Puisque Karl Lagerfeld inspire le monde de la mode, nous avons décidé de soumettre nos créatrices favorites à ses mantras. Profonds, futiles, dingues ou drôles, les propos du Kaiser ne laissent personne indifférent. Cette semaine, Jenny Richard, l’une des cofondatrices de la marque Maison Labiche, répond à l’interview “Karl vous parle”.
Marie Welte et Jenny Richard se rencontrent pendant leurs études, de stylisme pour la première et d’architecture pour la seconde. Dès le départ, ces deux passionnées de mode à l’esprit créatif, parlent de créer un projet ensemble. “On n’avait pas trop d’argent alors on est parties d’une pièce qui existait déjà: le t-shirt”, nous confie Jenny. Un “vêtement indispensable pour n’importe quelle garde-robe”, auquel vient s’ajouter leur savoir-faire. De la broderie fait main qui devient très rapidement leur marque de fabrique. Les premiers temps, c’est seulement le soir et le week-end après le travail, que les deux amies se retrouvent pour travailler sur la marque. Un an plus tard, après avoir écumé tous les pop-up stores de la capitale, elles se lancent réellement dans l’aventure et quittent leurs jobs respectifs. La même année, en 2011, leur première collection, baptisée People & Song, voit le jour.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
“Lolita”, “Elvis” ou “The Dude”, elles choisissent une cinquantaine de noms parmi leurs icônes pour les broder sur des t-shirts.
“Lolita”, “Elvis” ou “The Dude”, elles choisissent une cinquantaine de noms parmi leurs icônes pour les broder sur des t-shirts. Un concept qu’elles mettent également à la portée de notre imagination. Du prénom de notre star préférée à -pour les plus sentimentaux- celui de notre mère, les deux créatrices brodent ce qui nous tient à cœur. Forte de son succès, la maison ne cesse d’évoluer. Il y a un an, Jean-Baptiste Richard les rejoint pour s’occuper de la partie commerciale et, comme Marie Welte et Jenny Richard, il a aussi son mot à dire sur le stylisme. Cet été, le trio dévoilera sa toute première ligne de prêt-à-porter. Des vestes en passant par les pulls, la broderie n’est pas toujours présente mais l’identité de la marque reste. Un subtil dosage entre une allure streetwear et classique. Même si, a priori, tout semble les éloigner, on a voulu savoir ce que pensait Jenny Richard des principes de vie souvent radicaux de Karl.
“Je hais les montres, c’est la raison pour laquelle je suis toujours en retard.”
J’adore les montres! C’est un bel accessoire qu’on peut porter tous les jours, entre le bijou et l’outil. Je suis fascinée par celles des autres, mais je n’en porte pas. Je suis tellement angoissée qu’une montre pourrait me pourrir la vie.
“Je trouve les tatouages horribles. C’est comme vivre dans une robe Pucci 24 heures sur 24.”
Il est dur, c’est pas si horrible Pucci, non? J’aime bien les tatouages mais pas tous et pas sur tout le monde. Je n’en ai pas parce que j’aurais trop peur de m’en lasser. Je change tellement de coupes et de couleurs de cheveux que le tatouage que j’aime aujourd’hui, demain je ne l’aimerais certainement plus. Mais ils peuvent être de beaux signes de mémoire, comme un souvenir auquel on a envie de penser tous les jours.
“Les pantalons de jogging sont un signe de défaite. Vous avez perdu le contrôle de votre vie, donc vous sortez en jogging.”
C’est vrai, la sortie en jogging c’est un peu dur! Au-delà du fait qu’il soit assimilé à une tenue de sport, je trouve qu’il fait la pire silhouette du monde. Et même si tu es en super forme, tu vas renvoyer l’image d’une fille déprimée. Si un jour je sors en jogging et que je croise des gens que je connais, je meurs! C’est ma pire hantise quand je sors du sport, je me dis toujours: “pourvu que je ne croise personne”.
“Si je pouvais être réincarné en un accessoire de mode, ce serait un shopping bag.”
Un shopping bag, ça sert à rien, c’est juste le sac pour faire les courses. Pour ma part, ce seraient des chaussures à talons qui me font extrêmement mal aux pieds mais que je continue de porter. Jusqu’au jour où je vais les oublier au fond de mon placard.
“Si tu pisses partout, t’es pas Chanel du tout!”
Si tu pisses partout, tu es juste un gros dégueulasse! C’est sûr que tu n’es pas Chanel mais tu n’es pas non plus Maison Labiche!
“Il faut porter une fourrure comme un vulgaire tricot.”
Si tu portes une fourrure avec une robe de soirée et des talons, soit tu t’appelles Meryl Streep soit Notorious B.I.G! Il y a des gens à qui ça va bien, parce que c’est la soirée et que tu veux tout donner. Mais c’est encore plus sympa quand c’est décalé, avec un jean et une paire de baskets.
“Le vêtement ne doit pas t’aller, c’est toi qui dois aller au vêtement.”
Il existe des codes, mais on est plus libres qu’il y a quelques années où il fallait être fine à tout prix et sans hanches marquées. Aujourd’hui, je pense qu’il y a plein de vêtements qui vont à tout le monde, mais il faut tout de même avoir conscience de son corps. Toutes les femmes ont leurs atouts et il faut savoir en jouer. Forcément, il y a des trucs qu’on doit s’interdire même si cela peut, parfois, nous rendre tristes.
“Je suis une sorte de nymphomane de la mode qui n’atteint jamais l’orgasme.”
Je crois qu’on a tous ce problème, non? Je consomme beaucoup trop et je suis toujours insatisfaite, un peu comme une enfant. Quand j’achète une fringue, je la mets immédiatement mais quelques jours après, je n’aurai toujours pas l’impression d’avoir acheté quelque chose donc je remets ça. Même si je n’ai pas des moyens illimités, j’ai du mal à refréner mes envies d’achats compulsifs.
“Si vous me demandiez ce que j’aurais préféré inventer dans la mode, je vous répondrais la chemise blanche. Pour moi, une chemise, c’est la base de tout. Tout le reste passe après.”
La chemise blanche c’est une super invention! Pour Maison Labiche, ce serait le t-shirt blanc. C’est la base de notre travail mais c’est aussi parce qu’il est intergénérationnel, intemporel et qu’il va à tout le monde. Agrémenté d’une belle pièce, il peut tout à coup faire une super silhouette entre le sportswear et le sophistiqué. C’est une pièce indispensable du vestiaire féminin et masculin.
“On n’est jamais trop habillé, ni pas assez habillé avec une petite robe noire.”
J’ai beaucoup de robes noires. Elle fait une jolie silhouette et on peut la porter en journée comme en soirée. Mais je pense qu’il faut l’agrémenter de pièces plus fortes comme une paire de chaussures, des boucles d’oreilles, un gros bracelet, sinon elle donne un look un peu trop austère. Mais il faut en avoir au moins une dans sa garde-robe, c’est la pièce facile à porter.
Propos recueillis par Clémence Sigu
DIAPORAMA
{"type":"Banniere-Basse"}