Le petit monde des politiques les connaît bien, le grand public pas encore. Cheek part à la rencontre des femmes politiques de la nouvelle génération, qui seront peut-être les ministres de demain.
C’est en prenant la présidence des Jeunes socialistes en 2009 que Laurianne Deniaud, 32 ans, s’est fait connaître des médias. Aujourd’hui, elle célèbre la victoire de sa liste aux municipales dans sa ville, Saint-Nazaire. Elle est ainsi devenue première adjointe du maire David Samzun, “mon premier mandat d’élue et une nouvelle étape dans mon engagement, qui jusqu’à présent se concentrait sur la vie interne du Parti socialiste”. Pendant la campagne de François Hollande pour l’élection présidentielle, elle avait été conseillère sur les questions de jeunesse, avant de devenir chef de cabinet de François Lamy au ministère de la Ville, une fois le président élu.
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Un poste qu’elle a quitté en novembre dernier pour se concentrer sur la campagne électorale, intense. Depuis la victoire de sa liste le 30 mars dernier, Laurianne Deniaud a déjà assisté aux deux conseils municipaux qui ont acté l’élection des adjoints et la répartition de leurs rôles, et se consacre à la découverte de ses nouvelles fonctions, qu’elle apprend à connaître. Elle a quand même trouvé un moment pour répondre à notre interview “Future Ministre”.
De quel président serais-tu ministre?
François Mitterrand devait être fascinant. Je suis née en 1982 sous sa présidence, mais je n’ai jamais rencontré l’homme. L’essentiel pour moi serait de travailler pour un président de gauche, qui mène une politique de gauche. Et si cela pouvait être une femme, ce serait encore mieux.
“Les jeunes sont les talents d’une société, son avenir et son énergie.”
Quel ministère aimerais-tu occuper?
Il y en a plusieurs. Tout d’abord celui de la Ville et de l’égalité des territoires, car je suis très attachée à l’égalité entre les citoyens des quartiers populaires et les autres. Il y aurait aussi le ministère de la Jeunesse, car les jeunes sont les talents d’une société, son avenir et son énergie. Les questions d’industrie m’intéressent également, ayant grandi à Saint-Nazaire où je vois construire les paquebots qui font la puissance de la France: nous devons renouer avec une politique industrielle volontariste. Enfin, j’aimerais occuper le ministère de l’Environnement, car j’estime que c’est une question éminemment sociale, et pas du tout une question de bobos.
Quel est celui que tu n’occuperais jamais?
Je ne voudrais pas récupérer un ministère alibi dans lequel il n’y a pas de moyens réels, et devoir jouer la potiche. Pour les femmes, c’est toujours le risque.
Si tu ne deviens jamais ministre, quel autre mandat aimerais-tu exercer?
C’est difficile de me projeter car je découvre tout juste le mandat de première adjointe qui me passionne. Mais je pense qu’un mandat parlementaire doit être très intéressant, à condition d’être bien ancré dans son territoire. Être élue au Parlement me permettrait de secouer le cocotier et faire remonter les aspirations des Français du terrain. C’est un rôle que les députés et sénateurs sont petit à petit en train de reprendre et c’est très bien.
“Quand on voit la moyenne d’âge du Sénat, on se demande s’ils sont les plus à même de délibérer sur les questions du numérique.”
Préconises-tu un âge minimum et un âge maximum pour être ministre?
Le minimum, c’est l’âge de la majorité, 18 ans. Pour l’âge maximum, je ne veux pas faire de jeunisme, mais je ne comprends pas qu’après 70 ans, il n’y ait pas de retraite. Il faut être raisonnable et il faut surtout que les responsables politiques soient représentatifs de la société, qu’il n’y ait pas de générations surreprésentées par rapport aux autres. Quand on voit la moyenne d’âge du Sénat, on se demande s’ils sont les plus à même de délibérer sur les questions du numérique, par exemple.
Pour ou contre la parité en politique?
Pour. Même avec la parité, c’est un combat pour les femmes d’être représentées en politique. Il suffit de regarder le nombre de maires femmes: il n’y en a pas beaucoup.
“Ça me prendrait plus de temps de demander à quelqu’un de tweeter pour moi que de tweeter moi-même.”
Si tu étais ministre, tu continuerais de tweeter toi-même?
Oui, je suis complètement addict! Quand je me lève le matin, j’attrape mon iPhone et je me connecte avant de boire mon café. Ça me prendrait plus de temps de demander à quelqu’un de tweeter pour moi que de tweeter moi-même. Twitter force à la synthèse avec son nombre limité de signes, et permet autant les interactions que la diffusion de l’information.
Et tu posterais des selfies en conseil des ministres?
Non, car je trouve dangereux de banaliser les fonctions et les responsabilités politiques, qui représentent les préoccupations des Français. L’abstention s’explique notamment par le sentiment que la politique est devenue une cour de récréation.
Propos recueillis par Myriam Levain
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