Tout au long de l’année, l’artiste Safia Bahmed-Schwartz part à la rencontre de ses pairs pour tenter de définir ce qu’est l’art.
Tessa Louise-Salomé revient tout juste du festival de Sundance où elle présentait Mr. X, son dernier film qui sera diffusé sur Arte à la rentrée.
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Qui es-tu?
Tessa Louise-Salomé: Je suis singe de métal pour l’horoscope chinois, et aussi réalisatrice et productrice.
Quel est ton parcours?
TLS: J’ai d’abord fait des études d’art et d’histoire de l’art. Mon médium favori est devenu le film; il m’a offert des possibilités illimitées pour m’exprimer. Mes premiers films parlaient d’artistes que j’ai suivis pendant des années, mais j’ai aussi eu l’occasion de travailler sur la performance Adansonias de Terence Koh à la Galerie Thaddaeus Ropac, ou encore sur l’une des dernières expositions de Sophie Calle, intitulée Pour la dernière et pour la première fois (Ndlr: filmée par Caroline Champetier).
Tu reviens du festival de Sundance où tu as présenté ton dernier film, Mr. X. C’est quoi ce film?
TLS: C’est un documentaire sur l’œuvre de Leos Carax.
Comment en es-tu venue à faire ce film?
TLS: Je travaillais avec Caroline Champetier sur un clip que je réalisais, elle m’a dit qu’elle allait éclairer le prochain film de Leos Carax, Holy Motors. Il n’avait pas fait de long métrage depuis plus de dix ans et j’avais envie de faire un film sur le film, un making-of. Un jour, elle m’appelle et me donne rendez-vous avec Leos une heure plus tard. Comme j’avais lu et vu beaucoup de choses à son sujet, je m’attendais à rencontrer quelqu’un d’assez mystérieux, qui ne parle pas, car c’est comme ça qu’on le décrit. En fait, c’était tout le contraire, il m’a parlé de ses films, de ses difficultés de financement, il s’est livré à moi pendant une heure, m’a posé beaucoup de questions, c’était passionnant.
Comment es-tu passée de l’idée de faire un making-of de Holy Motors à celle de faire un film entier sur Leos Carax?
TLS: C’était très long et compliqué d’essayer de comprendre comment rentrer dans son univers. Nous n’avons eu au départ qu’un seul véritable échange, lors de ce premier rendez-vous. Après, il est redevenu l’homme qu’on le dit être, silencieux, mystérieux, mais j’ai tout de même pu assister à un film dont tout le monde parlait, j’étais présente avec ma caméra sur le plateau, et j’ai eu le sentiment que me laisser libre accès au plateau était un acte bienveillant de sa part.
Il réalise des films hyper poétiques, incroyables, mais sur le tournage il n’y a rien, juste de la concentration, des gens dans leurs gestes, très calmes. Je le filmais, mais je n’entendais rien, dans la caméra il ne se passait rien, c’était très étrange comme sentiment. J’ai donc dû me documenter à l’extrême: j’ai récupéré plein d’articles, de vidéos, j’ai interviewé d’autres personnes à son sujet. Et de cette matière, je me suis dit que je ne pouvais pas la laisser se disperser de nouveau, qu’il fallait faire quelque chose de plus important.
“C’est comme si le film existait avant que j’arrive et qu’il me choisissait.”
C’est quoi pour toi le cinéma?
TLS: La fabrication d’émotions. À partir du moment où ce que je fabrique me procure une émotion, c’est que je suis dans la justesse. Je change de technique à chaque fois, c’est ce qui m’intéresse. Ce que j’aime avec le cinéma, c’est que c’est hyper compliqué d’une part, et comme j’aime les défis, ça m’éclate, mais surtout, qu’il y a plein de façons d’y arriver. C’est comme si le film existait avant que j’arrive et qu’il me choisissait.
C’est quoi l’art pour toi?
TLS: Toujours cette idée de fabriquer des émotions et de les partager avec des gens. Quel que soit le médium.
Finalement Leos Carax, c’est un hasard?
TLS: Je me suis rendu compte que Leos Carax a toujours croisé ma vie, sans que je le sache vraiment. Enfant, il a été question que j’interprète une petite fille dans Mauvais Sang, la mère de mon ex était scripte sur ce film, mon père a fait une partie du son des Amants du Pont-Neuf. J’avais croisé son chemin à plein d’égards, et tout s’est tissé.
Tu reviens tout juste de Sundance, c’était comment?
TLS: Ce qui m’a le plus frappée, c’est de voir des équipes entières de jeunes hyper soudés qui faisaient des trucs vraiment beaux. On sentait une telle énergie entre eux que ça donnait envie de faire partie de leurs équipes ou de les faire travailler sur son prochain film. Sundance, c’est aussi un festival qui permet à des films d’auteurs internationaux de se faire connaître. Par exemple, j’ai vu un film incroyable sur la guerre en Syrie, Return To Homs: j’ai trouvé intéressant qu’il soit diffusé en plein milieu de l’Utah et qu’il montre de très près ce qu’il s’y passe.
C’est quoi tes prochains projets?
TLS: Il y a des années, ma mère a commencé un film, une réadaptation d’un conte qui devait être produite par Luc Besson. J’ai très envie de le finir.
Bande annonce de Mr. X:
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