Marlène Schiappa est la référente égalité femmes-hommes d’Emmanuel Macron. Elle nous explique les grandes lignes de son programme en faveur des femmes.
Chez Cheek, on connaît bien Marlène Schiappa, la référente égalité femmes-hommes d’Emmanuel Macron. Cette militante féministe se bat depuis des années pour l’équilibre vie professionnelle-vie personnelle des femmes via son réseau Maman Travaille. À 34 ans, elle a deux filles, dont l’aînée a dix ans, ce qui lui a permis d’être sensibilisée très jeune aux inégalités dans le monde du travail, souvent liées à la maternité. Élue à la mairie du Mans, et auteure de nombreux ouvrages sur le sexisme -le plus récent portait sur la culture du viol-, elle fait partie des soutiens de la première heure d’En Marche!, mouvement au sein duquel elle défend ardemment les droits des femmes. On lui a posé quelques questions entre les deux tours de l’élection présidentielle.
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Si Emmanuel Macron est élu président de la république, quelle sera sa première mesure en direction des femmes?
Plus qu’une mesure, si Emmanuel Macron est élu, il fera de l’égalité femmes-hommes une grande cause nationale pour le quinquennat. Cela signifie que ce sujet deviendra une priorité, et que des objectifs chiffrés seront fixés dans tous les ministères avec des feuilles de route précises. Cela signifie surtout que dans cinq ans, il faudra que les inégalités salariales, aujourd’hui estimées entre 10 et 15%, ou le nombre de viols, estimés à 83000, aient baissé.
“Emmanuel Macron souhaite ouvrir la PMA à toutes les femmes, qu’elles soient hétérosexuelles, lesbiennes, en couple ou célibataires.”
En cas de victoire, Emmanuel Macron va-t-il réellement instaurer la parité au sein de son gouvernement et nommer une femme première ministre?
La parité a toujours été une évidence pour Emmanuel Macron, qui entend non seulement nommer un gouvernement paritaire mais aussi des équipes le plus paritaires possibles dans les cabinets ministériels et à l’Élysée. Pour les législatives, il a fait un appel à candidatures aux femmes, qui n’étaient que 15% à se présenter pour En Marche!, grâce auquel on va pouvoir finalement présenter 50% de femmes, et ce, dans des circonscriptions gagnables. Je rappelle que pour l’instant, il y a 26% de députées à l’Assemblée nationale donc on est très loin de la parité. Quant à nommer une femme première ministre, c’est une question qui lui a été posée le 8 mars dernier et à laquelle il a répondu qu’il aimerait beaucoup le faire, mais il y a d’autres paramètres en jeu, comme l’expérience et la couleur politique, qui pèseraient dans ce choix.
Y aurait-il un ministère des droits des femmes au sein de son gouvernement?
Bien sûr. Si l’égalité femmes-hommes est une grande cause quinquennale, il va falloir des moyens pour la mettre en œuvre et des équipes qui devront rendre des comptes. Par ailleurs, la présence d’un tel ministère est une demande forte des associations et de la société civile.
Quelle est la position d’Emmanuel Macron sur la Procréation médicalement assistée (PMA)?
Élargir l’accès à la PMA est un de ses engagements de longue date, qui avait été pris par François Hollande et n’a pas été tenu. Après consultation du comité national d’éthique, Emmanuel Macron souhaite l’ouvrir à toutes les femmes, qu’elles soient hétérosexuelles, lesbiennes, en couple ou célibataires; il veut aussi lutter contre l’inégalité financière qui, aujourd’hui, ne la rend accessible qu’aux femmes les plus aisées ayant le budget pour voyager dans les pays où elle est autorisée. La question de la légalisation de la vitrification des ovocytes n’est pas encore tranchée, même si, en tant que progressiste, il est ouvert à ce débat de société.
“L’émancipation, c’est permettre à chacune de faire les choix qu’elle veut, comme si elle était un homme, ni plus ni moins.”
L’égalité passe aussi par la lutte contre la précarité, quelles seraient les mesures d’Emmanuel Macron pour sécuriser la place des femmes dans les entreprises?
Son programme, qui est très caricaturé, est de libérer l’économie en ouvrant plus de droits. Par exemple, sa mesure ouvrant les droits au chômage aux démissionnaires profiteraient aux femmes, qui sont plus nombreuses à poser leur démission. Concernant le congé maternité, il propose une mesure qui me tient particulièrement à cœur: le congé maternité unique, qui serait le même pour toutes, qu’on soit salariée, auto-entrepreneure, intermittente du spectacle ou professions libérales. J’ai vu trop de femmes décrocher parce qu’elles galéraient pour avoir un congé maternité suffisant, et qui perdaient en autonomie financière à cette étape de leur vie.
Si Emmanuel Macron est élu, les choses vont-elles changer pour les femmes au cours du prochain quinquennat?
Oui, et je m’impliquerai le plus possible pour faire le lien entre les femmes et le futur président. Emmanuel Macron a envie d’apporter des solutions sur ces sujets, il écoute toutes les femmes, et comme moi, il est convaincu que l’émancipation, c’est permettre à chacune de faire les choix qu’elle veut, comme si elle était un homme, ni plus ni moins. C’est à dire pouvoir sortir dans la rue à 3h du matin si elle en a envie, avoir accès à l’IVG ou se rendre à la fac avec son voile. On peut arriver faire bouger les choses, car un travail énorme a été fait au niveau législatif au cours du précédent quinquennat: il faut maintenant le mettre en œuvre pour que les femmes ne soient pas seulement protégées en droit mais pour que leur vie change réellement. Quand je vois ce qu’Emmanuel Macron a fait en un an à l’échelle de son mouvement grâce à sa volonté politique, je ne doute pas qu’il en fera beaucoup une fois élu président.
Propos recueillis par Myriam Levain
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