Léon Rose Magma, c’est l’anagramme des prénoms de Morgane Bellefet et Salomé Brussieux, les deux créatrices. Lancée en 2010, leur marque accueille aujourd’hui sa septième collection, intitulée Big Brother: Chapitre 2. Le moment idéal pour les soumettre à une interview “Sous surveillance”.
Plus qu’une référence à leur année de naissance, 1984 a été pour elles une véritable source d’inspiration. Ce roman d’anticipation de George Orwell, décrivant une société placée sous la surveillance du gouvernement avec, à sa tête, Big Brother, trouve aujourd’hui une résonance certaine. Pour les créatrices de Léon Rose Magma, l’histoire a servi de décor pour leurs deux dernières collections toujours aussi colorées et bourrées d’espièglerie. En effet, loin de se fondre dans la masse, la fille Léon Rose Magma affirme sa personnalité et cherche même à attirer l’attention des caméras. Interview “Sous surveillance”.
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Quel est le rapport pour vous entre cette dictature décrite dans le roman 1984 et votre collection?
Salomé Brussieux: Au départ, on voulait travailler sur les yeux et ce n’est qu’après avoir trouvé le nom Big Brother que l’on a réorienté la collection. On a commencé à travailler sur les caméras de surveillance et les brouillages. Puis, le thème a pris vie lors de notre dernière performance où un orateur clamait le slogan: “La solution est là: habillez vous en Léon Rose Magma.” Dans cette ambiance de secte, on adressait en fait un message hyper ironique.
Morgane Bellefet: On avait envie de prendre le contre-pied de 1984, parce que, justement, on va à l’encontre du roman. On ne veut pas imposer une dictature du style. On cherche à toucher des femmes qui se sentent libres de s’exprimer et qui jouent avec nos fringues. Nos collections s’adressent à des filles qui se moquent de Big Brother en montrant ce qu’elles sont et en n’essayant pas de coller à une certaine image.
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Quelle est la pièce que vous ne porteriez jamais sous l’œil des caméras?
SB: Un manteau Desigual!
MB: Mais on ne le portera jamais tout court!
SB: J’ai plein de pièces chez moi que je ne mets jamais parce que je ne trouve jamais d’occasion. Comme mon gros stock de vestes à paillettes qui prend la poussière dans mon placard!
Quelle est la pièce idéale pour ne pas passer inaperçue dans la masse?
SB: La veste “Evolution” de Léon Rose Magma.
MB: Un total look Léon Rose Magma!
D’ailleurs, vous dites faire des vêtements pour “des filles qui ne veulent pas passer inaperçues”. Pour vous, c’est important de se faire remarquer?
SB: Mon message c’est davantage: “Assumez-vous!” On aime proposer autre chose que du noir et notre marque est destinée aux filles qui osent des couleurs et des motifs voyants.
MB: Justement dans 1984, tout est gris et monotone alors que nous, à l’inverse, on aime faire des associations osées entre des matières et des couleurs. Il ne faut pas avoir peur d’être qui on est. Si un jour, tu as envie de mettre une veste jaune poussin parce que c’est ta couleur préférée, il faut le faire sans avoir peur du regard des autres.
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Quelle célébrité rêveriez-vous d’espionner?
SB: J’ai toujours été attirée par Charlotte Gainsbourg mais je ne pense pas avoir réellement envie de l’espionner. Sinon, ce serait Antony Hegarty du groupe Antony and The Johnsons, j’aimerais comprendre qui est ce mec!
MB: Je ne préfère pas espionner les gens parce que j’ai tendance à me comparer. Il faut que je me concentre sur moi, mes envies et c’est déjà compliqué!
Vous créez aussi des costumes de scène pour des groupes de musique, est-ce un moyen de mettre vos créations au centre de l’attention?
MB: C’est un moyen de communiquer sur notre marque tout en touchant un public différent. On a commencé avec le groupe Sexual Earthquake in Kobe. Alors qu’on avait utilisé un de leurs morceaux pour une de nos vidéos, on est allées les voir après un de leurs concert et ils ont été emballés à l’idée qu’on leur fasse des costumes.
SB: La musique, c’est un domaine qui nous plaît. On avait envie de collaborer avec des artistes et nos créations collent complètement à cet univers. On nous dit souvent que nos vêtements sont des pièces vitrines et sur scène, ça marche bien.
Chacun de vos défilés est en réalité une performance. Est-ce que cette mise en scène des vêtements est nécessaire pour vous?
SB: On a commencé par habiller des artistes pour une performance, avec des costumes qui se déployaient au fur et à mesure.
MB: C’est ce qui nous a décidées à lancer notre collection. Au début, on voulait consacrer 50% de notre temps à ces performances et le reste au prêt-à-porter. Finalement, on a petit à petit évacué la partie artistique car avoir une marque demande beaucoup de temps! Du coup, l’aspect artistique est devenu le packaging de la marque.
Propos recueillis par Clémence Sigu
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