Révélé en 2012 par un premier album singulier, qualifié par l’Américain Bon Iver de “meilleur groupe jamais entendu”, le groupe de Minneapolis emmené par la gracile Channy Leaneagh publie son deuxième album, l’envoûtant Shulamith. Interview.
Quel était le challenge principal pour ce nouvel album?
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Le temps, car nous étions beaucoup en tournée. Il a aussi fallu s’adapter à un nouveau mode de vie: être en permanence loin de la maison et sous le feu des projecteurs.
Vu le succès de votre premier album, aviez-vous la pression pour celui-là?
Un petit peu… Mais pas vraiment pour les fans. Bien sûr, ça me fait plaisir qu’ils écoutent notre musique et viennent à nos concerts. Mais je ne les connais pas, je ne sais pas ce qu’ils aiment et donc, je ne peux pas écrire pour eux. La seule chose que je puisse faire, c’est écrire avec mon cœur et être sincère. Si les gens n’apprécient pas le résultat, je dois l’accepter car je ne suis pas sûre de savoir pourquoi ils aimaient le disque précédent. Alors le but pour moi, c’était surtout de toucher mon équipe et les membres de mon groupe. Ils sont les premiers à écouter la musique, à me dire si ça leur plaît ou pas.
Le titre de votre nouvel album, Shulamith, est-il une référence à la féministe Shulamith Firestone?
Tout à fait. J’ai découvert son existence après avoir écrit tous les nouveaux morceaux. Quand j’ai lu La Dialectique du sexe, je me suis dit que c’était le genre de bouquin que j’avais toujours recherché, que j’étais d’accord avec tout ce qu’elle écrivait. J’ai l’impression d’avoir une vraie connexion avec cette femme. J’avais donc envie d’imprimer sa trace sur mon album en quelque sorte, pour me rappeler le genre de femme que je veux être.
C’est-à-dire?
Une femme à la fois forte, aimante, humble et qui cultive son individualité. Je pourrais aussi citer Marina Abramovic ou Isadora Duncan comme exemples. Ces femmes sont mariées à leur art, mais elles arrivent aussi très bien à collaborer avec des gens. Mais Shulamith est aussi un synonyme du mot “paix” en hébreu: quand tu passes autant de temps avec un groupe, que tu voyages avec lui à travers le monde, il y a tellement de hauts et de bas. Je voulais que le mot “paix” préside à la suite de nos aventures. L’idée est de se dire qu’on s’aime quoi qu’il arrive, qu’on ne sait pas combien de temps ça va durer mais qu’on va en profiter autant que possible.
Quel est pour toi l’exemple d’un deuxième album réussi?
Coexist de The XX ou Overgrown de James Blake qui est magnifique, j’adore ce disque. Le deuxième album de Daughter aussi. Bref, il y aurait des tonnes d’exemples!
Propos recueillis par Faustine Kopiejwski
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