Découverte en 2004 à l’âge de 19 ans avec son premier livre Kiffe kiffe demain, Faïza Guène aura 30 ans cette année. Pour la sortie de son nouveau roman, Un Homme, ça ne pleure pas, elle a répondu à notre interview “Passage à l’âge adulte”.
Faïza Guène vient de publier Un Homme, ça ne pleure pas, où elle décrit les espoirs et tribulations d’une famille française originaire d’Algérie, à travers le regard du héros, un jeune professeur de lettres en ZEP. Puisqu’on l’a connue très jeune grâce à son premier roman Kiffe kiffe demain (2004) et qu’on l’a vue grandir -avec Du Rêve pour les oufs (2006) ou encore Les Gens du Balto (2008)-, on a soumis l’auteure à une interview “Passage à l’âge adulte”.
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Tu es de retour sur la scène littéraire après plusieurs années d’absence. Que s’est-il passé pour toi entre 2008 et 2014?
C’est vrai que cinq ans d’absence, ça peut paraître beaucoup. Si je n’ai rien publié pendant tout ce temps, c’est tout simplement parce que j’ai pris le temps de vivre -j’ai eu une fille et j’avais envie de me consacrer à elle. Je n’angoisse pas lorsque je prends le temps d’écrire, il faut vivre pour écrire et non l’inverse.
Dans Un Homme, ça ne pleure pas, tu insistes sur l’importance de l’héritage familial, des racines. La nécessité d’écrire sur ces sujets assez intimes t’est-t-elle venue en vieillissant?
Je ne sais pas si c’est le fait de prendre de l’âge qui me pousse à creuser certains sujets comme celui-là; j’ai l’impression que ces thèmes ont toujours traversé mon œuvre. Plus le temps passe et plus j’approfondis, mais ce n’est pas calculé, je le fais de manière plutôt intuitive, j’écris sur ce qui me touche.
Pour la première fois, l’histoire de ton roman est racontée du point de vue exclusif d’un jeune héros masculin. Aurais-tu pu te mettre dans la peau d’un homme en étant plus jeune?
De manière épisodique, j’ai déjà écrit dans la peau de personnages masculins, notamment dans Les Gens du Balto, mon précédent roman. C’était un défi pour moi de le faire de façon plus poussée avec le personnage de Mourad. L’idée d’un narrateur masculin collait avec la nécessité d’un recul et d’une distance avec certains sujets abordés. Si le personnage était une femme, il aurait sans doute été dans le jugement, ce que je ne souhaitais pas.
“C’est toujours délicat de se projeter dans l’avenir, je suis quelqu’un qui vit plutôt au jour le jour.”
Tu mets l’accent sur ce que représente le fait d’être mère, à travers plusieurs personnages féminins tout à fait différents. Comment t’imagines-tu vieillir en tant que maman?
J’espère simplement être moins hystérique et envahissante que mon personnage dans le roman! C’est toujours délicat de se projeter dans l’avenir, je suis quelqu’un qui vit plutôt au jour le jour. Je rêve d’une relation de confiance et de complicité avec ma fille.
Depuis tes débuts, tu croques les traits d’une certaine jeunesse. Quel regard portes-tu sur elle aujourd’hui? As-tu encore l’impression d’être jeune?
À vrai dire, je me suis toujours sentie un peu plus vieille que mon âge, ce sentiment ne me quitte pas depuis l’enfance! Aujourd’hui, j’ai la sensation que tout va plus vite, je ne sais pas si c’est réac’ de dire ça, mais j’observe une génération très pressée, encore plus que celle à laquelle j’appartiens.
En quoi as-tu changé depuis qu’on t’a découverte en 2004?
En dix ans, je dirais que j’ai gagné en lucidité, et beaucoup perdu de ma naïveté. Dans l’écriture comme sur le plan personnel.
En plus d’écrire des livres, tu as réalisé plusieurs courts-métrages ainsi qu’un documentaire. Ce côté touche-à-tout s’est-il émoussé avec les années? Ou au contraire aiguisé?
Avec les années et les expériences, je sais davantage ce que j’aime faire, les domaines dans lesquels je suis à l’aise. L’écriture de romans est définitivement ce que je préfère mais l’écriture scénaristique est aussi quelque chose qui me passionne. Si possible, je souhaiterais continuer à faire les deux.
Propos recueillis par Yslande Bossé
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