Les municipales 2014 sont pour elles l’occasion de passer en première ligne. Qu’elles soient têtes de liste ou dans la garde rapprochée de candidats d’envergure, elles nous dévoilent les coulisses de leur campagne.
Line Stambouli sait qu’elle ne fait pas son âge. À 41 ans, la candidate de l’Union Parisienne (sans étiquette) du 8ème à Paris est parfois agacée qu’on la prenne pour une débutante alors qu’elle connaît l’arrondissement comme sa poche puisqu’elle y vit depuis 34 ans. Cette native du Liban, arrivée en France au moment de la guerre civile, a toujours eu des convictions politiques mais pas l’âme d’une militante, et s’est lancée dans l’arène de l’élection comme on fait une bonne blague. En 2008, avec sa liste Paris [Hilton] save Paris, elle voulait dénoncer l’immobilisme de la capitale française, qu’elle trouvait morte, comparée à des villes comme New York ou Moscou où elle avait vécu.
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“On veut que Paris s’éveille.”
Cette année encore, Line Stambouli, qui est productrice à la télévision, a fait du dynamisme économique la priorité de sa campagne, qu’elle mène cette fois de façon très sérieuse. “La première fois, c’était pour déconner, là, c’est pour proposer.” Après les municipales, elle tentera d’ailleurs sa chance aux européennes au mois de mai. Celle qui veut remettre l’arrondissement des Champs-Élysées au cœur de l’activité parisienne a fait de la jeunesse un axe prioritaire et milite également pour la réintroduction des maisons closes sous forme associative, à la manière allemande ou espagnole, car “taxer le client revient à cacher la poussière sous le tapis et renforce l’isolement des prostituées”. Une candidature atypique qui espère réveiller le 8ème, comme le résument les initiales du mouvement: “UP, ça veut dire up pour wake up, on veut que Paris s’éveille.”
Ton premier meeting?
Ce sera mardi prochain, le 18 mars, au café Le Percolateur.
Ta première promesse de campagne?
Sur ma liste, on est tous chefs d’entreprise, donc on a construit un programme très pragmatique, contrairement aux appareils politiques qui tuent les idées au lieu de les porter. Notre priorité: laisser les gens travailler et ouvrir leurs commerces le soir et le week-end, dans le respect du droit du travail. On est un arrondissement très touristique et c’est une aberration que le Sephora des Champs-Élysées doive fermer à 21h. À part le Pizza Pino, pas un restaurant n’est ouvert la nuit sur les Champs alors qu’il y a 15 boîtes tout autour.
Ton premier discours?
C’est quelque chose qu’on fait toute la journée. Même quand c’est devant 15 personnes, je défends mon programme. De toute façon, je n’ai aucun problème à m’exprimer en public, j’aime parler, convaincre, écouter.
Ton premier porte-à-porte?
C’était en février car on est à l’arrache. Depuis, on a un accueil incroyable, une fois on nous a sorti un whisky de 37 ans d’âge! C’est très intéressant le porte-à-porte, car tout le monde est dans son cocon et prend le temps de s’exprimer vraiment.
“On a vraiment l’impression que les partis traditionnels ont fait un hold-up de la politique et s’accrochent à leur siège.”
Ton premier marché?
Le marché bio du boulevard des Batignolles. On y est tous les samedis et les dimanches, mais on sent bien que les autres candidats ne nous voient pas d’un bon œil, parce qu’on a un écho chez les jeunes et qu’on n’est pas des professionnels de la politique. On a vraiment l’impression que les partis traditionnels ont fait un hold-up de la politique et s’accrochent à leur siège. C’est ça qu’on veut combattre.
Ta première déconvenue?
L’agressivité des autres candidats. Je ne me sens pas la bienvenue, alors que je vis dans le 8ème depuis 34 ans, je me sens légitime à être candidate. C’est décevant car dans une démocratie, on devrait pouvoir débattre sans agressivité.
Ta première interview?
C’était la semaine dernière pour Le Monde, dans le cadre d’un article sur le 8ème arrondissement, mais elle n’est pas encore parue.
Ton premier tweet de campagne?
J’ai un compte sur Twitter mais je ne comprends rien! Je préfère Facebook, où on a récolté 20000 likes en trois semaines. Il y a une adhésion à la liberté, les gens en ont marre des étiquettes et des partis politiques qui les escroquent.
Ta première photo officielle?
C’était en janvier, il faisait froid. La photo du tract est extrêmement mise en scène, mais elle nous ressemble. Tout est très réfléchi, comme par exemple le réveil qui signifie qu’on veut réveiller Paris. On nous a dit que le graphisme faisait penser à un groupe de rock!
“Je ne suis pas faite pour être dans un parti, je trouve les militants trop suiveurs.”
Tes premiers pas en politique?
Depuis que je suis toute petite, j’ai conscience que je porte une histoire, celle de ma famille au Liban, et j’ai un tempérament engagé. J’ai commencé à être lobbyiste et militante pendant mes études à New York sur des questions de transports et de recyclage. Puis j’ai pris ma carte au Parti Radical car je suis très sensible à leurs valeurs, notamment à la laïcité, une priorité pour moi. Mais je ne suis pas faite pour être dans un parti, je trouve les militants trop suiveurs et moi, je veux avoir la liberté de m’exprimer.
Premier ou deuxième tour?
Sans hésitation, deuxième! On fait tout pour.
Ton / Ta premier(e) fan?
Guillaume Albert, le directeur de campagne, qui est un ami de 22 ans. C’est un pilier et un soutien indéfectible.
Premier mandat d’une longue série?
Plus de deux mandats, ce n’est pas possible. Après, l’engagement s’essouffle et on est trop attaché à son siège et ses avantages. L’objectif de ma liste est d’amener les jeunes à réaliser qu’il y a d’autres propositions, car ils en ont ras-le-bol de la politique. On veut être une alternative au Front national, et on ne sera pas un one shot. Si on va au conseil de Paris, on aura une vision pour toute la ville. On veut que Paris devienne la grande métropole qu’elle mérite d’être.
Propos recueillis par Myriam Levain
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