Dans le cadre de sa tournée de promotion pour son livre Becoming, l’ancienne première dame américaine était hier de passage à Paris. L’occasion de découvrir en live celle qui, depuis 2008, est devenue une véritable icône d’empowerment.
“J’ai trop hâte de la voir en vrai, de l’entendre, de partager un moment avec elle.” 19 heures, esplanade de l’Accorhotels Arena. Ce soir, ce n’est ni une pop star, ni un match de basket All-Star qui attire les foules, mais Michelle Obama, ancienne première dame américaine. Depuis la sortie de ses mémoires, parues en France en novembre dernier, Michelle Obama enchaîne les conférences à travers le monde. Devant son public, elle évoque les différentes étapes de sa vie qui l’ont mené à devenir celle qu’elle est aujourd’hui. De son enfance à ses difficultés à enfanter en passant par sa découverte des rouages de la politique aux côtés de son époux Barack Obama, l’ancienne première dame se livre à cœur ouvert.
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Pour Mounia, puéricultrice de 32 ans, qui fut parmi les premières à acheter son livre, puis une place pour la conférence de ce soir, l’émotion est grande. “Je l’admire tellement, me confie-t-elle en attendant ses ami·e·s. Je compte les jours depuis des mois, j’ai relu son livre pour la troisième fois la semaine dernière. Je suis sûre que c’est l’un des jours les plus importants de ma vie.” Comme elle, beaucoup des spectateur·rices entendu·es à la volée dans les gradins semblent considérer la First Lady comme une sorte de guide, un mentor. Ce n’est pas mon cas. Je n’ai d’ailleurs pas lu son livre. Mais je dois avouer qu’à mesure que l’heure fatidique approche, j’éprouve moi aussi une certaine impatience et curiosité à l’idée de voir débarquer à quelques mètres de moi l’une des femmes les plus influentes du monde.
© Audrey Renault
Un show à l’américaine
Autour de moi, la salle se remplit lentement, mais sûrement. À 20 heures, il n’y a plus un siège de libre. Je note une majorité de femmes. Beaucoup sont venues entre amies ou en famille. Dans les couloirs, quelques minutes avant le début de la conférence, je croise toute une bande de cousines. “Nous vivons toutes aux quatre coins de la France et ce soir, c’est l’occasion de nous retrouver autour de Michelle, une femme qu’on admire beaucoup, m’explique Aline, porte-parole bon gré mal gré du groupe. Certaines sont féministes revendiquées, d’autres de simples fans, mais nous voulions toutes assister à sa conférence, c’est l’occasion de voir une femme de pouvoir. Il n’y en a pas tant que ça.” En attendant la femme de pouvoir, nous patientons aux sons de grandes figures de la pop, et de l’afro féminisme: Janet Jackson, Beyoncé, Diana Ross…
Tout est mis en œuvre pour nous rappeler ce que l’on sait déjà: Michelle Obama est cool, Michelle Obama est influente, Michelle Obama est inspirante.
Alors que le public commence à trouver le temps long, une vidéo -puis deux, puis trois- à la gloire de Michelle Obama est projetée sur les écrans géants installés de chaque côté de la scène. Ses passages dans les émissions de Stephen Colbert, Ellen Degeneres ou Jimmy Fallon, son mannequin challenge aux côtés du basketteur Lebron James, des photos d’enfance ou de ses missions humanitaires, le tout entrecoupés d’interviews d’élèves de son ancien lycée la citant comme source d’inspiration, tout est mis en œuvre pour nous rappeler ce que l’on sait déjà: Michelle Obama est cool, Michelle Obama est influente, Michelle Obama est inspirante. On flirte avec un culte de la personnalité tendance gourou, mais le storytelling façon rêve américain et empowerment est efficace. Rien d’étonnant quand on sait que sa tournée est mise en scène par Live Nation, groupe qui produit notamment les concerts de Madonna, Coldplay ou Lady Gaga.
Une salle conquise
Aux alentours de 20h40, Michelle Obama fait son entrée. Sous les applaudissements et les vivats. Accueillie par la journaliste britannique Isha Sesay, qui jouera le rôle d’intervieweuse, l’ex-First Lady commence par une pensée émue pour Notre-Dame de Paris, avant d’évoquer son enfance parmi la classe ouvrière de Chicago et sa découverte des inégalités et des privilèges à son arrivée à la prestigieuse université de Princeton: “Pour la première fois, j’ai réalisé qu’une minorité de personnes détenaient un pouvoir politique, financier, culturel immense, et qu’elles n’avaient absolument pas l’intention de le partager”, déclare celle qui, si elle admet faire aujourd’hui partie de cette élite, entend redistribuer au plus grand nombre, en particulier aux futures générations.
© Audrey Renault
À chaque punchline inspirante, salve d’applaudissements et cris de soutien retentissent dans la salle où le public boit ses paroles. Il faut dire que Michelle Obama sait y faire. Charismatique, elle joue avec son audience, alternant l’émotion, en évoquant la mort de son père, attendrissement façon comédie romantique lorsqu’elle raconte sa rencontre avec Barack Obama, ou pure comédie, à l’image de son récit de la passation de pouvoir entre son mari et Donald Trump. “Malia et Sasha (Ndlr: ses filles de 20 et 17 ans), m’avaient suppliée de les laisser organiser une dernière soirée pyjama avec tous leurs ami·e·s. Résultat, le lendemain matin j’avais toute une troupe d’ados emmitouflé·e·s dans des plaids, les yeux ensommeillés devant leurs bols de céréales, alors que les Trump arrivaient pour prendre possession des lieux. J’ai dû mettre tout le monde dehors par la porte d’arrière et filer à toute allure accueillir le nouveau président et son épouse sur le perron de la Maison Blanche”, se remémore-t-elle devant une salle hilare.
Un message d’empowerment
© Audrey Renault
Si elle évoque beaucoup de souvenirs de sa vie à la Maison Blanche, Michelle Obama raconte surtout son parcours semé d’embûches, et la façon dont elle fit face toute sa vie, et d’autant plus une fois femme de présidente, au racisme et au sexisme: “Je savais qu’en tant que première First lady noire je n’aurais pas droit au bénéfice du doute.” Soucieuse de promouvoir l’égalité hommes-femmes et d’inculquer chez ses spectatrices un sentiment d’empowerment, Michelle Obama n’aura de cesse de marteler que jamais une femme ne doit laisser la société lui dicter ses choix et nier ses ambitions. “La société passe son temps à essayer de réduire les filles au silence. Il est de notre devoir de dire aux petites filles qu’elles ont leur place dans ce monde au même titre que les garçons. Les filles aussi veulent jouer au foot, prendre part aux débats, arriver les premières à une course. Nous devons entretenir chez elles l’esprit de compétition, la confiance en soi et ce feu que nous chérissons chez les garçons.” Un message visiblement bien reçu par une petite fille d’une dizaine d’année qui, à la sortie, déclare à sa mère -qui a sans doute dû lui traduire l’intégralité de la conférence- vouloir devenir présidente de la république “pour faire encore mieux que Michelle Obama.”
Audrey Renault
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