Lous and the Yakuza sera à l’affiche de la Création des 41èmes Rencontres Trans Musicales de Rennes, du 4 au 8 décembre. On vous présente cette musicienne qui va compter en 2020.
Une artiste déterminée
Signée sur la major Columbia, Marie-Pierra Kakoma, alias Lous and the Yakuza, est exactement là où elle voulait être il y a huit ans: à l’époque, alors qu’elle avait 15 ans, la jeune fille avait écrit une lettre à la maison de disques qui l’héberge aujourd’hui. La missive était restée sans réponse mais qu’importe, la Belge de désormais 23 ans a réussi, depuis, à faire son trou à force de détermination. Mise à la porte de chez elle à l’âge de 19 ans, la musicienne a mangé son pain noir: épisode de vie dans la rue, deal, refuge dans un studio, les articles qui retracent sa jeune vie, comme ce papier d’Antidote, évoquent aussi une période de “maladie grave”. Ressortie plus forte de ces épreuves, Lous and the Yakuza a enfin réussi à convaincre le music business de lui laisser sa chance alors qu’elle avait déjà “plus de 300 concerts et 7 Ep’s” à son actif, comme elle le confiait aux Inrockuptibles. C’est ce qu’on appelle “tout donner”.
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Une musicienne sans frontières
Née au Congo en 1996 de parents médecins, elle fuit le pays à l’âge de cinq ans pour rejoindre sa mère et sa sœur en Belgique. Puis en 2005, alors qu’elle a neuf ans, ses parents décident de s’installer au Rwanda. Un choc pour l’enfant, qui se réfugie dans l’art et supplie sa famille de revenir en Europe. C’est finalement à l’âge de 15 ans qu’elle fera son retour en Belgique, à Namur. À l’image de sa vie, ses racines musicales sont un foisonnement culturel qui s’étend de la chanteuse folk japonaise Ikue Asazaki à l’icône cap-verdienne Cesária Evora, en passant par Etta James, Bob Marley ou le Wu-Tang Clan. Avant qu’elle ne se mette à chanter en français, Lous and the Yakuza aimait à se situer quelque part “entre FKA Twigs et Banks”, comme elle le dit dans les Inrocks. Maintenant qu’elle a adopté la langue de Barbara, elle se présente comme une artiste à mi-chemin entre “Kaaris et Dalida”. L’une des trop rares artistes noires à émerger en Europe, elle déplore l’absence de diversité dans le paysage musical: “Malheureusement, ce ne sont jamais des femmes de ma complexion qui sont mises en avant, explique-t-elle à Antidote. Et c’est pour ça qu’à mon avis, le succès d’Aya Nakamura surprend autant. Ça n’était jamais arrivé en France avant elle.” Aucune raison pour que Lous and the Yakuza ne profite pas de ce précédent.
Une future incontournable de la pop
Lous and the Yakuza est en (très) bonne voie pour marquer l’année 2020 et se faire une place aux côtés des plus grandes. Au rayon des signes qui ne trompent pas: d’abord, impossible de la joindre dans les temps pour écrire cet article, son agenda est au bord de l’implosion. Mais surtout, les Trans Musicales lui ont confié la Création à L’Aire libre de cette année, une carte blanche qui s’étend sur plusieurs représentations et mélange musique et mise en scène. L’ont précédée dans cet exercice exigeant, peu avant qu’ils·elles n’explosent: Stromae, Fishbach ou Jeanne Added. Mais ce n’est pas tout. Son premier album, Gore, qui verra le jour en 2020, a été produit à Barcelone par El Guincho, l’homme derrière le son de Rosalia. “Je veux que mes chansons soient populaires, je veux toucher un maximum de monde et transmettre des émotions positives à un maximum de personnes”, confiait la jeune femmes aux Inrocks. Visiblement, c’est bien parti.
Faustine Kopiejwski
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