Sur son blog La Petite Banane, Grace Ly explore son identité de Française d’origine chinoise. Elle répond aux questions geek de Cheek.
“La bouffe, c’est la porte d’entrée la plus rapide vers mon enfance”, lance Grace Ly pour expliquer comment est né son blog La Petite Banane, sur lequel elle parle essentiellement des restos asiatiques de Paris. Mais pas que. Films, séries, vêtements, voyages… Il est avant tout question de double culture sur La petite Banane, dont le nom est une référence à tous les enfants d’immigrés asiatiques qui se sentent comme Grace Ly, “jaune à l’extérieur, et blanche à l’intérieur”. “J’ai mis beaucoup de temps à comprendre que ma double culture était une richesse, admet la jeune femme de 35 ans, aujourd’hui très à l’aise avec ses origines. Chez moi, on parlait chinois et on mangeait chinois, mais moi je rêvais d’être blonde et j’adorais les steak hachés de la cantine!”
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“Dire des Chinois qu’ils sont discrets et travailleurs, ça reste un stéréotype, et il faut le combattre.”
Aujourd’hui, Grace Ly se dit “hyper contente d’être une petite voix de la jeunesse d’origine asiatique”, mais a bien conscience que les stéréotypes mettront du temps à disparaître. “On dit souvent qu’on est une minorité invisible, et c’est vrai que nos parents ont tout fait pour ne pas se faire remarquer, mais finalement, dire des Chinois qu’ils sont discrets et travailleurs, ça reste un stéréotype, et il faut le combattre.”
Si elle adore Frédéric Chau, elle est en revanche beaucoup plus réservée sur le succès du film Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu, dans lequel l’acteur franco-vietnamien a joué. “Ce n’est pas en se moquant des autres parce qu’ils sont différents qu’on combat les préjugés, analyse-t-elle. Je préfèrerais qu’on s’inspire des Anglo-saxons où des personnages forts émergent grâce à des séries intelligentes comme Fresh Off The Boat, par exemple.”
“Quand on est une femme, on doit lutter contre le cliché de la Chinoise exotique et soumise.”
Sensible à la question de la représentation des minorités, Grace Ly aimerait que les jeunes asiatiques aient leur Rokhaya Diallo et dit d’ailleurs se reconnaître fréquemment dans les prises de position de la jeune femme. “J’ai eu la chance de grandir dans un environnement très ouvert où je n’ai jamais souffert violemment de mes origines. Mais le racisme ordinaire, je connais très bien. Il est d’autant plus présent quand on est une femme et qu’on doit lutter contre le cliché de la Chinoise exotique et soumise.” Pour l’heure, cette jeune maman diplômée du barreau -“J’ai fait de bonnes études pour faire plaisir à mes parents”, rit-elle- est en pleine reconversion et continue d’explorer la voie de l’écriture puisqu’elle contribue désormais au site Chine-info et fait régulièrement des chroniques sur Radio Mandarin d’Europe. Elle répond à notre entretien connecté.
Geek de la première heure ou geek formée sur le tas?
Formée sur le tas. Le seul jeu vidéo auquel j’ai joué dans ma vie, c’était Mario Kart et j’arrivais toujours dernière. Quand une manette compte plus de deux boutons et une flèche multidirectionnelle, elle devient ingérable pour moi. Mais depuis que je me suis mise à bidouiller sur le Net avec la création de mon blog en 2011, je me frotte quotidiennement aux nouvelles technologies, et ce sont les convertis qui sont les plus radicaux.
Mac ou PC?
J’ai mis du temps à m’y mettre, mais maintenant je suis mordue de Mac: c’est tip top pour le blog, pour gérer mes photos et pour fignoler la série de mini-docus audio que je monte pour une radio locale. J’ai atteint le point de non-retour. À la maison, on est désormais multi-écrans Mac et on se retrouve derrière chaque année pour la Keynote. C’est grave, docteur?
Booking, TripAdvisor ou Airbnb?
Je voyage toujours en tribu, alors pour ma petite smala, c’est Airbnb obligatoire. Où qu’on aille, j’applique les filtres “Logement entier” additionné à “Pour famille/enfants”. Quel bonheur d’arriver dans un appartement avec un bac à jouets et où tes gosses ne risquent pas de se fracasser l’arcade sourcilière sur le premier objet design.
“Je me rappelle encore des moments de solitude dans le couloir du métro devant le plan du quartier.”
Appli Plans ou sens de l’orientation?
Je bénis le jour où l’appli Plan a été créée. Je me rappelle encore des moments de solitude dans le couloir du métro devant le plan du quartier: “Alors si je sors dans ce sens, c’est deuxième à gauche, puis troisième droite droite, mais par l’autre sortie c’est l’inverse”. Le bonus, ce sont les City Maps pour l’étranger qui sont dispos hors connexion.
L’appli que tu as installée et que tu n’utilises jamais?
Il y en a tellement. J’installe les applis hot du moment, mais au final, j’ai rarement le temps de m’y coller. Et il y a encore plein de choses que je préfère faire sur mon écran d’ordi.
Ton compte fétiche sur Instagram?
Je bave devant les photos fooding de That Food Cray et je fais mes abdos devant les selfies de Rumi Neely. Les deux sont des sources de motivation intarissables.
Snapchat ou MMS?
MMS. J’envoie des photos de bouffe pour faire bisquer les copines, de mes enfants à la famille dispersée aux quatre vents. Et des photos de mon chat quand il dort sur le dos.
“J’ai connu les salons de discussions Caramail.”
La dernière personne que tu as taguée?
Je viens de taguer mon homme sur un article spécial adresses parisiennes et ma meilleure copine sur un #OOTD (Ndlr: Outfit of the day) de Maja Wyh en lui mettant “C’est ça la veste que tu cherches?”
Caramail, Hotmail ou Gmail?
J’ai connu les salons de discussions Caramail. La première adresse mail que je me suis créée, c’était sur Hotmail en 1998. Maintenant j’utilise Gmail pour la connectivité. Faut vivre avec son temps.
Combien d’heures tiens-tu sans smartphone?
Assez longtemps car je suis plutôt tête en l’air: il m’arrive souvent de l’égarer ou d’oublier d’emmener mon chargeur. En revanche, quand je le retrouve et qu’il est chargé, je lui fais sa fête.
Propos recueillis par Myriam Levain
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