Passée du monde de la mode à celui de la food, Adélaïde Potherat propose les services d’un traiteur nouvelle génération.
Si vous êtes allés à la présentation presse de Paul Andrew chez Colette pendant la dernière Fashion week, vous avez sans doute eu la chance de goûter à ses sablés en forme d’escarpins. Adélaïde Potherat, 38 ans, est spécialiste des buffets “lookés”, une façon de faire fusionner ses deux passions: la cuisine et la mode. En effet, après avoir travaillé quinze ans pour l’industrie de la mode, la jeune femme a décidé de tout plaquer en 2013 pour se former à la food, un rêve d’ado jamais exaucé. “Quand j’avais quinze ans, la cuisine n’était pas du tout aussi bien vue qu’aujourd’hui et je n’ai pas eu le courage de me lancer.” C’est désormais chose faite puisqu’après avoir obtenu un CAP cuisine en candidat libre -merci les cours du soir- ainsi qu’un CAP pâtisserie dans la prestigieuse école Ferrandi, Adélaïde Potherat a inventé son job de “traiteur de l’éphémère” et créé sa société Menue, dont l’une des grandes particularités est de ne faire bosser quasiment que des femmes.
“Quand je me suis retrouvée à chercher mes premiers jobs dans le milieu de la cuisine, à 35 ans passés, j’ai réalisé que c’était un monde très masculin, voire misogyne.”
“Menue, c’est un clin d’œil à la carte des restaurants, déclinée de façon féminine.” Pourquoi cette volonté de s’entourer d’une team de “menuettes”, comme elle les appelle? “Quand je me suis retrouvée à chercher mes premiers jobs dans le milieu, à 35 ans passés, j’ai réalisé que c’était un monde très masculin, voire misogyne, et j’ai eu envie de mettre en avant les femmes, et surtout de proposer, en plus d’une cuisine inventive, un service moderne, original et stylé.” Avant d’avoir ses t-shirts estampillés Menue, Adélaïde Potherat s’était choisi un dress code pour ses prestations de traiteur: “Chemise en jean, et inspiration fifties, car je suis une grande fan de vintage depuis toujours.” Aujourd’hui, cela fait deux ans que Menue existe, et Adélaïde Potherat confie ne pas regretter ce changement de vie, même si en un an, elle est n’a pris qu’une semaine de vacances. En parfaite hyperactive, elle répond à notre interview workaholic.
À quand remontent les premiers symptômes de ton workaholisme?
Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été une hyperactive, même quand j’étais gamine. Dans mes jobs d’avant, on me disait souvent que j’étais surinvestie, je crois que j’ai toujours bossé comme une dingue. Et depuis que j’ai lancé Menue, c’est 24/24h, 7 jours sur 7. Forcément, je cumule tous les postes puisque je crée ma boîte, et du coup je n’arrête jamais.
La fois où tu as frôlé le burn out?
L’hiver dernier, j’ai connu un moment compliqué. Pour le dire sobrement, j’ai eu un enchevêtrement de circonstances désastreuses au niveau perso et au niveau pro, et j’ai bien cru que j’allais me retrouver sans appart et sans boulot. Heureusement, j’ai toujours su rebondir, et grâce au soutien de mes proches et à la demande croissante de mes clients, j’ai tenu le coup. Je me suis dit que je ne pouvais pas tout lâcher après deux ans d’efforts.
“Une bonne fiesta de temps en temps pour relâcher, c’est mon remède beauté à moi!”
Ton truc pour avoir de l’endurance?
Je suis tombée dans la potion magique quand j’étais petite. (Rires.) Je crois que j’ai tendance à naturellement tirer sur la corde, et c’est comme ça que je tiens. Et une bonne fiesta de temps en temps pour relâcher, c’est mon remède beauté à moi!
Quels sont les effets secondaires désagréables?
Il peut m’arriver d’être rattrapée par la fatigue physique et d’avoir un gros coup de pompe. Et puis ce n’est pas toujours facile de rester des mois sans vie sociale. Mes parenthèses, ce sont les prestations pour mes clients, des moments où je savoure tout le travail accompli en amont.
La dernière fois que tu as fait une nuit blanche?
C’était pendant la Fashion week de septembre dernier, où je bossais pour une marque. J’avais sous-estimé la complexité des biscuits que je devais faire et qui rappelaient un motif de la collection. J’ai fini par y passer la nuit.
“La seule fois où j’ai essayé la detox, je n’ai pas dormi pendant quatre jours car je me sentais mal.”
Ton anti-stress le plus efficace?
Un câlin de mon mec. Et aussi un bon trait d’humour, rire me fait toujours déstresser.
Ta façon d’appréhender la détox?
Ça n’existe pas chez moi, je suis en surtox permanente. J’aime la bonne bouffe, le bon vin, le tabac, le sexe et la fête jusqu’au petit matin, le tout en claquant un max pour des fringues! La seule fois où j’ai essayé la detox, je n’ai pas dormi pendant quatre jours car je me sentais mal.
“J’ai envie d’élargir la gamme de mon activité et de trouver des nouveaux concepts food.”
À long terme, envisages-tu de décrocher?
Pas du tout. Je suis à un moment où ma société se développe et j’ai au contraire envie d’élargir la gamme de mon activité et de trouver des nouveaux concepts food.
Qu’est-ce qui te ferait arrêter?
Rien ni personne ne m’arrêtera, sauf peut-être une catastrophe naturelle.
Propos recueillis par Myriam Levain