Dans un livre conçu comme un guide, les journalistes Aline Laurent-Mayard et Marie Zafimehy répondent à toutes les questions que l’on peut se poser sur le genre.
Queer, non-binaire, pansexuel·le, asexuel·le, etc.: ces derniers temps, des mots nouveaux ont fait leur apparition et vous vous êtes peut-être déjà senti·e un peu dépassé·e dans certaines situations ou au détour d’une conversation. Pour y remédier, deux journalistes, Aline Laurent-Mayard et Marie Zafimehy, ont décidé de tout récapituler dans un “livre-guide” intelligent, clair et complet intitulé Le Genre expliqué à celles et ceux qui sont perdu·es.
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Aline Laurent-Mayard, qui se définit comme “une femme non binaire asexuelle et aromantique” et Marie Zafimehy, “femme hétéro racisée et métisse cisgenre” ont mis en commun leurs connaissances, les questions LGBT+ pour l’une, le féminisme et le genre pour l’autre, pour donner naissance à ce guide ultra pédagogique et bienveillant. Leur objectif? “Expliquer tous ces termes et ces notions qui paraissent nouvelles à beaucoup de monde”, énonce Marie Zafimehy. Et ainsi “montrer à quel point on ressent toutes et tous des choses différentes et qu’on ne passe pas du tout par les mêmes étapes dans la vie: on voulait tout simplement dire les subtilités de la vie humaine et donner une existence à des vécus avec des mots corrects”, complète Aline Laurent-Mayard.
À celles et ceux qui seraient tentés de crier à la dispersion avec la multiplication de nouveaux termes, Aline Laurent-Mayard oppose une nécessité salvatrice: “Chaque mot existe car il fait du bien à quelqu’un·e.” Lorsque la trentenaire a eu connaissance des mots “asexualité” et “aromantisme”, elle a pu enfin exprimer ce qu’elle ressentait depuis des années: “Nommer les minorités, ça permet de comprendre que l’on est concerné·e, que l’on n’est pas seul·e à l’être et qu’on peut vivre notre vie comme on l’entend.” De son côté, Marie Zafimehy décrit le même processus: “Lorsque j’ai découvert le concept d’intersectionnalité, j’ai pu mettre un mot sur mon vécu, je suis d’une part une femme, et d’autre part une femme racisée donc je vis des discriminations à l’intersection de ces deux identités et j’ai pu ensuite partager ça avec des gens qui vivaient la même chose, trouver du soutien et des ressources.”
Alors pour celles et ceux qui sont totalement paumé·es, on a sélectionné -de façon totalement subjective- 10 termes que les deux autrices ont tenté de définir, à deux voix, le plus simplement possible:
Non binaire: Une personne non binaire est une personne qui ne se reconnaît ni dans le genre féminin ni dans le genre masculin ou encore dans les deux, dans plusieurs genres ou dans un autre genre. Le concept du genre est une construction sociale. En Europe, on reconnaît deux genres mais dans plein d’autres cultures, que ce soit maintenant ou dans le passé, il y en a plus que deux, parfois cinq! Selon une étude YouGov pour l’Obs de 2019, 14% des 18-44 ans et 8% des plus de 44 ans se considèrent comme non binaires. Ces chiffres sont très utiles car ils permettent d’avoir un ordre d’idée, mais ils sont sans doute sous-estimés.
L’identité de genre: C’est la façon dont on vit son genre, le genre qu’on se construit entre le féminin et le masculin. Se considère-t-on comme étant une femme, un homme, un peu des deux, entre les deux? L’expression de genre, elle, est la façon dont on présente notre genre au monde.
Queer: c’est la seule lettre de l’acronyme LGBTQ+ qui ne définit pas une orientation sexuelle ou une identité de genre mais plutôt un rapport à soi et au monde. À l’origine, c’était une insulte qui signifiait “bizarre”, “tordu·e” et qui était utilisée pour désigner et dénigrer toutes les personnes qui n’étaient pas hétéros ou cis. Désormais, ces dernières se sont réappropriées le terme et l’utilisent pour revendiquer de ne pas rentrer dans les normes, d’être qui elles veulent.
Cisgenre: c’est une personne qui se reconnaît dans le genre qu’on lui a assigné à la naissance et, à l’inverse, le mot transgenre désigne une personne qui se reconnaît dans un genre différent de celui qui lui a été assigné à la naissance. Les termes transsexuel·le, homosexuel·le et bisexuel·le ont été inventés à la fin du XIXème siècle par des scientifiques qui, pour la grande majorité d’entre eux·elles, y voyaient une maladie qu’il fallait guérir. Cette pathologisation des transidentités et des orientations sexuelles est restée longtemps dans les esprits, et elle est encore malheureusement présente aujourd’hui. Beaucoup préfèrent donc se débarasser du terme “sexuel·le” à la fin car ça rappelle un passé de médicalisation et puis, pourquoi devrait-on tout rapporter au sexe et aux organes génitaux? Il est aujourd’hui préférable de dire transgenre, homo ou bi.
Le passing: dire d’une personne trans qu’elle a un bon passing signifie qu’elle “passe” bien dans le genre auquel elle s’identifie. Ce terme est problématique car les personnes trans n’ont pas toujours accès à un bon passing: ça dépend beaucoup de leur morphologie, de leur biologie, etc. Une femme qui fait deux mètres, ça va être compliqué d’avoir un “bon” passing. Et puis pour beaucoup de trans, ce n’est pas un objectif en soi d’avoir l’air cisgenre. Et ce n’est pas normal que, dans la société actuelle, seules les personnes trans avec un “bon” passing soient davantage “acceptées”.
L’hétéronormativité: c’est le fait de vivre dans une société où la norme est l’hétérosexualité et la cisidentité, le fait aussi que l’on considère que chaque personne est naturellement attirée par une personne du sexe opposé et qu’on ne prenne pas en considération qu’il puisse y avoir d’autres options.
Pansexuel·le: c’est un terme apparu relativement récemment, c’est une variante de la bisexualité. Il désigne des personnes qui n’accordent pas d’importance au genre et au sexe de l’autre et peuvent être attirées par tout le monde.
Asexuel·le et aromantique: les personnes asexuelles ou aromantiques ne ressentent pas ou peu d’attraction sexuelle ou romantique. On peut être aromantique et être attiré·e par des gens sexuellement ou l’inverse, asexuel·le mais ressentir une attraction romantique. Dans une société très tournée vers le sexe, ces personnes sont souvent ignorées alors que si l’on réfléchit bien, on a toutes et tous autour de nous une personne qui ne ressent pas d’attirance sexuelle.
LGBTQIA: Lesbienne Gay Bi Trans Queer Intersexe Asexuel·le/Aromantique. L’acronyme de base, c’est LGB mais au fur et à mesure que les concepts se sont affinés et qu’on a conceptualisé d’autres réalités, on a ajouté des lettres pour être plus inclusif·ves. Cet acronyme varie souvent en fonction des contextes, des personnes qui l’utilisent. Finalement, il ne pourra jamais être complet donc en ajoutant un “+” à la fin, on l’ouvre à tous et à toutes.
Adelphe: c’est l’équivalent de frère ou soeur en langage non-genré et on utilise le mot adelphité par extension, à la place des termes fraternité ou sororité, pour désigner la solidarité qui existe entre les personnes au-delà de leur genre.
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