Cette nouvelle émission construite comme un État fictif s’attaque au sexisme et au racisme sous toutes leurs coutures.
“Liberté, minorité, sororité”, voici la devise du Zazemistan, pays fictif qui donne son nom à une toute nouvelle émission sur YouTube. Lancé officiellement le 1er mai, ce talk-show donne la parole à de nouvelles voix, engagées sur les questions des minorités ou des inégalités de genre, avec l’ambition de représenter “le monde post-occidental dans lequel nous espérons vivre”, pour reprendre les termes de sa conceptrice et animatrice, la dénommée Zazem.
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Un pseudo qui vous est peut-être familier puisque la trentenaire qui le porte -Elsa Miské pour l’état civil-, est une entrepreneure prolifique qui a déjà œuvré contre le sexisme en créant le jeu de cartes Moi c’est madame en septembre 2020, mais aussi le podcast YESSS. Zazem, dont le grand-père était un militant anticolonialiste mauritanien et l’un des premiers diplomates de son pays, et dont les parents réalisent des documentaires sur le féminisme ou les décolonisations, baigne dans une atmosphère politisée depuis son plus jeune âge. Elle a tenu à mettre au générique du show ses figures tutélaires, de Frantz Fanon à Beyoncé et de Thomas Sankara aux protagonistes de Sex and the City.
Avec cette nouvelle aventure, Zazem, épaulée par la productrice et autrice Marie Picard, veut bâtir virtuellement, avec humour et en toute décontraction, “une république non binaire, non bananière, safe et inclusive, dont les architectes sont les invité.e.s du talk-show”. Des invité·e·s qu’elle sélectionne parmi ses connaissances et qui, d’après elle, “vivent déjà dans le monde d’après par leur identité ou leurs choix. Ils et elles ont déjà intégré tous les débats actuels, ils et elles sont encore perçu·e·s comme des minorités actuellement, mais vont devenir la nouvelle norme”, explique-t-elle, tout en revendiquant sa subjectivité, qui est d’ailleurs l’une des forces de l’émission.
Dans l’épisode pilote, on la voit ainsi échanger avec Kévi Donat, co-créateur du podcast Le Tchip sur Arte Radio et guide conférencier qui propose des visites de la capitale sur le thème du Paris noir. L’entretien, qui fait écho à l’actualité (non-mixité, déboulonnage de statues…) avec une perspective historique, se solde par une cérémonie de naturalisation et bonne et due forme, l’une des nombreuses idées brillantes de cette émission drôle et instructive, qui a été inspirée à sa créatrice par des show américains comme The Patriot Act de Hasan Minhaj (disponible sur Netflix) ou le late show de la superstar de YouTube Lilly Singh. “Je me suis aperçue que cela n’existait pas en France”, constate Zazem, déterminée à occuper cette place laissée vacante qui mêle humour, politique et pop culture.
Au sommaire du premier épisode à paraître ce samedi 1er mai, Zazem s’entretiendra avec la créatrice de mode congolaise et issue de la Ballroom scene Mariana Benenge, pour parler entre autres appropriation culturelle, tandis que les prochaines éditions donneront la parole à des personnalités comme l’artiste et actrice trans Claude-Emmanuelle (vue dans Lux Æterna de Gaspard Noé), Noémie de Lattre ou l’artiste performeuse et autrice afroféministe Bebe Melkor-Kadior. Neuf épisodes ont été réalisés pour cette première saison qui nous emmènera à un rythme hebdomadaire jusqu’à la fin du mois de juin, et qui s’annonce déjà riche de découvertes et de nouveaux points de vue.
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