Le 14 avril 2014, l’ultime saison de Mafiosa, emmenée par Hélène Fillières, est diffusée sur Canal+. L’occasion de faire le point sur Sandra Paoli, personnage emblématique du petit écran français, et de la comparer à un mastodonte de la mafia à la télévision: Tony Soprano.
La famille
Pour Tony Soprano, inoubliable James Gandolfini, la famille est sacrée. C’est loin d’être le cas pour Sandra Paoli, dont les ambitions et le pouvoir passent avant tout. Le premier est marié, aime sa femme autant qu’il la trompe, et a deux enfants, dont le bien-être le préoccupe. La deuxième n’a pas fondé de famille, car ce serait antinomique avec “les affaires” et qu’accessoirement, ses conjoints ont du mal à lui survivre. Tony Soprano n’a pourtant pas été très gâté: son père est assassiné alors qu’il est jeune, sa mère est monstrueuse avec ses enfants, sa sœur est folle. Et surtout, son oncle est prêt à tout pour garder le pouvoir, même à le tuer. On a vu plus harmonieux comme environnement mais, malgré tout, Tony Soprano reste fidèle à ses proches. Avec Sandra Paoli, c’est une autre histoire. Après sa guerre fratricide, on se demande comment celle qui a tué son frère à bout portant peut encore avoir de l’intérêt pour sa famille. Certes, il reste sa nièce Carmen, qui la hait depuis qu’elle a démasqué l’assassin de son père, sa loyale cousine Christelle, et son oncle Orso. Mais, ça fait peu et cette dernière saison s’avère sans merci pour le clan Paoli.
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Le style
Tony Soprano n’a rien à première vue d’un chef de la mafia. En tout cas, pas tel qu’on se l’imagine ou qu’on le fantasme. Entre sa vie de gangster et sa vie de famille dans le New Jersey, style “nouveau riche”, on est loin de la classe d’Al Pacino, alias Michael Corleone, dans Le Parrain. La série s’en amuse d’ailleurs beaucoup. Au contraire, Sandra Paoli est froide, glaciale même, et toujours classe. Les deux personnages sont physiquement opposés, entre la longiligne Hélène Fillières et l’embonpoint de James Gandolfini.
Sandra Paoli ne paraît pas atteinte par les meurtres qu’elle ordonne ou commet, celui de son frère excepté.
La Mafiosa est élégante et change de style au fil des saisons. Dans la saison 2, elle arbore une petite fourrure autour du cou. Elle fait presque dominatrice SM. Mais dans les saisons 4 et 5, elle adopte un style beaucoup plus androgyne. Lorsqu’elle interroge son ancien associé et homme de main pour savoir si elle ressemble plutôt à une prostituée ou à un gangster, celui-ci lui répond qu’elle est trop homme pour être une call-girl et trop femme pour être un voyou. Une phrase qui résume parfaitement sa personnalité. Aucun doute cependant, Sandra ne passe pas pour la voisine de banlieue idéale.
L’insensibilité
La sensibilité de Tony, mafioso dépressif et ordinaire, c’est toute la force des Soprano. L’homme protège les siens, comme son cousin Christopher, incarné par Michael Imperioli, son oncle Junior, ou sa mère Livia. Lorsqu’il doit tuer l’un de ses amis qui l’a trahi, ce n’est pas sans regrets. Tony Soprano est névrosé et se remet en question en allant voir sa psy, qui le fait réfléchir sur son passé. Sandra Paoli ne paraît pas atteinte par les meurtres qu’elle ordonne ou commet, celui de son frère excepté. Elle ne doute pas et ne regrette rien. Elle joue pour gagner, un point c’est tout. Sandra semble prête à tout pour le pouvoir et en est presque totalement déshumanisée. Dans la dernière saison, elle ne mange pas, ne boit pas, elle fume et donne des ordres, sans supporter la moindre contradiction. L’actrice réussit une métamorphose saisissante entre l’être sensible qu’elle était lorsqu’elle reprenait la suite de son père -la jeune avocate ambitieuse qui ne voulait pas se salir les mains lors du premier épisode- et celle qu’elle est devenue, presque un robot, prête à tout pour obtenir vengeance.
Charlotte Lazimi
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