Marine Le Pen a choisi l’angle de sa campagne: les femmes. Et pour ce faire, elle a décidé de les cibler et de jouer sur les soi-disant particularités de sa “féminité”. Elle proclame donc qu’elle est “une femme” et “une mère”, à la fois dans son clip de campagne et dans son tract, qui est un mauvais mix de revue people et de magazine féminin. Sa démarche? Se présenter comme femme, car selon elle, “qui mieux qu’une femme pour comprendre les femmes”, écrit-elle. Et c’est là que le bât blesse.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Une autre obsession du FN et de l’extrême droite: renvoyer les femmes à la maison, en les payant pour ne pas travailler.
Depuis sa première candidature à l’élection présidentielle en 2012, elle tente de jouer la carte “femme”. Mais son programme est ou a été à l’opposé de cette affirmation. D’abord, parce qu’elle défend une idée rétrograde de la femme attachée au foyer et à ses enfants. En 2012, elle dénonçait un “avortement de confort” et souhaitait le “dérembourser”. Si elle fait machine arrière sur cette question, c’est plus par stratégie politicienne, pour se distinguer de sa nièce. Une autre obsession du FN et de l’extrême droite: renvoyer les femmes à la maison, en les payant pour ne pas travailler. L’idée est simple: cela libérerait des postes si les femmes quittaient leurs fonctions. Une idée aussi stupide que simpliste. Rappelons que les femmes ont toujours travaillé dans la société, même si leur travail n’était pas reconnu. Si le fait d’être une femme compte autant pour Marine Le Pen aujourd’hui, c’est parce qu’elle se veut le rempart de “l’islamisme”, qui menacerait la liberté des femmes. Mais qu’on ne s’y trompe pas, la vision que propose Marine Le Pen est rétrograde. Si elle est candidate et présidente du FN, c’est uniquement parce qu’elle est la fille de son père. C’est l’une des bizarreries de l’extrême droite. On y trouve beaucoup de femmes, mais elles ne sont présentes que par népotisme.
Le paradoxe du tract de Marine Le Pen, c’est qu’elle tente de mettre en avant sa féminité, à travers un pastiche de journal féminin. Une anomalie: elle se présente comme “député et leader” et non “députée”. Pour celle qui se présente comme LA femme politique par excellence, c’est un peu court. Idem, elle considère qu’être une femme dans le monde politique est “un atout et non un handicap”. Peut-être parce que son expérience se résume à un coup d’état de son père dans son parti, qui l’avait imposée comme vice-présidente contestée à l’époque. La présence de sa nièce n’est qu’un autre exemple d’une famille dynastique qui veut prendre le pouvoir mais n’a aucun respect pour la démocratie. Rappelons que Marine Le Pen est contre la parité. Car selon elle, il n’y aurait pas de femmes qui souhaiteraient se lancer en politique. Leur vie familiale et personnelle ne serait pas compatible avec les responsabilités… Et aujourd’hui, elle se pose en exemple de la conciliation vie professionnelle/ vie personnelle. Plus c’est gros, plus ça passe.
La présence de Marine Le Pen comme candidate à l’élection présidentielle éligible n’est pas “la victoire du féminisme”.
Contrairement à ce que disait Elisabeth Badinter sur France Inter cette semaine, la présence de Marine Le Pen comme candidate à l’élection présidentielle éligible n’est pas “la victoire du féminisme”. Au contraire, elle représente ce que le féminisme a toujours combattu: une vision partielle de la femme et de la féminité et des droits bafoués. Toutes les femmes ne sont pas féministes. Les femmes Le Pen en sont un exemple probant. Le combat pour la lutte contre les violences faites aux femmes, les discriminations dans le monde du travail n’ont jamais été aussi prégnantes. Quant à l’extrême droite, ne nous leurrons pas, il ne suffit pas de porter les apparats d’une soi-disant “féminité” pour défendre et protéger les droits des femmes. Ici, le loup s’habille juste en agneau pour mieux dévorer (notamment) ses électrices, une fois arrivé au pouvoir.
{"type":"Banniere-Basse"}