Dans une vidéo postée hier sur X, Jordan Bardella s’est adressé directement “à toutes les femmes de France” et leur a assuré avoir toujours défendu leurs droits en s’arrangeant avec la vérité sur bien des points.
Dans une vidéo au décorum très solennel postée hier sur le réseau social X, le député Rassemblement national (RN) Jordan Bardella a tenu à s’adresser “à toutes les femmes de France” et à tacler “l’extrême gauche” qui, d’après lui, “diffuse des caricatures, des mensonges et cherche à s’arroger le monopole de la défense des droits des femmes”. Et d’assurer dans la foulée sans sourciller: “Demain, je serai le Premier ministre qui garantira de manière indéfectible à chaque fille et à chaque femme de France ses droits et ses libertés. L’égalité entre les femmes et les hommes, la liberté de s’habiller comme on l’entend, le droit fondamental à disposer de son corps sont des principes non-négociables.”
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Alors que ces dernières années, l’électorat du RN se féminise et qu’aux dernières élections législatives européennes, les femmes étaient quasiment aussi nombreuses que les hommes à voter pour le RN, Jordan Bardella enfonce le clou et cherche à occuper le terrain des droits des femmes en débitant les arguments qui l’arrangent et en omettant les faits qui montrent que le RN s’est toujours opposé aux avancées féministes.
La question de l’IVG
À commencer par le droit à l’avortement. Si Jordan Bardella rappelle dans ce discours d’un peu plus de deux minutes, que “Marine Le Pen a soutenu l’inscription de l’interruption volontaire de grossesse dans la Constitution”, il se garde bien de dire que 11 député·es RN s’y sont opposés et que 20 autres se sont abstenus lors du Congrès de Versailles en mars 2024 comme le rappelle Laurence Rossignol sur X. Sans parler du fait que Bardella s’est également opposé au Parlement européen à une condamnation de la Pologne qui interdit quasi totalement l’accès à l’IVG.
Jordan Bardella s’est ensuite targué d’avoir voté “des propositions de bon sens venues d’autres partis politiques” et ce “sans sectarisme et avec l’unique obsession de protéger les femmes”, notamment “la prise en charge intégrale par l’assurance maladie des soins liés au traitement du cancer du sein”. En revanche, ce qu’il omet de dire, c’est que le RN a voté en mai dernier un amendement, déposé par Renaissance, pour exclure les dépassements d’honoraires qui étaient mentionnés dans le texte initial.
“Voter RN pour les femmes, c’est braquer une arme contre soi”
Et lorsque Jordan Bardella conclut en évoquant sa “lutte implacable contre l’insécurité qui fait régresser la liberté de chaque femme de France de se déplacer dans les rues et dans l’espace public”, il la lie à un manque de “contrôle de [la] politique migratoire” avant de promettre d’expulser les “délinquants et criminels étrangers”. Instrumentaliser la lutte contre les violences faites aux femmes à des fins xénophobes, c’est le credo du RN qui semble avoir oublié que, dans plus de 90 % des cas, les femmes victimes de violences connaissent leur agresseur.
Comme l’a brillamment écrit et démontré la philosophe Camille Froidevaux-Metterie dans une tribune publiée sur le site du Monde la semaine dernière, “voter RN pour les femmes, c’est braquer une arme contre soi”, contrairement à ce qu’essaie de nous faire croire Jordan Bardella.
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