La série américaine Broad City révèle deux nouvelles idoles: Ilana Glazer et Abbi Jacobson, deux loseuses qui transgressent tous les codes et envoient chier la terre entière. Merci.
Broad City orchestre la rencontre providentielle de deux concepts anglophones qui se marient bien, le buddy movie et le stoner movie, soit la comédie de potes et le film de fumette. On y découvre l’envers du rêve américain: alors que l’une des deux héroïnes, défoncée la moitié du temps, dépérit derrière un bureau, l’autre est exploitée dans un club de gym où elle ramasse à la main les poils pubiens des clients. Colocataires envahissants, mauvais coups d’un soir et autres revers de fortune: les deux scénaristes ne s’imposent aucune limite, quitte à faire de la bicyclette cul nu, à se rouler dans les poubelles ou à parler herpès devant de jeunes enfants.
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La saison 1 repousse les limites de la comédie féminine en prenant pour modèles les aînées, alias Tina Fey dans 30 Rock et Amy Poehler dans Parks & Recreation.
Broad City a d’abord été une websérie drôlissime et désargentée qui a beaucoup circulé, avant d’être repérée et propulsée sur la chaîne Comedy Central, où l’on trouve à boire et à manger, mais qui constitue en tout cas une planche de salut pour aspirants humoristes. Diffusée depuis le 22 janvier 2014, la saison 1 repousse les limites de la comédie féminine en prenant pour modèles les aînées, alias Tina Fey dans 30 Rock et Amy Poehler dans Parks & Recreation, qui est devenue leur productrice. Ilana Glazer et Abbi Jacobson, créatrices et interprètes, sont elles-mêmes issues du vivier qu’est le groupe d’improvisation et de stand-up historique Upright Citizens Brigade, à New York.
La série puise sa radicalité dans l’appropriation de motifs trop souvent réservés aux garçons.
Si la précarité des jeunes urbains de la génération Y était déjà abordée avec un certain franc-parler dans la série 2 Broke Girls, Broad City se vautre avec délice dans la transgression irrévérencieuse, potache, voire scato. La série puise sa radicalité dans l’appropriation de motifs trop souvent réservés aux garçons et poursuit le travail engagé par Girls, qui désérotise les corps féminins. Et ratisse aussi un spectre plus large que le microcosme de Girls (d’ailleurs, “broad” signifie “large” en anglais) en témoignant d’une vraie diversité raciale et économique. Son humour absurde et excessif fonctionne comme une réponse aux questionnements des femmes, tiraillées par des injonctions sans cesse plus contradictoires -être sexy, mais pas trop, etc.
Comedy Central a déjà renouvelé la série pour une deuxième saison et pour les inconditionnels, Ilana Glazer vient de mettre en ligne sa nouvelle websérie, Chronic Gamer Girl.
Clémentine Gallot
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