Nous sommes en 1996. Leonardo DiCaprio, fort du récent triomphe de son dernier rôle dans Roméo + Juliette, s’apprête à tourner un nouveau film: Titanic.
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Le studio étant localisé dans un coin perdu de la côte mexicaine, Leo a bien du mal à trouver un hôtel conforme à ses standards de star hollywoodienne; après avoir épluché sans succès les annuaires du quartier, il finit par se contenter d’un simple motel à proximité du lieu de tournage.
Mais le premier matin, alors qu’il s’apprête à rejoindre le bassin où aura lieu la majeure partie des prises du film, Leo angoisse et passe en revue le contenu du coffre de sa voiture de location pour la vingtième fois. Le costume qu’il portera pour interpréter Jack Dawson, trouvé par sa mère sur une brocante? Ok. Les cassettes de musique irlandaise? Check. Le fameux collier “le Cœur de l’océan”, accessoire phare du film? Trouvé. In extremis dans un duty free de l’aéroport, mais trouvé quand même.
James Cameron, en éternuant, manque de tremper sa caméra qu’il redresse au dernier moment.
Satisfait, Leonardo rejoint enfin le plateau de tournage. Alors qu’il entreprend de trouver une place pour se garer, il aperçoit au loin Kate Winslet qui finalise son maquillage en se repassant une couche de stick bleu sur les lèvres; ravie de le retrouver, elle lui fait signe de venir l’aider pour finir de piler les morceaux de glace qu’ils sèmeront dans leurs cheveux afin de leur donner un effet “gelé”. Leo s’exécute, d’autant que James Cameron, les mains pleines d’échardes et de peinture, leur annonce avec excitation qu’il ne lui reste plus qu’à immerger puis éclairer la proue qu’il vient de fabriquer.
Silence. Leonardo et Kate s’installent dans l’eau, en s’arrangeant pour maintenir hors-champ les perches de leurs micros qu’ils tiennent eux-mêmes. Moteur… James Cameron, en éternuant, manque de tremper sa caméra qu’il redresse au dernier moment; rassuré, il fait à nouveau le point sur les deux seuls acteurs de son film, en leur rappelant de bien garder en tête leur position exacte pour éviter les faux raccords dans les plans suivants où ils joueront également les rôles des figurants.
Action.
Comment? Titanic, un vrai nanar digne des pires séries Z? Dans cette configuration, difficile d’imaginer que le chef-d’œuvre multi-oscarisé qu’on connaît, puisse effectivement rassembler ses 22 millions de spectateurs français.
En France, pays pionnier du cinéma où l’art est central, c’est toute notre identité et notre histoire que le Medef met en péril en menaçant le statut des intermittents.
Et pourtant… Sans les intermittents du spectacle, socle essentiel de notre culture, c’est sans doute ce à quoi ressemblerait toute production audiovisuelle aujourd’hui: des projets bancals, portés uniquement par de rares mécènes suffisamment à l’abri financièrement pour se permettre de prendre le risque de travailler sur des périodes limitées, sans rémunération adéquate pendant les moments de creux.
En France, pays pionnier du cinéma où l’art est central, c’est donc toute notre identité et notre histoire que le Medef met en péril en menaçant le statut de ces intermittents et en prônant la suppression de leur régime spécifique d’assurance-chômage.
Je suis scénariste, et je réaliserai bientôt mon premier court-métrage, Has Been. Dans le film, Frank Delay (ex-2be3) jouera le rôle de Stanley Verseau, un ancien membre de boys band culte des années 90 devenu commercial en assurances pour boucler ses fins de mois, et qui désespère de revenir sur le devant de la scène musicale; au pied du mur, il devra choisir entre sa vie maussade portée par d’infimes espoirs musicaux, et une participation à un talk-show TV trash et malsain.
Nous pourrions réduire le budget du film si, comme d’autres court-métrages, nous demandions aux équipes techniques et aux comédiens de travailler gratuitement en leur promettant que le film leur servira de “carte de visite”.
Au total, ce court-métrage de 20 minutes coûtera 35 000 €, dont la majeure partie (matériel, technique, montage, etc.) sera prise en charge par mon producteur Xavier Le Blond et sa société Live Productions. Certes, nous pourrions réduire le budget du film si comme d’autres court-métrages, nous demandions aux équipes techniques et aux comédiens de travailler gratuitement en leur promettant que le film leur servira de “carte de visite” pour illustrer leur talent auprès de futures productions.
Nous le pourrions, mais nous ne le souhaitons pas.
Ce que nous voulons, en revanche, c’est que ce film qui nous tient tous énormément à cœur voie le jour dans les meilleures conditions possibles et que, pendant les cinq jours de tournage nécessaires, les comédiens principaux, comme les sept membres de la production, soient rémunérés.
S’il vous plaît, ne nous laissez pas jouer tous les rôles du film et en faire nous-même les décors et les costumes.
Pour cela, nous avons besoin de 8000 €. Grâce à une campagne de crowdfunding sur le site Kisskissbankbank, nous avons déjà eu la chance incroyable de récolter 52% de la somme grâce à une soixantaine de soutiens! Mais cela ne suffit pas… Il nous manque encore quasiment 4000 €, et la campagne se termine ce dimanche, le 9 mars 2014.
Xavier, le producteur et moi-même sommes à l’origine du projet, et nous prenons le parti de ne pas nous rémunérer sur ce film; quoi qu’il arrive, on travaillera donc dessus.
Mais je préfère vous prévenir: Xavier maîtrise assez mal les chorés des années 90, et en ce qui me concerne, la dernière fois que j’ai utilisé de la super glue, mes doigts sont restés collés pendant une heure… S’il vous plaît, ne nous laissez pas jouer tous les rôles du film et en faire nous-même les décors et les costumes.
Promis, grâce à tous les super intermittents qui bosseront avec nous sur le film, on ne vous décevra pas!
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