Judith et Maud Pouzin lancent Manifeste011, un label de vêtements véganes et respectueux de l’environnement et des droits humains dans leur fabrication.
Judith et Maud Pouzin, 34 ans, sont jumelles, végétariennes “en transition vers le véganisme”, engagées et entrepreneures dans l’âme. C’est pour cette raison qu’elles lancent Manifeste011, un magasin de mode végane et responsable. Afin de convaincre les banques de leur accorder le prêt dont elles auront besoin pour se lancer définitivement, les deux jeunes femmes ont mis en place une campagne Ulule voilà un peu plus de deux semaines. Un moyen simple de se faire connaître, mais aussi de consolider une communauté autour de leur entreprise.
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Car si Judith Pouzin a été responsable commerciale pour de grandes boîtes, elle sait depuis son master en entrepreneuriat à l’EDHEC qu’un jour elle montera son propre projet. Quant à Maud Pouzin, bien vite après ses études à Sciences Po Rennes et son master en communication, elle s’est lancée comme attachée de presse musicale free lance. Les deux sœurs s’intéressent à la mode, mais le visionnage du documentaire The True Cost leur fait réaliser que, non seulement cette industrie est la deuxième plus polluante au monde, mais qu’elle est aussi néfaste pour les droits humains –l’effondrement du Rana Plaza, au Bangladesh, en a probablement été l’exemple le plus frappant de ces dernières années.
“Ce sont des problématiques qui nous touchent, et on avait envie de faire bouger les choses, d’agir à notre niveau”, explique Maud Pouzin. Les deux jumelles s’associent donc pour allier la mode avec leur transition vers le véganisme et leur engagement citoyen. “On a constaté qu’il existait plusieurs initiatives de ce genre à Los Angeles, en Allemagne ou encore au Danemark, mais qu’il n’y avait encore rien en France”, renchérit Judith Pouzin. Elles pensent alors le concept de Manifeste011, une boutique à la fois réelle et en ligne qui prête attention à ce que les vêtements soient adaptés aux véganes et qui respecte l’environnement et les droits humains lors de leur production. Le nom lui-même est porteur de sens: “Manifeste, c’est en référence à l’anti-fashion manifesto de Lidewij Edelkoort, une papesse de la mode qui y dénonçait les travers de l’industrie, explique Maud Pouzin. O, c’est parce que c’est un début, et 11, c’est un clin d’oeil à la vegan society qui a déclaré le mois de novembre mois du véganisme.” Nous avons interviewé les deux soeurs pour en savoir plus sur leurs débuts.
C’est quoi Manifeste 011?
Maud Pouzin: Une boutique de mode végane responsable, en ligne et IRL. Ça fonctionne comme un label: on veut pouvoir vendre les vêtements de marques entièrement véganes, mais aussi les collections véganes de marques qui ne le sont pas, comme celle qu’avait lancée Amélie Pichard, par exemple.
Judith Pouzin: Ce qui est important pour nous, c’est que les marques nous plaisent, et qu’il y ait de la transparence. On ne peut pas s’attendre à ce que toutes les marques soient absolument parfaites, mais dans ce cas, on veut savoir exactement d’où vient quoi, comment telle pièce a été fabriquée, etc. Ça nous paraît plus important qu’une marque admette, par exemple, produire en Chine mais le faire dans le respect de ses travailleurs, plutôt qu’une autre ne se fasse passer pour absolument bio, végane et made in France mais que l’on réalise ensuite que ce n’est que du bluff.
Le jour où vous vous êtes lancées?
J.P.: Je m’en souviens exactement. C’était dans un restaurant asiatique en mai 2015. Tu te rappelles Maud?
M.P.: Oui, on en discutait depuis quelque temps, et puis ce jour-là on a fini par se regarder et se dire: “Mais c’est simple, on va le faire ensemble!”
Le conseil que vous donneriez à quelqu’un qui veut lancer sa boîte?
J.P.: Prendre le temps. Nous, on a mis deux ans à réfléchir et former définitivement le projet.
M.P.: Ne surtout pas douter. Et rencontrer le plus de monde, et les gens les plus différents possible, pour profiter de leurs points de vue. Par exemple, on est entourées de très près par nos partenaires, le groupe CCC et le studio Quetzal, mais aussi par d’autres personnes plus ou moins proches, plus ou moins intégrées dans le projet.
J.P: Rejoindre l’incubateur de l’EDHEC nous a aussi beaucoup aidées: on y a obtenu des conseils sur des sujets auxquels on n’aurait pas pensé autrement. C’est une grande aide, ce genre de lieu, ça permet de se confronter à la réalité de l’entrepreneuriat. C’est plutôt ça que voulait dire Maud, je pense, avec “ne pas douter”: il faut être sûr.e de son idée, mais accepter aussi de se remettre en question en fonction des expériences des uns et des autres, car c’est ce qui permet d’avancer. Et prendre du plaisir, aussi.
M.P.: En effet, le plaisir est une dimension super importante car on passe des heures et des heures sur son projet. Sans lui, ce serait impossible à mener.
© Léonard Méchineau
Vous vous voyez où dans trois ans?
J.P.: À New York
M.P. (Ndlr: au même moment): À Tokyo, à Berlin… (Rires.) Et peut-être réaliser des collaborations avec des marques. Évidemment, on se voit s’étendre. Mais il ne faut pas aller trop vite non plus. Chaque pas en avant est une victoire. Et pour le moment, on se concentre sur notre campagne Ulule et sur le lancement réel de Manifeste011.
Propos recueillis par Mathilde Saliou
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