La journaliste Florence Martin-Kessler a retrouvé les jeunes avocates d’affaires prometteuses que le New York Times avait interviewées il y a douze ans, et les a confrontées à leurs ambitions de l’époque, qui ont été écornées par le plafond de verre.
Le 9 septembre 2001, 21 femmes étaient interviewées par le New York Times sur leur vie de jeunes avocates d’affaires prometteuses au sein du cabinet Debevoise & Plimpton. Carrière, ambition, famille, parité: elles abordaient tous ces thèmes avec l’optimisme des débutantes dans un article intitulé Great Expectations (Ndlr: Les Grandes espérances). Les photos accompagnant les interviews étaient prises lors de leur première journée de travail dans le cabinet.
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Douze ans plus tard, en plein débat sur la possibilité des femmes de “tout avoir”, la journaliste française Florence Martin-Kessler, qui avait été marquée par le papier, a eu l’idée de partir à leur recherche et de les confronter à ce qu’elles avaient alors exprimé dans l’article. “À l’époque, j’habitais à New York et j’avais été touchée par ces témoignages, raconte-t-elle. J’avais 29 ans, soit à peu près le même âge qu’elles, je travaillais alors dans le conseil, et j’ai découpé l’article, qui me parlait beaucoup. Je l’ai relu régulièrement, jusqu’au jour où j’ai googlé une des femmes par curiosité. Elle habitait à Paris, on s’est rencontrées, et j’ai décidé de toutes les retrouver.”
“Ces femmes riches et puissantes sont elles aussi confrontées au plafond de verre et aux inégalités.”
Une fois les contacts pris, Florence Martin-Kessler propose son sujet au New York Times, qui lui achète le film et héberge le tournage dans ses locaux. En 2013, elles sont cinq quadras (ou presque) à témoigner à nouveau face à la caméra et à se confronter à leurs attentes de l’époque.
Le résultat est assez juste, car nuancé: toutes ces femmes ont réussi (il faut dire qu’elles étaient bien parties) même si elles ont toutes été confrontées à des choix de vie et des décisions à prendre qu’elles n’avaient pas toujours envisagées. Certaines ont tenu le cap qu’elles s’étaient fixé, d’autres ont bifurqué. Toutes ont essayé de concilier carrière et choix personnels. “Je trouvais intéressant de donner la parole à ces femmes riches et puissantes, dont le statut social ne représente absolument pas la majorité des femmes, et qui pourtant, sont elles aussi confrontées au plafond de verre et aux inégalités, explique Florence Martin-Kessler. Plus jeunes, elles pensaient que le féminisme ne les concernait pas, qu’elles arriveraient à surmonter les obstacles, mais elles se sont rendu compte que ce n’était pas si simple. Le reportage du journal a été fait il y a douze ans, et je constate que rien n’a vraiment changé. Aujourd’hui, alors que les femmes sont plus nombreuses à être diplômées en droit, on ne compte toujours que 4% d’entre elles à la tête d’un cabinet d’avocats aux États-Unis.”
M.L.
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