Dans un livre-témoignage intitulé La Réconciliation, Lili Barbery-Coulon, ex-journaliste reconvertie en professeure de yoga, raconte comment elle s’est réconciliée avec son corps, mêlant avec pudeur récits intimes et interviews de celles et ceux qui l’ont accompagnée sur ce chemin “de la haine du corps à l’amour de soi”.
C’est dans les Cévennes, entre montagnes et rivières, que Lili Barbery-Coulon a fêté son anniversaire en cette fin d’été. Auparavant journaliste beauté pour Vogue et M le Monde, cette Parisienne enseigne aujourd’hui le yoga kundalini et écrit sur son blog, son compte Instagram où elle est suivie par plus de 42 000 personnes, ainsi que dans ses livres. Dans son deuxième ouvrage, paru à la rentrée aux éditions Marabout, elle raconte La Réconciliation avec son corps, après des années de troubles alimentaires à jongler entre régimes draconiens et boulimie. Au fil de ce récit à la première personne, elle retrace le chemin parcouru durant plus de trois ans, des attentats de Paris en novembre 2015 au printemps 2019. Une mise à nu “vertigineuse”, concède cette mère d’une jeune ado. “J’ai l’impression d’être à poil”, sourit-elle, tandis qu’elle évoque pêle-mêle la perte de son père, les conflits au sein de sa famille ainsi que ses errances personnelles…
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Détester son corps
Le déclic intervient lorsqu’elle publie un article sur son blog, Comment je me suis disputée avec mon corps, en février 2016. “Un saut dans le vide”, écrit-elle dans le livre, qui a profondément modifié son rapport avec ses lectrices, engendrant “beaucoup de bienveillance et d’empathie”. “J’ai reçu énormément de messages de femmes qui se reconnaissaient dans mes mots. Même si elles étaient différentes de moi sur le plan physique, elles avaient en commun avec moi de détester leur corps. Je me suis sentie responsable”, nous raconte Lili Barbery-Coulon. De cette prise de conscience vont découler des changements dans son alimentation, sa vie personnelle et surtout professionnelle, ainsi qu’une évolution dans son rapport aux autres: “Je n’avais pas conscience que je me mentais et que je mentais aux autres. Plus on enlève les masques, plus on se rend compte qu’on les portait. À partir du moment où j’ai réalisé être dans le mensonge, ce n’était plus possible de mentir à moi-même ni à mes lectrices. Un vrai désir d’authenticité s’est manifesté, détaille-t-elle. Je cochais toutes les cases de la réussite telle qu’elle était proposée: une femme hétérosexuelle, mariée, un enfant, un travail valorisé et valorisant sur le plan financier. Pourquoi me sentais-je si vide?”
“On ne peut pas continuer à vivre ainsi, en espérant chaque lundi que ce soit vendredi.”
Une haine de soi profondément ancrée
Si l’évolution racontée dans son livre semble rapide, il a toutefois fallu déraciner cette haine profondément ancrée. “J’ai appris à détester mon corps toute petite, écrit-elle au début de La Réconciliation. Mais très vite, le sujet du corps est devenu secondaire, car en voulant me réconcilier avec, j’ai découvert la spiritualité”, explique Lili Barbery-Coulon. Dès lors, la pratique intensive du yoga prend une part importante dans sa vie. Dans sa quête de l’amour de soi, elle est guidée par plusieurs personnes, à qui elle consacre des entretiens dans ses pages. Chef étoilé, coach professionnel, animatrice de réunions Weight Watchers, psychologue… chaque chapitre se conclut par l’avis d’une personne extérieure qui donne des clés en répondant à des questions précises sur des thèmes divers -entreprenariat, maladie, équilibre dans l’assiette.etc.
Redonner du sens
Apprendre à s’aimer lui a en effet ouvert les yeux sur le reste: “On ne peut pas changer le monde sans commencer par soi. C’est comme dans un avion en détresse: il faut d’abord saisir son masque avant d’aider les passagers autour, y compris ses propres enfants”, métaphorise-t-elle. Celle qui se déplaçait en taxi pour ses déplacements parisiens et dont les étagères de salles de bain débordaient de produits de beauté, tente aujourd’hui de redonner du sens dans ses actes -métro et maquillage minimaliste sont devenus ses meilleurs alliés. “En ce moment, l’Amazonie brûle: je ne peux pas aller éteindre le feu, pleurer sur les réseaux sociaux ne changera rien, en revanche modifier nos habitudes de consommation, si. Ça nous donne un grand pouvoir. Tous les jours, je rencontre des gens en pleine révolution personnelle. Cet été, j’ai croisé au Portugal des Français·e·s qui s’y inventent une nouvelle vie, ont quitté des jobs où ils gagnaient beaucoup d’argent pour monter des entreprises artisanales. Ça s’accélère un peu plus tous les jours. J’ai pris la parole, mais je suis juste l’une des expressions de l’époque, qui s’est tellement privée de sens. On ne peut pas continuer à vivre ainsi, en espérant chaque lundi que ce soit vendredi”, déclare-t-elle. Ce livre est tout sauf une conclusion: “Il n’y a pas de ligne d’arrivée. J’ai déjà changé depuis la fin de l’écriture, il ne m’appartient plus.”
Delphine Le Feuvre
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