Bliss You, le site lancé par Leila Echchihab il y a deux ans, répertorie les spécialistes de la médecine douce.
Lors de la première édition de son salon dédié à la médecine douce, plus de 400 personnes étaient présentes. Au vu de ce succès, le 16 et 17 septembre prochains, la deuxième édition, Sisterhood in Health, se tiendra à Paris, co-organisé par Leila Echchihab, Armanda Dos Santos et Emilie Daversin. Franco-marocaine née à Casablanca, Leila Echchihab, 34 ans, est la créatrice de Bliss You, un site dédié à la médecine douce, qui permet de trouver les praticiens fans des domaines tels que l’aromathérapie, le yoga, le magnétisme, ou encore l’hypnose, la sophrologie ou la médecine traditionnelle chinoise. Le site permet de trouver un spécialiste à proximité et de pouvoir comparer les prix et les avis les concernant. Directement inspiré de son expérience personnelle, Bliss You a vu le jour en partie à cause du burn-out que Leila Echchihab a vécu en 2014.
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À l’époque, après sept ans passés en tant que responsable marketing dans le luxe pour différents groupes dont LVMH, son corps lui envoie des signaux d’épuisement physique et psychologique: “Je suis quelqu’un de naturellement stressée et angoissée parce que je suis assez perfectionniste, et, à ce moment-là, je voulais à tout prix faire ce que l’on attendait de moi, ce qui était très stressant émotionnellement et difficile à gérer”, se souvient-elle. Elle commence alors à avoir des acouphènes et une mâchoire tendue qui l’amène à grincer des dents la nuit. Une alarme sonnée par son corps, selon elle, pour la prévenir du burn-out qu’elle est en train de vivre.
“On est constamment dans une certaine quête de puissance où on a l’impression que dire non est une forme de faiblesse.”
Peu encline à se soigner avec des médicaments, c’est à ce moment que Leila Echchihab se dirige vers la médecine douce: “Ma mère m’a éduquée à l’homéopathie, aux plantes et aux médecines naturelles, donc je ne me suis jamais vraiment soignée avec des médicaments, raconte-t-elle. Je n’avais pas envie de prendre des antalgiques ou des antidépresseurs qui sont donnés trop facilement en France.” C’est en cherchant des spécialistes que Leila Echchihab se rend compte de la nécessité de créer un tel site: “Dans mon entourage, il n’y avait personne qui pouvait me conseiller des praticiens, j’ai donc fait comme tout le monde en allant sur Google ou sur les pages jaunes et j’ai perdu du temps et de l’argent à rencontrer des personnes qui ne me convenaient pas forcément.” Convaincue de l’efficacité de ces thérapies qui l’ont aidée à soigner son burn-out, elle décide de lancer Bliss You en mars 2015.
Aujourd’hui, le site voit une réelle communauté se créer autour de lui, signe que Leila Echchihab n’est pas seule à avoir cet attrait pour la médecine douce. Depuis le lancement de Bliss You, elle se démène pour le développer, et partage également ses expériences sur son blog theblissway. Et malgré le rythme intense qu’impose la création d’une start-up, Leila Echchihab sait qu’elle doit être raccord avec l’impératif de bien-être qu’elle prône sur son blog pour ne pas refaire un burn-out. Cette workaholic assumée nous parle de l’équilibre qu’elle a enfin fini par atteindre. Interview.
À quand remontent les premiers symptômes de ton workaholisme?
Lorsque j’étais responsable marketing, j’avais des maux physiques: des acouphènes, la mâchoire tendue, je grinçais des dents la nuit. Tout en même temps, c’était ingérable. Le corps est intelligent, il sait où sont ses limites: c’est un vrai indicateur et je pense qu’il faut l’écouter, mais l’homme veut toujours aller plus loin. On est constamment dans une certaine quête de puissance où l’on a l’impression que dire non est une forme de faiblesse.
La fois où tu as frôlé le burnout?
Je ne l’ai pas frôlé, j’ai l’honnêteté de dire que j’en ai fait un. Beaucoup de gens en font sans le savoir, un burn-out n’est pas forcément extrême, ça peut être très silencieux, intime et profond et on peut parfois ne pas s’en rendre compte. Ce burn-out m’a donné la force de rebondir et de m’interroger sur ce que je voulais vraiment faire dans ma vie.
En quoi travailler est-il grisant?
Aujourd’hui avec Bliss You, ce qui est grisant, c’est de voir le fruit de ce que j’ai semé. Je n’ai pas peur de dire que, pour moi, 2016 a été une sorte de traversée du désert, j’ai trouvé ça très long. Toute cette période de lancement du projet a été assez difficile, mais maintenant, pouvoir conseiller des praticiens à des gens qui me posent la question et recevoir un message de satisfaction ensuite, ça me donne vraiment l’impression d’apporter du mieux-être et un peu de bonheur.
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Ton truc pour avoir de l’endurance?
M’octroyer de vraies coupures. En général, je reste seule avec moi-même, sans téléphone, sans mail, en mode digital detox. Je peux me faire un mini-voyage, le dernier que j’ai fait c’était au Maroc dans l’Atlas, j’ai fait une randonnée yoga avec des paysages magnifiques. Se régénérer dans la nature, ça donne une certaine force, en plus d’une persévérance. Il y a une idée de puissance que tu peux puiser quand tu vois un coucher de soleil ou quand tu assistes à une tempête. La nature est inspirante.
Quels sont les effets secondaires désagréables?
Je pense que c’est la déconnexion avec ton vrai désir intérieur. Quand il y a une telle intensité dans le boulot, trop travailler peut parfois te faire oublier les raisons pour lesquelles tu as lancé ta start-up. Il faut essayer de rester connecté à ses tripes et se rappeler de temps en temps pourquoi on fait tout ça.
La dernière fois que tu as fait une nuit blanche?
Je n’en fais jamais, c’est trop important pour moi de dormir.
Ton anti-stress le plus efficace?
Le Yin Yoga, c’est un yoga très lent, très introspectif avec beaucoup de méditation. Ça permet de lâcher prise avec des postures allongées ou assises tenues pendant cinq minutes. C’est très méditatif, très reposant et régénérant. Souvent on a l’impression qu’il faut faire des choses dynamiques pour se défouler, mais des choses lentes comme la natation, ça peut être aussi très bien pour canaliser son énergie.
Ta façon d’appréhender la detox?
La digital detox, c’est ce qui est le plus recherché aujourd’hui, car on est pendu à notre téléphone tout le temps. C’est une vraie addiction, on ne s’en rend même plus compte et c’est dur de décrocher.
À long terme, envisages-tu de décrocher?
Non, je ne peux pas envisager de décrocher, mais à l’avenir j’aimerais trouver davantage de modération. Même si le workaholisme témoigne d’une vitalité et d’un dynamisme, à long terme ce n’est pas sain. Ça peut être très galvanisant et motivant, mais il ne faut pas arriver à la rupture. Je pense qu’il faut trouver de la tempérance, j’aime bien ces moments de va-et-vient entre workaholisme et pause.
Qu’est-ce qui te ferait arrêter?
Je ne sais pas. En tout cas, je vais continuer jusqu’à trouver la confiance en moi et le bliss -la sérénité-, c’est pour ça que je me suis fait tatouer ce mot. J’aimerais pouvoir évacuer les doutes polluants pour ne garder que les doutes sains. J’aimerais surtout aligner mes valeurs personnelles et professionnelles.
Propos recueillis par Samia Kidari
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