On a lu ça pour vous.
“On a tous le même échange. Le pudique ‘Et toi? Ça va?’ Auquel on répond oui. Oui, ça va parce que je suis en vie, pas blessée et que je n’ai perdu personne. Alors oui, ça va. Je ne vais pas me plaindre. Mais la vérité, c’est que ça ne va pas du tout. Et l’autre vérité, c’est qu’on s’en fout. On s’en branle que je reste parfois le regard dans le vide et que je chiale alors que je ne pense à rien. (Même si d’un point de vue biologique, je ne pensais pas que c’était possible.) Si j’écris, c’est que je me dis qu’on est sans doute plusieurs dans cet état. Et plusieurs à ne pas le supporter.
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Je n’ai pas été touchée directement, et pourtant je erre comme un zombie, assommée par le choc. C’était ni toi ni moi. Mais c’était quand même nous. Mais c’était quand même pas moi. (Oui, en ce moment, j’ai des capacités logiques et linguistiques limitées.) Et je m’en veux. Je culpabilise de mon état. Les survivants vont culpabiliser vis-à-vis des morts. Et moi, je culpabilise par rapport aux survivants et aux endeuillés, d’être dans cet état de choc alors que j’ai eu tellement de chance. Je n’ai perdu aucun proche.“ Je n’étais ni en terrasse, ni au Bataclan. J’étais à un concert, certes, mais à la Cigale. Géographiquement, c’est pas à côté. Et pourtant, j’ai basculé dans la sidération.”
Sur son blog Girls and Geeks, la journaliste et auteure Titiou Lecoq, raconte qu’elle a eu de la chance, vendredi 13 novembre 2015. Ses amis proches aussi. Pourtant, comme beaucoup de Parisiens, elle est encore sous le choc. Elle évoque le sentiment d’imposture engendré par cette douleur d’un genre nouveau et les raisons qui expliquent que l’on soit tous triste, en colère ou hébétés. Elle dit aussi que ça va passer. On veut la croire.
À lire le plus vite possible sur le blog Girls and Geeks.
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