Les municipales 2014 sont pour elles l’occasion de passer en première ligne. Qu’elles soient têtes de liste ou dans la garde rapprochée de candidats d’envergure, elles nous dévoilent les coulisses de leur campagne.
À l’Hôtel de ville de Paris, on connaît bien Myriam El Khomri, adjointe à la prévention et la sécurité depuis 2011 -elle a été élue en 2008- après avoir été chargée de mission lors du premier mandat de Bertrand Delanoë, le maire socialiste sortant.
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À 36 ans, l’élue du 18ème arrondissement fait partie des proches de la candidate Anne Hidalgo, qui porte les couleurs du Parti socialiste (PS) et l’a nommée porte-parole de sa campagne dès mai 2013.“C’est un grand bonheur de travailler avec elle, tout comme ça l’a été de travailler avec Bertrand Delanoë, glisse-t-elle. Il m’a fait suffisamment confiance pour me nommer dans une délégation très masculine, d’une autre génération. Il a été le premier à casser les caricatures et la vie politique lui doit beaucoup pour ça.”
“Il faut que les Parisiens se mobilisent, ce sont eux qui vont décider.”
Anne Hidalgo, qui brigue sa succession, devrait garder le même cap: “Elle m’a choisie comme porte-parole alors que j’étais enceinte de cinq mois, car elle sait que l’équilibre entre la vie familiale et la carrière est très importante, elle-même a essuyé les plâtres.”
À deux semaines du premier tour, Myriam El Khomri reconnaît qu’elle a beaucoup appris pendant la campagne et ne veut surtout pas qu’on donne son équipe gagnante avant que les Parisiens aient voté: “Il faut qu’ils se mobilisent, ce sont eux qui vont décider.”
Ton premier meeting?
C’était le 27 mai dernier au Bataclan, à l’occasion de l’investiture d’Anne Hidalgo. J’ai animé le meeting avec Bruno Julliard, qui est également porte-parole, et ça s’est bien passé.
Ta première promesse de campagne?
Elle concerne le logement, une priorité pour les Parisiens. La problématique du logement est complexe: il y a d’abord une volonté de faire progresser la proportion de logement social, que nous aimerions voir passer à 30% d’ici 2030. Mais la question des bureaux vacants à réaménager en logements est, elle aussi, essentielle, tout comme la problématique de l’insalubrité. On sait que le Grand Paris sera une des clés de la réussite: désormais, il faut réfléchir à ces enjeux à cette échelle.
Ton premier discours?
Celui qui m’a marquée est celui que j’ai prononcé au moment où j’ai annoncé que je ne me présentais pas comme tête de liste dans le 18ème arrondissement. La question se posait, et j’ai décidé de laisser Éric Lejoindre, l’actuel premier adjoint de Daniel Vaillant et son successeur naturel, se présenter: les conditions n’étaient pas remplies pour que ma candidature crée le rassemblement. Quand on fait de la politique, on est une équipe et il faut savoir penser collectif avant tout.
“La proximité qui peut exister en province est compliquée à entretenir dans une ville comme Paris.”
Ton premier porte-à-porte?
J’en fais depuis longtemps, mais ce que j’ai découvert pendant cette campagne, c’est le pied d’immeuble. À Paris, la densité est telle qu’il est impossible d’entrer en contact avec tout le monde, surtout dans le 18ème où il y a 205 000 habitants. Du coup, on passe dans les immeubles pour donner rendez-vous deux jours plus tard à ceux qui le souhaitent, et les discussions y sont généralement très intéressantes. On touche les personnes qui n’aiment pas qu’on vienne directement chez elles, tout en gardant une dimension de réelle proximité, qui peut exister en province mais qui est compliquée à entretenir dans une ville comme Paris.
Ton premier marché?
C’était dans le 18ème, où je vais très souvent au marché, que ce soit celui de la porte Montmartre, de la rue Ordener ou au marché de l’Olive à La Chapelle. En dehors d’être des lieux de rencontre incontournables, les marchés sont un vrai symbole du “vivre à la française”, ils sont une vitrine de Paris et contribuent à son attractivité.
Ta première déconvenue?
Ce n’est pas une déconvenue car c’était ma décision, mais le fait de ne pas me présenter dans le 18ème a bien sûr été un moment important de cette campagne pour moi.
“Avant, je refusais beaucoup d’interviews car on avait tendance à systématiquement m’interroger sur la diversité.”
Ta première interview?
J’ai régulièrement répondu à des questions sur la sécurité -qui est ma spécialité- et j’ai aussi donné une interview au Parisien pour expliquer les raisons de ma non-candidature dans le 18ème. J’ai découvert le métier de journaliste pendant cette campagne où j’ai beaucoup côtoyé la presse. Avant, je refusais la plupart des interviews car on avait tendance à systématiquement m’interroger sur la diversité, de façon assez misérabiliste et cliché. Oui, je suis née au Maroc et j’y ai passé une partie de mon enfance, mais je suis aussi à moitié bretonne, et surtout je préfère parler de mes dossiers que de moi-même.
Ton premier tweet de campagne?
Ça devait être sur Anne Hidalgo, car, n’aimant pas parler de moi-même, j’ai du mal à raconter tout ce qui me passe par la tête sur Twitter. C’est un outil que j’apprends encore à utiliser, mais que j’aime avant tout pour rendre compte du travail des militants. En plus, 140 signes, c’est un défi quotidien pour moi qui veux toujours tout expliquer (rires).
Ta première photo officielle?
C’était en juin dernier avec Bruno Julliard, sur les berges de Seine. J’ai compris à quel point c’était un métier: entre la mèche de cheveux qui s’envole et le fait qu’on bouge beaucoup, je salue la patience et le professionnalisme des photographes. Ensuite, je ne m’aime pas sur les photos mais c’est une autre histoire… En plus, l’été dernier j’étais enceinte, donc ce n’est pas la période où l’on se trouve particulièrement fine!
Tes premiers pas en politique?
J’ai toujours été de gauche et j’ai toujours été déléguée de classe. En quatrième déjà, j’étais membre du Conseil général des jeunes de Gironde. Mais mon adhésion au Parti socialiste date de mai 2002, juste après le 21 avril, qui a été un choc. Là, j’ai décidé de m’engager de façon durable.
“Ma grand-mère, au Maroc, a accroché une photo de moi avec François Hollande dans son salon. Elle est hyper fière.”
Premier ou deuxième tour?
Les deux. Le premier tour est très important parce que c’est lui qui donne la dynamique, ainsi que le rapport de force avec les autres partis de la gauche plurielle, notamment les Verts. Et puis, il faut que les Parisiens viennent voter dès le premier tour, notre objectif est de lutter contre l’abstention.
Ton/ta premier(e) fan?
Mes potes, qui n’ont rien à voir avec la vie politique mais qui m’ont toujours dit que j’étais faite pour ça. Et ma grand-mère au Maroc, qui a accroché une photo de moi avec François Hollande dans son salon. Elle est hyper fière.
Premier mandat d’une longue série?
Si Anne Hidalgo est élue, j’aurai 42 ans à la fin de son mandat. Si je veux retourner sur le marché de l’emploi, il ne faudra pas attendre plus longtemps. J’y réfléchis car je ne veux pas dépendre de la vie politique ni de mon homme. En même temps, quand on est élu, c’est très difficile de s’arrêter, car la politique est une passion. La mairie est un très beau mandat: on a l’impression qu’on fait des petites choses qui contribuent à changer la ville.
Propos recueillis par Myriam Levain
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