Un membre du Parti Socialiste (PS) s’en est violemment pris à Marion Maréchal-Le Pen sur Twitter. Des propos qu’elle est la seule à condamner dans la classe politique. Malgré leurs positions extrémistes, jusqu’où peut-on aller pour critiquer le Front National (FN)?
“Marion Maréchal-Le Pen est une #conne et une #salope!” Avec ce tweet, Jean Bourdeau (@brd_jean) s’est assuré les gros titres en début de semaine. Attaché parlementaire du sénateur socialiste Jean-Pierre Michel, il a repris à son compte les insultes proférées par Guy Bedos à l’encontre de Nadine Morano. Lequel sénateur, loin de condamner ses propos, l’a assuré de son soutien. “Chacun est libre de #tweeter comme il veut, on peut espérer que même le #FN comprend l’humour”, a-t-il réagi sur Twitter. Jean-Pierre Michel a raison de préciser qu’il s’agit d’humour car on ne l’aurait pas forcément deviné. C’est l’éternel argument des auteurs de petites phrases sexistes. C’est aussi en ces termes que s’est défendu Guy Bedos, après son spectacle controversé à Toul. L’humoriste, qui se produisait vendredi dans le fief de Nadine Morano, l’avait qualifiée de “conne” et de “salope”.
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Jean Bourdeau a l’habitude de revendiquer son animosité pour le FN. Et pas toujours avec finesse.
Ces propos n’avaient pas fait rire tout le monde. Mais, Nadine Morano étant une cible facile -grande gueule, elle-même excessive- et liberté d’expression de l’artiste oblige, l’affaire a été commentée avec indulgence (notamment sur le plateau du Grand Journal de Canal +, ou par Laurent Ruquier dans On a tout essayé, sur Europe 1). Les insultes dont Marion Maréchal-Le Pen est la cible suscitent la même indifférence. Pourtant, le contexte n’est pas le même. Tout d’abord, Jean Bourdeau est membre du Parti Socialiste. Il compte même se présenter aux municipales à Châteaudun, en Eure-et-Loir. En outre, les propos de Guy Bedos étaient improvisés. Comme le montre une vidéo amateur du spectacle, ses insultes répondent aux sifflets de sympathisants de Nadine Morano, après une plaisanterie sur l’ex-ministre. Les injures proférées par le jeune socialiste à l’encontre de Marion Maréchal-Le Pen sont, au contraire, pesées puisqu’écrites. Jean Bourdeau a l’habitude de revendiquer son animosité pour le FN. Et pas toujours avec finesse. “En regardant les beaufs avec leurs têtes de bœufs hier à #Brignoles, on va bien rigoler en découvrant les listes #FN lors des #municipales”, tweetait-il lundi.
Traiter la jeune élue de “salope” reviendrait donc au même que dénoncer ses idées?
Mais, avec ces insultes, on franchit un cap. Il ne reproche pas à Marion Maréchal-Le Pen ses idées extrémistes. Non, il la traite de “salope”. Comme le plus primaire des machos traite de “salope” une femme trop jolie, une femme avec une jupe trop courte ou avec trop de pouvoir… De tels propos sont navrants. Mais l’absence totale de condamnation l’est aussi. Dans la majorité comme à droite, pas une voix ne s’élève pour dénoncer ces insultes. Traiter la jeune élue de “salope” reviendrait donc au même que de dénoncer ses idées? Interviewée mercredi sur RTL, Marion Maréchal-Le Pen s’est dite “choquée” par le silence de la classe politique. Elle dénonce “deux poids, deux mesures”, par rapport à “l’affaire du caquetage qui a fait tout un brouhaha à juste titre”. La députée frontiste a écrit à Harlem Désir, premier secrétaire du PS, et à Jean-Pierre Bel, président du Sénat, “qui sont très à cheval sur la défense des droits des femmes”, a précisé son entourage au Lab d’Europe 1.
Julie Coste
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