L’échec le plus vieux du monde

Machiste! Anti-féministe! Anti-individualiste! Libertaire! Pervers! Censeur! Prude! Obsédé! Esclavagiste! Liberticide! Avez-vous déjà essayé de lancer un débat sur la prostitution au cours d’un dîner? Et bien, voilà un échantillon de ce que vous récolterez. Pas moyen d’avoir une discussion sage et raisonnée sur le sujet. Tout de suite, les camps se forment et s’invectivent. Sexe, argent, vie privée: automatiquement, ça chauffe! Pour quel résultat? Aucun. Les prostitué(e)s sont toujours là. Les proxénètes aussi. Ils se déplacent. Ils s’adaptent. Au gré des lois. Au gré des moyens (je pense à Internet notamment aujourd’hui).

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Chacun donne son avis. Mais dans la rue, la réalité ne change pas.

Mais le problème, lui, reste. Il y a dix ans, le gouvernement avait décidé de faire du racolage passif un délit. Dix ans après, marche arrière, c’est le client qui risque d’être pénalisé. On passe d’un moyen à un autre, sans lisibilité, sans réel bilan des actions menées. En termes d’efficacité, zéro. En revanche, qu’est-ce qu’on en parle! Chacun donne son avis. Mais dans la rue, la réalité ne change pas. Attention, je ne dis pas qu’il ne faut rien faire contre la prostitution mais peut-être nous trompons-nous de combat et de personnes?

À la place de la répression, ne vaudrait-il pas mieux aider davantage?

Le combat déjà. À la place de la répression (dans un sens ou dans un autre: délit de racolage passif ou pénalisation du client), ne vaudrait-il pas mieux aider davantage? S’occuper encore plus des prostitué(e)s, les soigner physiquement et psychologiquement (si besoin) et leur donner vraiment des moyens de s’en sortir.

De personnes ensuite. La plupart du temps, les prostitué(e)s sont les victimes. Ils ou elles subissent. Ce sont les trafiquants qu’il faut viser. La lutte doit s’intensifier au plus haut niveau des réseaux.

En somme, éradiquer la tête! Plutôt que la queue…

Clélie Mathias