Chaque mois, notre chroniqueuse Eva Nineuil pose une question singulière et met les pieds dans le plat.
Les Princes de Lu, c’est le goûter par excellence. Deux galettes riches en céréales, du bon chocolat et à chacun sa technique pour le déguster. Les Princes de Lu apportent puissance et réconfort à tous les coups. Mais, trop occupé à combattre le dragon, notre preux chevalier n’a pas vu l’ennemi tapis en son sein, je nomme le gluten. Cette matière protidique présente dans le blé, le seigle et l’orge, est en passe de relayer notre chevalier au rang d’un Don Quichotte du goûter. L’intolérance au gluten, ou maladie coeliaque, toucherait 500 000 personnes en France mais pour des raisons obscures ou absurdes, à vous de décider, le gluten est devenu l’ennemi numéro un à abattre.
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Pourquoi des hordes de filles élevées aux Princes de Lu se mettent soudainement à aduler quinoa et quinori?
Les intolérants au gluten (les vrais) n’ont, en effet, pas le choix, la maladie coeliaque impose la suppression à vie des produits à base de gluten, je dénonce le pain bien sûr, mais aussi les biscuits, les pâtes, les pizzas, les couscous, etc. Et il n’y a encore pas si longtemps, les intolérants tronquaient leur faim dans les recoins déprimants des magasins spécialisés. Mais ça, c’était avant.
Aujourd’hui, les “no glu”, comme on les appelle parfois, fréquentent le Café Pinson, la pâtisserie Helmut Newcake et bien sûr Noglu. Le mouvement a son logo, l’épi barré, ses blogs de référence et ses égéries, Novak Djokovic étant la dernière en date. Cette croissance exponentielle de propositions no glu et gourmandes est sans aucun doute une bénédiction pour les intolérants.
Mais une question nous taraude: pourquoi des hordes de filles élevées aux Princes de Lu se mettent soudainement à aduler quinoa et quinori et ne conçoivent plus de faire de la pâtisserie sans purée d’amandes, flocons de soja ou tout autre substitut à notre fidèle et dévouée farine de blé?
Aujourd’hui le sans gluten, demain peut-être le sans madeleine.
Mais, qu’ils fuient le gluten, le lactose ou la chair animale, tous ces croisés de l’alimentation saine et ultraéquilibrée traquent en fait le même Graal: le “manger sain”. Confronté à la cacophonie nutritionnelle ambiante, rien d’étonnant à ce que certains ne savent plus dans quoi planter leur fourchette. Aujourd’hui le sans gluten, demain peut-être le sans madeleine. Un peu comme ces mamans qu’on a priées d’allonger leur nourrisson sur le ventre, puis sur le dos, puis sur le côté si bien que persuadées de se tromper, elles passent aujourd’hui leurs nuits à guetter le moindre souffle désaccordé.
Et comme dans les contes, tout finit toujours par s’arranger. Peut être que Thomas Chambelland, fondateur de la boulangerie sans gluten qui porte son nom, saura réhabiliter notre Prince: “Je ne confectionne pas des produits de substitution pour des personnes intolérantes (ou non d’ailleurs) au gluten, j’explore de nouvelles voies pour créer des produits avec une identité propre.”
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