On a posé 3 questions à Mélina Oligo, créatrice de Glory Book Box, première box littéraire féministe et 100% autrices.
Une box littéraire composée uniquement d’ouvrages de femmes? Une initiative féministe plus que bienvenue. Après des études de cinéma et quelques années en librairie, Mélina Oligo, jeune femme de 26 ans, lance la Glory Book Box. Dans cette boîte, qui porte le nom de la célèbre chanson du groupe Portishead, deux livres de poche, des goodies et un livret, contenant des recommandations de lectures, de podcasts ou de films, sont envoyés chaque mois pour 24 euros. Interpellée par l‘absence des écrivaines dans les écoles mais aussi dans les grands prix littéraires, Mélina Oligo, passionnée de lecture, veut montrer qu’il reste beaucoup à découvrir en littérature féminine.
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Pourquoi avoir choisi de présenter uniquement des autrices?
Pour replacer les femmes au centre de la littérature, parce qu’elles sont très oubliées et subissent des préjugés. Quand j’ai lancé la box, j’ai eu des remarques du type “les femmes c’est gnangnan”, “elles n’écrivent que des romans d’amour”, et ça m’avait beaucoup choquée. Une fois, on m’a même dit: “Mais deux livres de femmes par mois à lire, ça fait pas beaucoup quand même?”. Dans un post sur son blog, l’illustratrice Diglee expliquait qu’elle s’était mise à rattraper son retard en lisant des autrices et les gens lui faisait la réflexion “Mais pourquoi tu ne lis que des femmes?” alors que personne n’aurait fait la remarque s’il s’agissait d’hommes. Ce choix, c’est pour remettre de la diversité dans la littérature. J’avais vraiment ce besoin de mettre des femmes en avant.
© Glory Book Box
Tu choisis des livres contemporains mais aussi des livres plus anciens, qui ont été rédigés des siècles plus tôt. Qu’est-ce que ces ouvrages peuvent nous apprendre en tant que féministe aujourd’hui?
Je pense qu’il faut d’abord connaître son passé avant de pouvoir connaître son futur. Dans certains textes, on se rend compte que, finalement, le féminisme n’a pas tant changé que ça. C’est assez fou et c’est important d’avoir une référence historique pour pouvoir ensuite poursuivre sur des bases plus contemporaines. Je pense aussi qu’il est essentiel de faire connaître des livres plus anciens pour montrer que les femmes étaient là, qu’elles n’ont pas débarqué au 21ème siècle.
Rencontres-tu des difficultés à trouver des autrices dans les différents genres littéraires?
Pas tant que ça. Étant une très grande lectrice, j’ai déjà une grille de lecture bien fournie. Ce qui s’avère compliqué, en revanche, c’est de retrouver leurs ouvrages réédités. Dans la fantaisie et la science-fiction, les femmes sont moins faciles à trouver. Elles ne sont pas si absentes que ça, c’est surtout que leurs livres ne sont plus trouvables ou ne sont pas édités en français. C’est déjà un genre qui est sous-côté en général, on dit qu’il est destiné aux adolescent·e·s alors qu’il y a de très bons bouquins de science-fiction pour adultes. Donc si tu es une autrice, ça passe encore moins. En revanche, elles sont très présentes dans la romance. C’est un genre qui est censé être pensé pour les femmes donc je pense que lorsqu’on est une autrice, c’est celui où on a le plus de chance d’être publiée.
Wendy Le Neillon
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