On a posé 3 questions à Pihla Hintikka et Elisa Rigoulet, les autrices du Guide féministe de la grossesse, un livre pour vivre cette expérience plus librement.
“Permettre aux femmes et à leur partenaire de vivre la grossesse de manière plus intelligente, éclairée et responsable”? C’est le pari de Pihla Hintikka, 36 ans, et Elisa Rigoulet, 34 ans, autrices du livre Le Guide féministe de la grossesse. Toutes les deux mères de famille, cette journaliste née en Finlande et cette curatrice et autrice spécialisée en art contemporain ont constaté que très peu d’ouvrages sur la maternité répondaient aux attentes des femmes enceintes. “On trouve que la grande majorité de la littérature sur le sujet est assez infantilisante avec une vision assez naïve et débilitante de la future mère”, nous explique Elisa Rigoulet par téléphone. Dans la lignée du Enceinte, tout est possible de Renée Greusard, les deux autrices livrent ici un ouvrage décomplexant et engagé, qui pourrait devenir une nouvelle référence pour les futurs parents millennials. Elles nous expliquent le pourquoi de leur projet.
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Une “grossesse féministe”, c’est quoi?
Pihla Hintikka: C’est poser un regard féministe sur la grossesse, c’est-à-dire apporter un point de vue égalitaire sur cette expérience.
Elisa Rigoulet: Dans notre livre on s’adresse aux futurs parents. Malgré cette injonction de vivre à deux la grossesse, les hommes sont relativement exclus. Les médecins ne leur parlent pas beaucoup, on écoute moins ce qu’ils ont à dire et on leur donne moins de place.
PH: Et c’est cette dimension sociale qu’on a voulu mettre au coeur de notre livre. On parle bien sûr de l’aspect biologique de la grossesse, mais la grande majorité de notre guide aborde son impact psychologique. On a aussi voulu mettre en évidence les stéréotypes qui l’entourent et qui existent dans les autres livres.
Concrètement, qu’est-ce qui différencie votre livre d’un guide de grossesse classique?
PH: Ce qui est différent dans notre guide, c’est qu’on n’apporte pas de réponses toutes faites. On ne dit pas comment vivre sa grossesse, comment il faut être en tant que femme ou homme. On a voulu que notre livre suscite des questions et invite à la conversation. On voulait vraiment que la parole se libère, aussi bien au sein du couple, que de l’entourage ou du corps médical et que les femmes aient le plus d’informations possible pour vivre leur grossesse librement.
“La grossesse est un domaine où règnent beaucoup d’injonctions qui engendrent des tabous et de la culpabilité.”
ER: On a voulu montrer qu’il y a mille manières de vivre sa grossesse: comme pour toute expérience sociale, c’est à chacun·e de construire son chemin. C’est aussi pour cette raison qu’on a tenu à écrire ce livre à deux, car nous avons des cultures bien distinctes et nos différents points de vue sur la grossesse sautent aux yeux. C’est un domaine où règnent beaucoup d’injonctions qui engendrent des tabous et de la culpabilité.
PH: En parlant des tabous justement, on a essayé d’étudier des sujets qui ne sont pas traités ailleurs, que ce soit dans les autres livres ou dans la presse, comme par exemple le suivi psychologique après une fausse couche. On a mis en lumière diverses expériences et on a montré que ça ne se passe pas toujours comme on le pense.
Qu’avez-vous appris de plus étonnant en écrivant ce livre?
ER: Je ne sais pas si c’est le plus étonnant mais j’ai beaucoup appris sur la congélation des ovocytes. Je ne savais pas du tout comment ça marchait, ça a été une réelle découverte scientifique.
PH: J’ai écrit un sujet sur les perturbateurs endocriniens et pour moi aussi ça a été une révélation de savoir à quel point ils affectent, par exemple, la thyroïde des femmes et comment cela peut jouer sur la fertilité.
ER: Ça nous a empêché de dormir pendant un long moment! C’était la découverte de trop!
Propos recueillis par Wendy Le Neillon.
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