussi la conséquence du combat mené par les féministes contre le “patriarcat”?’ […]
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Du côté des médias féminins généralistes, la tendance est à la tape dans le dos compatissante. ‘Est-ce parce que la figure du pater familias est tombée de son piédestal et s’est brisée dans cette chute que certains pères tentent de s’élever à nouveau en montant en haut des grues? Toujours est-il que beaucoup d’entre eux semblent perdus, ne sachant plus comment exercer leur paternité, ne comprenant pas ce que la société et leurs compagnes attendent d’eux’, écrit Femme Actuelle. Les confusions sont multiples. D’abord, les pères qui montent sur des grues sont rarement des héros, mais le plus souvent des hommes violents ou incapables de prendre soin de leur progéniture, et à qui on a donc retiré la garde de leurs enfants. Ensuite, si les pères sont décrits comme perdus, c’est parce que de plus en plus de femmes s’élèvent contre la figure du père présent seulement dans les moments agréables et ludiques, et qui laisse à sa femme le soin de gérer le quotidien, le matériel et le problématique. […] Le problème de ces pères désorientés, c’est qu’on leur demande soudain de se comporter en adultes responsables et d’assumer pleinement leur part.”
À l’occasion de la sortie du premier numéro de Daron Magazine, le journaliste Thomas Messias, dans cet article publié sur Slate, aborde un phénomène rarement évoqué: comment le traitement réservé aux pères de famille dans la presse -féminine ou généraliste- participe à la perpétuation des inégalités au sein du couple. Alors que les conversations sur la charge mentale se multiplient, comment ne pas remarquer cette tendance? Dans les médias, un père de famille qui change quelques couches ou aide à faire le ménage est très vite porté aux nues. Alors qu’une femme qui accomplit les même tâches, c’est normal. Le journaliste décortique certains des clichés véhiculés dans la presse généraliste et dans celle consacrée à la parentalité. Et se réjouit de l’arrivée d’un titre comme Daron Magazine, tout en espérant -on ne peut juger pour le moment que sur un seul numéro-, qu’il saura se faire plus incisif avec le temps.
À lire le plus rapidement possible sur Slate.
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