Puisque Karl Lagerfeld inspire le monde de la mode, nous avons décidé de soumettre nos créatrices favorites à ses mantras. Profonds, futiles, dingues ou drôles, les propos du Kaiser ne laissent personne indifférent. Cette semaine, Johanna Senyk, à la tête de la marque de vêtements Wanda Nylon, répond à l’interview “Karl vous parle”.
Wanda Nylon naît dans l’esprit de Johanna Senyk en 2012. Elle est en train de faire du scooter dans Paris et n’a rien pour se protéger de la pluie: c’est là qu’elle repense à une photo d’Helmut Newton où l’on aperçoit un trench en plastique. Lui vient alors l’idée de créer une ligne de rainwear: “Le trench en plastique c’est un basique, comme une veste en jean”, dit-elle.
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Celle qui confie avoir la trentaine, mais qui n’en dira pas plus, commence sa carrière en tant que styliste photo mais, très vite, cela ne lui suffit plus. Elle part confectionner des costumes de cinéma et, de fil en aiguille, est amenée à caster des danseurs pour un clip de Jamiroquaï et se rend compte qu’elle préfère choisir des gens plutôt que des vêtements. Elle commence à travailler avec Alexander McQueen chez Givenchy afin de choisir des égéries pour une collection de couture. Une activité qu’elle mènera en parallèle pour une trentaine de maisons à travers le monde.
Elle choisit comme égéries des femmes avec des univers particuliers, “des filles qui ont des gueules”.
Quand elle lance Wanda Nylon, Johanna Senyk commence par créer une ligne assez réduite. Mais face à la demande grandissante, elle se met à présenter de plus en plus de collections, puis à en imaginer une pour hommes et finit par présenter six collections par an. Accessoires, pulls, pantalons, robes de soirées… Elle fait de tout et plus seulement des trenchs. Mais elle choisit toujours comme égéries des femmes avec des univers particuliers, “des filles qui ont des gueules”. A quelques jours de son défilé pour la Fashion week parisienne, nous avons soumis celle qui “crée des fringues qui plaisent aux femmes, pas des fringues pour plaire à leurs mecs” aux préceptes du Kaiser.
“Je hais les montres, c’est la raison pour laquelle je suis toujours en retard.”
J’ai une phobie totale des montres. Je n’en ai jamais eu et je n’en aurai jamais. Je suis aussi tout le temps à la bourre, mais ce n’est pas à cause de ça, c’est juste que j’en ai envie, je pense… Ou parce que j’ai toujours quelque chose à faire, et ce n’est pas très respectueux d’ailleurs. Mais je ne me cache pas derrière le fait de ne pas avoir de montre.
“Je trouve les tatouages horribles. C’est comme vivre dans une robe Pucci 24 heures sur 24.”
Celle-ci, je l’adore, je suis complètement d’accord! Je me suis fait faire mon premier tatouage à 13 ans et j’ai galéré pendant longtemps pour me le faire enlever. C’était pour faire chier ma mère, prof de catéchisme, qui se posait tous les mercredis après-midi sur un banc à Tours, et qui invitait tous les jeunes qui allaient se faire tatouer à boire des bières pour les dissuader. Je pense vraiment que c’est difficile de trouver un truc qui ne vieillit pas mal. Moi, j’ai du mal à être constante depuis que je suis jeune, on a échappé de justesse au tatouage tribal Zazie sur le bras…
“Pensez rose, ne le portez pas!”
Penser rose? Surtout pas! Ne pas penser girly, ne pas penser mignon mais pouvoir en porter en étant rock’n’roll.
“Je suis pro-jogging, ça dépend comment c’est porté mais il faut que ça suinte.”
“Les pantalons de jogging sont un signe de défaite. Vous avez perdu le contrôle de votre vie, donc vous sortez en jogging.”
Ça peut être magnifique s’ils sont mis avec des talons et à condition qu’ils fassent un joli derrière. C’est très sexy une fille qui fait du sport. Et c’est encore plus sexy et encore plus sexuel si elle transpire un peu et si elle a des auréoles. Je suis pro-jogging, ça dépend comment c’est porté mais il faut que ça suinte.
“Si je pouvais être réincarné en un accessoire de mode, ce serait un shopping bag.”
Je déteste les sacs, c’est carrément une phobie. Je trouve que ça donne aux filles une allure inconfortable et pas naturelle. Il n’y a rien de plus élégant qu’une femme qui sait quoi faire de ses mains, qui arrive les mains dans les poches de son manteau en ayant l’air à l’aise.
“Si tu pisses partout, t’es pas Chanel du tout!”
Peu importe où tu pisses. Tu peux pisser entre deux voitures et être Wanda Nylon, ça ne me dérange pas.
“Il faut porter une fourrure comme un vulgaire tricot.”
C’est vrai que si tu portes de la fourrure, il faut la décaler un peu. Pas de fourrure avec une french pédicure par exemple!
“Le vêtement ne doit pas t’aller, c’est toi qui dois aller au vêtement.”
Non, je trouve que c’est vraiment un truc de couturier. Il y a des trucs qui te vont ou qui ne te vont pas, au même titre qu’il y a des marques qui te ressemblent ou qui ne te ressemblent pas.
“Je trouve la petite robe noire chiante et triste à mourir.”
“Je suis une sorte de nymphomane de la mode qui n’atteint jamais l’orgasme.”
Je ne sais pas pour Karl Lagerfeld mais moi, j’ai trouvé des façons plus agréables de jouir.
“Si vous me demandiez ce que j’aurais préféré inventer dans la mode, je vous répondrais la chemise blanche. Pour moi, une chemise, c’est la base de tout. Tout le reste passe après.”
Oui et Yves Saint Laurent, c’était le jean. De mon côté, je suis contente qu’il y ait des gens qui soient passés avant pour pouvoir réinterpréter certaines choses.
“On n’est jamais trop habillé, ni pas assez habillé avec une petite robe noire.”
Je trouve la petite robe noire chiante et triste à mourir. On peut être vite trop endimanchée ou trop jolie madame, mais ça, c’est très Chanel aussi.
Propos recueillis par Anne-Charlotte Dancourt
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