Respectivement sage-femme et entrepreneure, Valentine Burucoa et Isabelle Verguin ont ouvert fin avril, dans le 11ème arrondissement de Paris, Jeen, un centre de santé féministe dédié aux femmes et à toutes les personnes en besoin de soins gynécologiques.
L’une est sage-femme, l’autre entrepreneure. Ensemble, Valentine Burucoa et Isabelle Verguin ont cofondé Jeen, un centre de santé féministe dédié aux femmes et à toutes les personnes en besoin de soins gynécologiques qui se situe dans le 11ème arrondissement de Paris.
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Ouvert depuis fin avril, ce lieu qui tranche avec les codes esthétiques des cabinets médicaux reçoit aujourd’hui en moyenne 80 patient·es par jour: “Les créneaux de rendez-vous se sont très rapidement remplis, explique Valentine Burucoa qui fut longtemps sage-femme à la maternité des Bluets, non pas tant parce que les gens avaient entendu parler du projet mais parce qu’il y a un vrai besoin de consultations dans ce domaine.”
Chez Jeen, chacun·e peut consulter une gynécologue, des sages-femmes, une médecin généraliste ou encore une chiropractrice ou une kinésithérapeute. Des cours de yoga et de pilates sont également proposés ainsi que des masterclasses et ateliers sur différents thèmes en lien avec la santé. L’objectif: remettre “l’information et la prévention au cœur du suivi de santé.” On a voulu en savoir davantage et on a posé quelques questions à la cofondatrice Valentine Burucoa.
Qu’est-ce qui vous a amenée à fonder Jeen ?
J’ai cofondé ce lieu avec Isabelle Verguin, une entrepreneuse qui a travaillé dans le conseil en innovation. Il se trouve que nous vivions en colocation et en discutant, en parlant de nos expériences gynécologiques respectives, nous nous sommes rendu compte qu’il y avait beaucoup de choses à faire pour améliorer l’accompagnement médical proposé aux femmes et aux personnes auxquelles les soins gynécologiques se destinent. Isabelle était attentive aux nouvelles manières de travailler dans le domaine de la santé et moi j’avais mon expérience de plusieurs années en tant que sage-femme. Nous avons créé un questionnaire santé et Anna Roy l’a gentiment relayé sur les réseaux sociaux. En moins de 24h, nous avions reçu 2000 réponses. Ça nous a donné matière à réflexion et on a constaté le manque criant d’accompagnement, purement gynécologique d’une part, et plus global d’autre part. La médecine a été réfléchie par des hommes et pensée pour les corps masculins, elle a ensuite été calquée sur les corps féminins alors qu’on sait désormais qu’ils sont différents et que ces derniers sont plus complexes. L’exemple le plus parlant est celui des maladies cardio-vasculaires à l’image de l’infarctus: dans l’inconscient collectif, ça reste une pathologie éminemment masculine alors qu’aujourd’hui, c’est la première cause de mortalité féminine en France. Et puis, il y a des enjeux de santé spécifiques aux personnes dotées d’un appareil reproducteur féminin comme l’endométriose, le syndrome des ovaires polykystiques ou encore la ménopause. Ce sont des pathologies mises sous le tapis: les patient·es manquent d’informations à leur sujet et sont souvent livré·es à elleux-mêmes.
Quel est l’objectif de Jeen?
Le but de Jeen est d’accompagner les femmes et toutes les personnes auxquelles se destinent les soins gynécologiques tout au long de leur vie. Ça passe par des consultations de suivi, mais pas seulement: on souhaite également remettre de l’information là où il en manque encore aujourd’hui. Chez Jeen, les patient·es peuvent consulter des gynécologues, des médecins généralistes ou des sages-femmes mais il y a également une offre paramédicale avec des chiropracteur·ices, des ostéopathes et des psychologues. Nous organisons aussi des ateliers collectifs, des conférences pour s’informer sur la fertilité, la ménopause, la contraception, l’allaitement ou la préparation à la naissance. Et comme nous voyons nos patient·es dans leur globalité, nous les aidons aussi à bouger (avec des cours de yoga et de pilates réalisés par des professionne·lles de santé) et à bien manger. Jeen permet d’être suivi·e et informé·e, tout ça au même endroit.
Vous avez eu la volonté de créer un lieu inclusif, comment cela se concrétise-t-il?
Oui, nous voulons accueillir les femmes et toutes les personnes auxquelles les soins gynécologiques se destinent et qui ne se définissent pas forcément comme femme. Les professionnel·les de santé qui travaillent chez Jeen sont sensibilisé·es aux questions de genre, de transition et sont formé·es pour accompagner tout le monde. L’idée était de créer une safe place avec des professionnel·les bienveillant·es au fait de tous ces sujets.
Quels sont aujourd’hui les principaux enjeux en matière de santé féminine?
Sans aucun doute, la prévention et l’information. Même s’il y a une pénurie de gynécologues, il y a globalement suffisamment d’acteurs et actrices de la santé en France, ce qui manque vraiment ce sont des clés et des repères pour s’approprier son suivi de santé. Si on prend l’exemple de l’endométriose, il est fréquent que les personnes qui souffrent de règles douloureuses mettent un certain temps à comprendre que c’est un motif de consultation, elles ne vont pas savoir vers qui se tourner avant et même après le diagnostic. Il faut qu’elles sachent qu’un suivi pluridisciplinaire est possible, et que tout une équipe de professionnel·les de santé peut les aider au quotidien et souvent elles manquent d’informations pour se créer ce suivi médical. Il se passe la même chose avec la ménopause qui reste encore très taboue et elles se retrouvent alors seules à devoir gérer leurs symptômes. On a construit ce centre pour redonner de l’info et des clés indispensables pour un suivi de santé serein et décomplexé.
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