Chaque jour pendant le Festival de Cannes, Cheek arpente la Croisette à la rencontre des jeunes femmes qui font le cinéma d’aujourd’hui.
À 29 ans, il s’agit de son premier film produit. Les Fleuves m’ont laissée descendre où je voulais, court-métrage de 38 minutes, vaut à sa réalisatrice Laurie Lassalle de concourir dans la catégorie “Découverte” à la Semaine de la critique. Avant d’être sélectionnée à Cannes avec ce “road-movie psychédélique”, projeté pour la première fois mercredi 21 mai, cette autodidacte, qui a suivi des cours de cinéma en auditeur libre, a notamment fait ses armes chez Serge Bozon en tant que stagiaire sur le film La France. Si quelques mélomanes l’auront repérée au sein du duo My Girlfriend is Better Than Yours, dont elle faisait partie il y a quelques années, Laurie Lassalle a également mis sa caméra au service d’autres musiciens comme Melody’s Echo Chamber ou Judah Warsky. Malgré le stress et la fatigue –“Je flippe, j’ai dû finir mon film à l’arrache car j’ai appris au dernier moment qu’il était sélectionné et je ne m’y attendais pas du tout”, nous confie-t-elle-, Laurie Lassalle a pris un peu de temps pour répondre à nos questions.
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Le film palmé que tu as vu plus de 10 fois?
Je n’en ai jamais vu aucun plus de dix fois, je me limite en général à trois ou quatre fois maximum. Bizarrement, c’est plus avec la musique que je suis obsessionnelle; il m’arrive d’écouter certains morceaux 25 fois sur une période donnée. En tout cas, dans la liste de mes films palmés favoris, on trouve Taxi Driver, Oncle Boonmee, Blow-Up ou Sexe, Mensonges et vidéo, entre autres.
La Palme qui ne casse pas trois pattes à un canard?
Entre les murs de Laurent Cantet, The Tree of Life de Terrence Malick ou Amour de Michael Haneke. Ce sont des films très respectables mais un peu prévisibles, un peu bien pensants.
De qui serait composé ton jury idéal?
Il y aurait Christophe le chanteur, Owen Wilson, M.I.A., Kim Gordon, Pina Bausch ou Gandhi, parce qu’il est sympa. Niveau cinéastes, je mettrais Apichatpong Weerasethakul et Alain Guiraudie. Bon, c’est clair que ma sélection n’est pas très paritaire, si c’était pour de vrai, je rétablirais l’équilibre.
Combien de fois as-tu foulé le tapis rouge en rêve?
Zéro: mes rêves sont beaucoup plus bizarres que ça. (Rires.) Et puis, c’est un peu trop abstrait pour moi. Pour le moment, j’ai surtout peur pour la projection.
À Cannes, sais-tu situer la rue d’Antibes?
Je suis nulle en orientation mais, oui, quand même!
Et la rue de Colmar?
Non, pas du tout: c’est une question-piège?
Cannes en un mot de trois syllabes minimum?
Badaboum. On peut prendre ce mot dans les deux sens: l’explosion ou la chute.
Si tu gagnais la Palme d’or, qui ne remercierais-tu pas?
Personne. Si j’en arrivais là, c’est sans doute que tout le monde m’aurait assez aidée.
Et qui remercierais-tu?
D’abord mon équipe, qui aurait bossé avec beaucoup d’amour et de karma, comme ça a été le cas sur mon court-métrage. Mais aussi Bouddha et ma psy.
Si tu pouvais annuler ton prochain rendez-vous, que ferais-tu là, tout de suite?
J’irais me baigner et faire un bisou à Jean-Luc Godard.
Propos recueillis par Faustine Kopiejwski
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