À l’occasion des 10 ans de L’Album de la semaine, Canal + diffuse ce week-end un concert inédit de Queens Of The Stone Age et plus de quatre heures de lives extraits de l’émission. À la fois l’œil, l’oreille et la mémoire de Canal + quand il s’agit des programmes musicaux, qu’il dirige depuis maintenant près de vingt ans, Stéphane Saunier nous raconte trois moments forts de l’émission.
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Gossip
© Robin/ CANAL+
“La première fois qu’on a fait jouer Gossip, en 2007, ils étaient complètement inconnus. Ils aiment beaucoup la France et d’entrée de jeu, Beth Ditto m’a demandé des conseils pour s’adresser au public. Pendant le live, elle appelait les spectateurs “mon petit chou à la crème” avec son accent américain. Ça, c’est Beth Ditto dans toute sa splendeur. Elle a un truc que j’appelle le charisme et qui n’est pas donné à tout le monde. Elle entre en communion avec son public: ça ne s’explique pas. Ils sont revenus jouer deux autres fois après ça et, malgré le succès et les grands couturiers, elle est restée toujours la même, sincère et agréable. En 2012, ils ont accepté de jouer au Grand Rex pour La Nuit de l’album de la semaine, j’étais très touché.”
Voir un extrait du live de Gossip.
Amy Winehouse
© Robin/ Canal +
“J’avais vu Amy Winehouse dans un club à Londres au moment de son premier album, Frank, et j’ai tout de suite su que ça allait devenir énorme. On a enregistré L’Album de la semaine avec elle le 29 janvier 2007, avant même que Back To Black ne sorte. Pendant les répétitions, elle chantait avec une aisance incroyable, tout en envoyant des textos. Sur le plateau, on a été scotchés par sa classe et par sa voix, totalement fidèle à celle de l’album. Elle était souriante, tranquille, décontractée. On a beaucoup parlé musique et notamment de son amour pour le ska. Elle n’était pas encore abîmée par la presse à scandale à l’époque, même si cette dernière s’intéressait déjà à elle. Pendant l’interview, je lui avais demandé comment elle vivait ça et elle m’avait répondu: “Ces gens-là, je les affronterai de face.” Je crois qu’elle ne se doutait pas de leur force. C’était une Anglaise comme les autres, qui aimait sortir au pub, mais les magazines ont décidé d’en faire autre chose. On ne se rend pas compte en France, car les journaux people ne sortent qu’une fois par semaine, mais en Angleterre c’est quotidien, alors il faut remplir les pages, quitte à écrire tout et n’importe quoi. Quand on n’a qu’un micro pour se défendre, c’est compliqué.”
Voir un extrait du live d’Amy Winehouse.
Lana Del Rey
© Mathilde Chapuis / CANAL+
“Quand j’ai interviewé Lana Del Rey, je lui ai offert un 45 tours du morceau Edge Of Reality d’Elvis Presley. Je me rappelle, j’avais emballé ça dans un petit paquet avec des fleurs et, quand je lui ai tendu, elle a piqué un fard. (Sourire.) À la fin de notre entretien en tout cas, elle m’a remercié de lui avoir parlé uniquement musique. Entre les lignes, je crois que ça voulait dire qu’elle en avait ras-le-bol qu’on lui parle de ses lèvres et de son physique. C’est vrai que, comme le faisait remarquer un article du NME, beaucoup de choses écrites sur elle reflètent des fantasmes masculins et dépassent les limites de la correction. Moi, ce que j’ai aimé chez elle, c’est qu’elle est arrivée avec un style tout à fait nouveau qui mélangeait cinéma, hip hop et musique classique. Elle a eu une vraie vision, jusque dans ses clips. Il fallait juste avoir l’idée, mais c’est elle qui l’a eue. Même s’il y a plein de jeunes qui mettent leurs tripes dans ce qu’ils font, il y a une sorte de sélection naturelle.”
Voir un extrait du live de Lana Del Rey.
Propos recueillis par Faustine Kopiejwski
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