À 32 ans, Mathilde Piton est l’auteure du Guide Vert de Boston et ses environs et elle a monté son entreprise de visites dans la ville en français. Un tourisme qui ne connaît pas la crise.
Mathilde Piton pourrait être une voix de sa génération, pour paraphraser Hannah Horvath dans la série Girls. Cette trentenaire, qui en paraît à peine 25, a pris une grande décision il y a cinq ans: en CDI dans un métier qu’elle aimait, l’édition de livres de cuisine, elle a décidé de tout arrêter pour suivre son compagnon à Boston. “Je me suis dit qu’à mon âge, je ne pouvais pas me laisser enfermer dans un CDI”, raconte-t-elle aujourd’hui. Née à Valenciennes, elle vit à l’époque à Paris, quand l’essentiel de sa famille est à Montpellier. Certes, elle a envie d’aventures -elle a passé un an à Bologne en Italie pendant ses études-, mais en partant, elle n’est pas épargnée par les doutes. “Je n’avais jamais été aux États-Unis avant”, se souvient-elle.
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“C’était la première fois que je venais aux États-Unis, en posant le pied à Boston, ce fut un choc culturel.”
Après quelques semaines de vertige, et dans l’attente d’un visa de travail qu’elle obtiendra en tant qu’accompagnante de chercheur, Mathilde ouvre son blog très complet, Boston, le nez en l’air. Rapidement, ses lectrices et lecteurs lui demandent si elle propose des visites, ce qui lui donne l’idée de lancer petit à petit son activité. Aujourd’hui, elle est à la tête de sa société et vient d’embaucher une autre guide à temps partiel. Avec une vraie pédagogie, Mathilde -qui n’oublie jamais les prénoms de ceux qu’elle guide- abreuve ses clients d’informations historiques, d’anecdotes passionnantes sur l’architecture, les symboles de la ville, ou d’illustres personnages. La jeune femme offre ainsi une grille de lecture originale de cette métropole de la côte Est américaine, très différente de sa tumultueuse voisine New York, mais tout aussi sexy. Interview.
Pourquoi Boston?
Mon compagnon est chercheur et a obtenu un contrat de deux ans. Je savais qu’en le suivant, je pourrais travailler. J’ai eu peur de tout quitter. Finalement, nous sommes installés ici depuis déjà quatre ans.
Le truc local auquel tu as eu le plus de mal à t’habituer?
Comme c’était la première fois que je venais aux États-Unis, en posant le pied à Boston, ce fut un choc culturel. Comme toute personne qui change de pays, j’ai perdu mes marques et les six premiers mois, j’étais déphasée. Pendant longtemps, je me suis sentie en vacances perpétuelles. Se faire des amis et avoir une vie sociale prend beaucoup de temps.
Celui dont tu ne peux plus te défaire?
Avant de faire l’interview (Ndlr: via Skype), j’ai pris mon vélo pour me prendre un café et un bagel. J’y suis allée en tongs, en short, et en sweat. Ce côté relax me manquera si nous partons. À Paris, tu fais toujours attention à ton look, d’ailleurs en France, je ne serais jamais allée nulle part en tenue de yoga. Ici, je peux la mettre dès 8 heures du matin, même si le cours n’est prévu qu’à 17 heures.
Mathilde Piton, DR
Le jour où tu t’es sentie chez toi à Boston?
Peut-être quand j’ai suivi une formation de prof de yoga: je me suis fait un groupe de copines, c’était la première fois que je me suis sentie vraiment bien et que je me suis dit “c’est vraiment cool”. Maintenant, dès que je reviens d’un voyage, je me sens chez moi à Boston.
Ton plat préféré?
C’est de la bouffe de bar, très grasse, et qui peut paraître écœurante, mais que j’adore: les “pulled pork” ou effiloché de porc braisé. Il y a des chips avec, par-dessus, des haricots noirs en purée, du guacamole, du fromage fondu et les fameux “pulled pork”. C’est de la totale junk food, et c’est tout un art pour les réussir.
Ce qui te manque le plus de la France?
Un bon ciné. Ici, il y a des cinémas art et essai, mais ils n’ont à l’affiche que de vieux films américains, pas d’œuvres européennes. En France, j’avais l’impression de voir plus de choses, la culture est beaucoup plus accessible. Lorsque je reviens, j’aime bien aller dans une librairie et écouter les émissions de France Inter.
Mon carnet d’adresses
Back Bar © 2FatKids
Mon boui-boui:
Il s’agit de Cornwall’s à Kenmore où manger les fameux “pulled pork”.
Mon bar chic:
Un bar chic, ce serait le Back Bar pour les bons cocktails à Union square, à Sommerville, dans la périphérie de Boston. C’est accessible en métro. C’est très créatif, il a un côté speakeasy, un peu caché. Tu ne vois pas le nom du bar, et tu y accèdes du fond d’un parking, au bout d’un couloir qui ne paie pas de mine.
La visite que tu recommanderais à tout le monde?
Celle que je fais! C’est une visite classique des quartiers historiques et centraux de Boston, on passe par différentes ambiances, de Back Bay où les gens vivent et travaillent aux quartiers plus privilégiés comme le quartier de Beacon Hill. Nous terminons par le côté touristique avec les bâtiments emblématiques de l’histoire de Boston. Cela permet d’avoir un aperçu des trois aspects de Boston, plus ou moins bruyants. Ou bien pour les amateurs de gastronomie, je propose aussi une visite orientée food. On découvre, entre autres, des pâtisseries pendant deux heures.
Propos recueillis par Charlotte Lazimi
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