Tous les vendredis, retrouvez les aventures de Romy Idol. Mecs, boulot, famille, quotidien: Romy, c’est nous en pire.
Au fond de moi, je le sais: il est temps de regarder les choses en face et de sonner le glas de la rupture. Mais, comme s’il s’agissait de réunir les papiers nécessaires pour refaire ma carte d’identité, je procrastine allègrement. J’ai toujours eu un problème avec le moment où il faut rompre ou du moins, lâcher l’affaire. Pire encore, j’accompagne régulièrement cette attitude délétère de la fameuse formule-du-dernier-espoir. Revue non exhaustive de mes expressions favorites, celles qui sentent la lose sentimentale à plein nez.
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“Je souffre mais je me sens vivante”
Oui, il m’a déjà trompée cinq fois car il était “perdu”. Mais il me l’a avoué et ça a dû lui demander au moins autant de courage que de tenter d’avoir un conseiller Pôle Emploi au téléphone. Certes, il m’appelle moins souvent que sa grand-tante et ne me consacre qu’un soir une semaine sur deux. Mais dans ces cas-là, je me persuade que cette situation m’arrange car elle me permet de voir davantage (= énormément) mes amis sans me soucier de le prévenir par texto, car, de toute façon, il ne lit pas mes textos. En vrai, je me nourris de Lexomil et envisage sérieusement de me pacser avec Jean-Paul Sartre le chat.
“Il n’a pas dû recevoir mon texto” (Variante : “Il ne doit plus avoir de batterie”)
Je lui ai envoyé un SMS hyper détaché. Après une conf-call de vingt minutes avec Sonia, je me suis décidée pour un: “Hello ! Qu’est-ce que tu as prévu ce soir? Je t’embrasse.” Trois jours, quatre heures et vingt-six minutes plus tard, mon iPhone s’obstine à rester immobile. J’ai checké la fonction vibreur vingt-sept fois, éteint et rallumé l’engin au moins autant, enclenché et désenclenché le mode avion. Juste au cas où. Je regarde Le Plus grand cabaret du monde en replay avec le téléphone posé en équilibre sur l’écran de mon ordi. Juste au cas où. Subitement, j’imagine le pire: il n’a pas reçu mon message. J’en envoie un deuxième. Tout aussi désinvolte: “Bon, j’ai pas eu de réponse. Tu ne me méritais vraiment pas. Adieu.” En vrai, les cinq années qui suivent, je les passe à attendre sa réaction.
“Cette fois-ci, c’est différent, il a réfléchi, il a mûri, je t’assure, il a trop changé depuis hier.” C’est beau comme du Jérôme Cahuzac.
“Je veux aller au bout de cette histoire”
On s’est déjà quittés une bonne dizaine de fois ces deux derniers mois, il m’a mise à la porte en pleine nuit le soir du 31 décembre et neuf fois sur dix, je dors sur le canapé mais, à chaque fois, on finit par se rabibocher. Après chaque micro-divorce, j’argumente auprès de mes copines: “Cette fois-ci, c’est différent, il a réfléchi, il a mûri, je t’assure, il a trop changé depuis hier.” C’est beau comme du Jérôme Cahuzac. En vrai, j’entame une psychanalyse.
“Je n’ai rien à perdre” (Variante : “Au moins, je serai fixée”)
Dans “rien”, je mets pas mal de choses, y compris ma dignité. Pourtant, j’étais bien partie: ça faisait une semaine (allez, six jours) que je ne l’avais pas rappelé. J’avais stalké son mur Facebook, analysé ses tweets et scruté son Instagram mais ça, ça ne compte pas. Puis arrivent cette grosse soirée, ces cinq Vodka-Redbull et cette soudaine témérité. Je me souviens parfaitement bien qu’il n’a jamais accepté de me voir ailleurs que chez lui à quatre heures du matin, qu’il met en moyenne deux semaines pour répondre à mes messages et qu’il a couché avec toutes mes amies Facebook mais, c’est comme aux jeux de grattage sur les boîtes de céréales, je n’ai “rien à perdre”. Je l’appelle: “Allô c’est Romy, ça va?”. Il me répond “Ah salut Julie, comment ça va?”. Je fais comme si je n’avais pas entendu. En vrai, je réfléchis sérieusement à changer d’identité -après tout, Julie, c’est bien aussi comme prénom.
Je dégaine le coup du répertoire téléphonique, une sorte de point de non-retour dans la rupture. J’efface sa fiche.
“Cette fois c’est fini, j’efface son numéro de mon répertoire”
Je suis assise sur mon canapé dans la position du Sphinx triomphant (dos droit, mains sur les cuisses). J’ai décidé d’en finir une bonne fois pour toutes. Il faut, pour marquer le coup, user d’un geste hautement symbolique. Alors je dégaine le coup du répertoire téléphonique, une sorte de point de non-retour dans la rupture. J’efface sa fiche. Ca y est, je suis fière de moi, je réfléchis à la manière dont je vais l’annoncer sur Facebook, histoire qu’il comprenne bien que cette fois-ci, c’est PAS POUR RIGOLER. En vrai, j’ai conservé l’intégralité de ses textos.
“Je veux juste prendre des news”
Ca fait quelques semaines que c’est terminé entre nous, je me remets tout juste à remanger des Big Mac sans pleurer (on s’était rencontrés au Mac Do) et à regarder Game of Thrones avec Jean-Paul Sartre. Certes, je passe mes journées en jogging éponge mais j’y vois un certain nombre d’avantages, comme celui de ne pas avoir à me mettre en pyjama quand je me couche. Mais comme je me lave de nouveau les dents, c’est certain, je suis sur la bonne voie. C’est en général dans cette période qu’une idée géniale me vient: je vais l’appeler, “juste pour voir comment il va”. Je suis toujours obligée de me justifier auprès de mes amis, c’est fatiguant et ça donne ça: “Mais non, je t’assure, je m’en fous totalement, c’est pour savoir s’il va bien, tu vois, ça me ferait du bien de savoir qu’il se remet de notre rupture, qu’il est heureux et blablabla.” Quand il décroche avec un “Allô” joyeux, genre “je viens de remporter le jackpot au Solitaire”, je raccroche. En vrai, j’appelle le professeur Abouba.
Romy Idol
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