Le premier gouvernement Philippe est certes paritaire, mais il est déjà décevant en matière de répartitions des ministères et de la place accordée aux droits des femmes. Réaction de Marie Allibert, d’Osez le féminisme!
Le gouvernement Philippe a été dévoilé cet après-midi, et l’on y compte neuf ministres femmes sur dix-huit, et deux secrétaires d’État de chaque sexe. La parité est donc respectée. Pour autant, côté féminisme, ce premier gouvernement de l’ère Macron pouvait mieux faire. Au jour 1, il ne tient déjà pas sa promesse de recréer un ministère des droits des femmes de plein exercice. Marie Allibert, porte-parole d’Osez le féminisme!, nous donne son avis sur ces nouvelles nominations.
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Que penses-tu de ce nouveau gouvernement?
La parité est respectée, certes, mais c’était le B.A.BA. On ne va tout de même pas leur décerner une médaille pour ça! Et si l’on compte 9 ministres de chaque sexe, on note quand même que dans la hiérarchie des responsabilités, il y a trois hommes avant la première femme. Cela fait donc trois ministres D’État, Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur, Nicolas Hulot, ministre de la transition écologique et François Bayrou, Garde des Sceaux, plus haut placés que Sylvia Goulard, ministre des armées.
Et lorsque l’on déroule le reste de la composition du gouvernement, ce n’est pas vraiment mieux: les femmes sont là, mais 5 d’entre elles arrivent en dernier dans l’ordre protocolaire. Et deux sont sous tutelle! (Ndlr: Marielle de Sarnez aux affaires européennes, sous l’autorité de Jean-Yves le Drian et Elisabeth Borne ministre de la transition écologique chargée des transports, sous celle de Nicolas Hulot). Quant aux secrétaires d’État, on a deux hommes chargés respectivement des relations avec le Parlement et du numérique, et deux femmes qui gèrent les dossiers liés à l’égalité femmes-hommes et aux personnes handicapées. Je viens de voir passer un tweet qui me semble décrire parfaitement la situation: c’est comme si l’on avait mis quatre personnes dans une voiture, et que l’on s’était assuré que les femmes restent à l’arrière.
C’est finalement un secrétariat d’État et non un ministère de plein exercice qui se chargera du dossier de l’égalité femmes-hommes. Qu’est-ce que cela signifie?
Le principal problème d’un secrétaire d’État, c’est qu’il n’assiste pas au conseil des ministres. Or les questions d’égalité femmes-hommes sont transverses, elles touchent aussi bien la justice que l’armée, l’écologie ou le travail. Sans y assister, il semble plus compliqué de parvenir à gérer cette transversalité et à influencer les ministres pour faire avancer les choses.
Par ailleurs, elle dépend du premier ministre, ce qui nous rend sceptiques. Les prises de position d’Édouard Philippe à propos du mariage pour tous ou de la PMA, notamment, nous inquiètent. Et l’on se demande nécessairement quelle part de son budget il accordera à la secrétaire d’État chargée de l’égalité des femmes et des hommes.
Marlène Schiappa te semble-t-elle être la bonne interlocutrice?
Nous ne la connaissons pas encore bien chez Osez le féminisme!, et nous attendons qu’elle clarifie sa position à propos de la prostitution (Ndlr: Osez le féminisme! est en faveur de l’abolition). Mais nous attendons de la rencontrer, cela seul nous permettra de nous rendre compte des discussions et des projets possibles.
Propos recueillis par Mathilde Saliou
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