Marion Cotillard, Léa Seydoux ou Nathalie Baye? On vous dit quelle actrice s’en sort le mieux dans Juste la fin du monde, le dernier film de Xavier Dolan.
Juste la fin du monde, le nouveau film de Xavier Dolan, met en scène un repas de famille où, après douze ans d’absence, l’un des deux fils veut annoncer qu’il va mourir. Pour ce huis clos névrosé et oppressant, où l’absence de communication exaspérante d’une famille plonge le spectateur dans un état d’asphyxie permanent, Xavier Dolan a adapté la pièce éponyme du dramaturge français Jean-Luc Lagarce, mort du sida en 1995.
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Un texte sublime et cahoteux, servi par le génie de Xavier Dolan et un casting énorme qui réunit Gaspard Ulliel dans le rôle principal, avec à ses côtés Vincent Cassel, Marion Cotillard, Léa Seydoux et Nathalie Baye. Le long-métrage étant l’adaptation d’une pièce, les rôles sont tous plus théâtraux les uns que les autres: on vous dit laquelle des trois actrices s’en sort le mieux à ce jeu-là.
Marion Cotillard
Marion Cotillard Xavier Dolan © Shayne Laverdière, courtesy of Sons of Manual
Le personnage: Marion Cotillard incarne Catherine, la belle-sœur du gars qui va y passer (Gaspard Ulliel). Elle est en effet la femme de son frère (ce gros bâtard d’Antoine, alias Vincent Cassel). Vincent Cassel endossant ici un rôle de connard pire encore que dans Mon Roi de Maïwenn, on imagine bien que sa femme n’est pas, comme qui dirait, épanouie épanouie. Marion Cotillard, épouse inhibée qui subit la violence verbale et émotionnelle de son mari, joue au petit être mal dans ses pompes: elle bredouille, bégaie, bute sur les mots et scrute la moquette en permanence.
Crédibilité: Bof. Marion Cotillard, qui peut pourtant se montrer excellente actrice -on avait dit qu’on oubliait The Dark Knight-, semble avoir trop d’énergie pour ce costume de petite bourgeoise opprimée. On l’y sent à l’étroit et elle frise souvent la parodie.
Léa Seydoux
© Shayne Laverdière, courtesy of Sons of Manual
Le personnage: Léa Seydoux, c’est Suzanne, la petite sœur de Louis/Gaspard Ulliel, le gars qui va y passer. Ce dernier et elle ne se connaissent presque pas, car Louis a quitté le domicile quand Suzanne était encore gamine. Suzanne vit toujours chez leur mère, là où a lieu le déjeuner, et elle fume des pétards sur son lit, tout en essayant de tenir une conversation intelligible avec son frère. Bien sûr, comme elle est trop défoncée, elle échoue -le film parle du manque de communication dans la cellule familiale. Suzanne est plutôt à fleur de peau, son tempérament est un peu à mi-chemin de celui des deux frères: elle a la tension animale d’Antoine et la sensibilité mutique de Louis.
Crédibilité: Pas mal! Ce rôle d’ado attardée aux yeux cernés et aux bras tatoués va bien à notre James Bond Girl qui, loin de ses atours de femme fatale, renoue aisément avec le côté “enfant sauvage”qu’elle avait dans Grand Central de Rebecca Zlotowski ou La Vie d’Adèle.
Nathalie Baye
© Shayne Laverdière, courtesy of Sons of Manual
Le personnage: Nathalie Baye est “La mère” -on notera qu’elle n’a pas de nom, mais juste une fonction maternelle –> Xavier, Jean-Luc, c’est quand même un peu limite. Si vous avez bien suivi, La-Mère-qui-n’-a-pas-de-nom a donc: un fils bien con (Antoine), un fils qui va y passer (Louis), une fille qui consomme des stupéfiants. On comprend qu’elle enchaîne les clopes et arbore un look complètement over the top, à base de veste à fleurs et de vernis violet qui matche le collier et le fard à paupières. Mais bon, elle essaie tant bien que mal d’insuffler un peu de gaité et de légèreté dans cette maison de fous, et il n’y a, après tout, rien de plus joyeux qu’une bonne grosse faute de goût vestimentaire.
La crédibilité: Big up Nathalie! On ne sait si c’est sa grande expérience derrière la caméra ou tout simplement la magie de sa perruque, mais Nathalie Baye remporte la partie haut la main dans le rôle de La-mère-qui-n’a-pas-de-nom. On en oublie d’ailleurs complètement l’actrice, et on se retrouve face à un personnage de femme extrêmement fort et crédible, comme Xavier Dolan prend tant de plaisir à filmer, et qui a déjà fait des miracles sous les traits d’Anne Dorval ou Suzanne Clément.
Olga Rigue
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