Charlotte Dereux et Nicolas Poyet ont lancé Patine, une marque de vêtements eco-friendly et responsable. Interview express de la cofondatrice.
Quand on sait qu’à 14 ans, Charlotte Dereux découpait déjà les séries mode des ELLE et les collectionnait -“un peu l’ancestre de Pinterest!”, lâche-telle-, il n’y a rien d’étonnant à ce que cette Parisienne de 37 ans ait fini par lancer sa propre marque de vêtements: Patine, une marque eco-friendly et responsable aux inspirations nineties.
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Après une école de commerce et un passage au Cours Florent, Charlotte Dereux fait ses débuts professionnels dans le journalisme. Elle devient rédactrice en chef adjointe d’un magazine de mode, Bag (Ndlr: il n’existe plus aujourd’hui), avant de partir s’occuper du digital dans une agence de communication dédiée au luxe. En 2006, elle arrive chez Sarenza, le mastodonte de la vente de chaussures en ligne, et en devient la directrice marketing. C’est là-bas, après plusieurs années, que naît son “envie de créer quelque chose qui [lui] ressemble vraiment”, et qu’elle rencontre celui qui deviendra son associé, Nicolas Poyet, 33 ans. Ce dernier s’occupe alors de l’expérience client sur le Net.
“On va toucher à tout, mais on va y aller petit à petit.”
À deux, ils vont imaginer Patine, “des vêtements feel good prêts-à-porter tout le temps”. Comprendre des essentiels qui vieillissent bien, que ce duo a envie que vous portiez le plus longtemps possible. Ils quittent Sarenza fin novembre 2016 et commencent dans la foulée à travailler sur leur marque. Elle s’occupe de la création et de l’image, lui du e-shop et de la gestion. Les valeurs de Patine? L’utilisation de matières naturelles et recyclées, un impact environnemental faible et un engagement associatif. En somme, “une mode plus responsable”.
En juin dernier, les deux associés, qui ont compté sur leurs propres économies pour monter la boîte, ont fait un pré-lancement avec 3 modèles de t-shirts -deux pour femmes et un pour homme. Durant 30 jours, les clients pouvaient profiter de prix préférentiels -comptez normalement 46 euros pour un t-shirt, un “rapport qualité-prix très bon, assure Charlotte Dereux, compte-tenu du coût de la matière première et de la confection en Europe”. Le premier jour, ils en ont vendu 300. Un succès auquel ils ne s’attendaient pas. L’idée est de proposer “le plus vite possible un deuxième produit, puis un troisième, etc.”. “On va toucher à tout, précise l’entrepreneure, mais on va y aller petit à petit.” Interview express.
C’est quoi Patine?
C’est une marque de mode en ligne qui propose des essentiels, des basiques. On a commencé avec les t-shirts mais l’idée, c’est de proposer au fur et à mesure un vestiaire entier. On veut que nos vêtements soient beaux, réalisés avec les matières les plus naturelles possible et de qualité, pour pouvoir les porter le plus longtemps possible. On avait envie de sensibiliser les gens au fait d’avoir une démarche responsable quand on achète des habits. Dans le même esprit du “bien manger”, il y a le “bien s’habiller”. Le coton de nos t-shirts pousse en Turquie, il est filé en Autriche et ensuite tricoté et confectionné au Portugal. C’est un tissu eco-friendly dans le sens où son empreinte environnementale est faible, ses fibres sont d’excellente qualité et il contient 40% de matières recyclées. Pour chaque vêtement, nous calculons le volume d’eau utilisé, la pollution de l’eau générée et celle de l’air. C’est souvent le transport qui a un impact fort sur les émissions de CO2, c’est pour cette raison qu’on a choisi le coton turc qui est celui qui pousse le plus près de chez nous.
Sur le site de Patine, l’empreinte environnementale est calculée pour chaque vêtement
Le jour où vous vous êtes lancés?
Je pense que c’est le jour où on a trouvé notre nom! Avec Nicolas, on avait pris un jour de congé pour travailler là-dessus, à l’époque, on travaillait encore chez Sarenza. On était allés au restaurant pour déjeuner et on se disait qu’il fallait qu’on fasse des vêtements qui se patinent et d’un coup, on s’est dit que c’était ça notre nom, Patine! On a tout de suite déposé la marque, et on a eu de la chance car elle n’était pas prise.
Le conseil que tu donnerais à quelqu’un qui veut lancer sa boîte?
D’abord, je dirais qu’il faut parler de son idée à un maximum de gens! Au début, on était stressés à l’idée de se faire piquer notre concept mais très vite, on a décidé d’en parler à tout le monde. Il faut arrêter de penser que c’est dangereux, au contraire, plus on a de feedbacks, plus on apprend. Et, chose à laquelle je ne m’attendais pas du tout, plus on parle de son idée, plus on se l’approprie. Il n’y a vraiment que des avantages à exposer son projet! Je conseillerais aussi de communiquer le plus tôt possible. En ligne, personne ne va venir vous voir si vous n’avez pas construit une communauté avant. On a commencé à poster des photos sur Instagram et Facebook dès janvier. C’est indispensable pour avoir un peu de monde le jour du lancement et ça permet durant la construction du projet de se sentir moins seul.e. Au coeur de l’hiver, ça a parfois été dur et quand on reçoit un “J’ai hâte” ou “Ça a l’air super”, ça fait du bien!
Vous vous voyez où dans trois ans?
Peut-être qu’on aura une boutique à nous! Être présent dans des multimarques ne nous intéresse pas, on préfèrerait avoir un lieu à nous qui propose une expérience en lien direct avec le concept et les valeurs de Patine, même si ça coûte évidemment beaucoup d’argent! Je trouve ça super d’avoir la possibilité de toucher les habits. Et j’aimerais que Patine, à terme, soit online et offline.
Propos recueillis par Julia Tissier
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