Siham Jibril, 25 ans, lance Génération XX, un podcast consacré aux femmes qui entreprennent.
2017 sera incontestablement l’année du podcast. Siham Jibril ne va pas dire le contraire, elle qui a eu la révélation pour ce format et a décidé de lancer le sien, Génération XX, sans jamais avoir fait de radio ni travaillé dans les médias. “Ma démarche est venue de mon envie d’entreprendre, explique la jeune femme de 25 ans. Après mon école de commerce, j’ai bossé un an pour une start-up de e-commerce, ça m’a donné envie de monter ma boîte. J’écoutais alors beaucoup le podcast Girlboss, de Sophia Amuroso, et un autre qui s’appelle StartUp, et les deux m’inspiraient beaucoup.”
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Siham Jibril, qui a longtemps voulu travailler dans le cinéma pour pouvoir raconter des histoires, a peu à peu l’envie de créer son propre format, pour donner la parole à des femmes inspirantes. “Dans Girlboss, Sophia Amuroso interviewe plein de femmes, qui sont entrepreneures ou occupent des postes importants, et quand j’ai commencé à l’écouter, ça m’a appris plein de choses, se souvient-elle. Je me rendais compte qu’avant d’être de super managers, elles étaient passées par plein d’étapes. Ces entretiens les humanisaient, je les trouvais hyper inspirantes; ça me parlait vu que je me cherchais.” L’idée germe, et Siham Jibril contact Joël Ronez, ancien patron du Mouv’ désormais à la tête d’une société de production de podcasts, Binge Audio. Il lui prête un micro pour qu’elle puisse s’essayer à l’exercice.
“Je déteste le mot superwoman car il laisse entendre qu’il y a quelque chose d’impossible.”
“J’ai réfléchi à qui j’avais envie de parler, poursuit la jeune femme. En faisant la liste des gens, je me suis rendu compte qu’il n’y avait que des femmes entrepreneures, qui avaient pris des risques pour monter un projet. Ce n’est pas vraiment un hasard, ces parcours me parlent plus. Je me suis dit que j’allais partir à leur rencontre et proposer autre chose que ce que je lisais dans les magazines et qui ne me plaisait pas. Quand on lit un portrait de femme, c’est soit quelque chose d’assez négatif, sur les difficultés rencontrées et le parcours du combattant de la réussite, soit au contraire, on voit des femmes qui ont tout réussi, photographiées dans leurs appartements magnifiques avec leurs enfants, hyper épanouies. J’ai toujours soupçonné que la photo était trop parfaite et que la vie d’entrepreneure, ce n’était pas non plus ça.” Siham Jibril décide donc que son podcast sera une conversation sincère, où l’on abordera les coulisses des projets, y compris les moments compliqués qui jalonnent la vie de tout entrepreneur.
Pas de superwoman de l’autre côté du micro, donc. “Je déteste ce mot, car il laisse entendre qu’il y a quelque chose d’impossible. Ce qui m’intéresse, c’est de montrer que les entrepreneures sont comme toi et moi. Et puis, même les gens qui n’ont pas envie de monter une boîte ont des projets, j’espère qu’en écoutant ces entretiens, ça révèlera leurs passions, ça les poussera à croire en leurs idées.”
Le premier épisode de Génération XX sera mis en ligne demain, le prochain dans quinze jours. Si, pour l’instant, Siham Jibril considère cette activité comme un genre de hobby -“le modèle économique du podcast est encore tâtonnant”- et se consacre à la création de sa société Indiecrew, une plateforme de mise en relation avec des professionnels de la vidéo pour les marques, elle n’exclut pas d’en faire une entreprise à part entière un jour. Interview.
Génération XX, ça veut dire quoi?
Je voulais un nom qui parle des femmes, d’où le XX. J’aime bien le mot de génération, il évoque un socle commun, qui n’est pas tant une question d’âge que d’époque en commun. On est à l’époque des femmes entrepreneures, et c’était important pour moi qu’il n’y ait que des femmes interviewées.
Tu te sens féministe?
Oui, bien sûr! La définition que je prends du féminisme, c’est de vouloir l’égalité sociale et économique. Mon podcast met en avant les femmes, est-il féministe pour cette raison? En tout cas, moi, je le suis! J’espère que les hommes l’écouteront: les femmes écoutent tellement d’interviews d’hommes tout le temps, il n’y a pas de raison qu’ils ne le fassent pas.
Le podcast, c’est l’avenir des médias?
En tout cas en ce moment, il se passe quelque chose. Depuis que j’ai commencé il y a un an à écouter des podcasts américains, Joël Ronez a lancé Binge Audio, Lauren Bastide a lancé La Poudre, et Pascale Clark s’apprête à lancer Boxon. On a tous eu cette envie au même moment, ce n’est pas un hasard.
Comment tu vois la suite pour Génération XX?
La tagline, c’est “Les voix des femmes entrepreneures”. J’ai envie de continuer de donner la parole à des femmes qui ont des projets, en élargissant la notion d’entrepreneuriat à toutes sortes d’initiatives, pourquoi pas artistiques. Peut-être qu’un jour je complèterai l’audio par de l’écrit et de la vidéo. Pour l’instant, je veux juste voir comment ça marche et faire en sorte que le maximum de gens se mettent au podcast en France. Ensuite, une fois que j’aurai une voix, je réfléchirai à la diversification.
Penses-tu qu’à ton tour, tu inspireras d’autres femmes?
Peut-être. Je me rends compte avec ce lancement que je suis en train de monter un vrai projet. Pour moi, créer ma boîte, c’était une autre activité, mais là, j’ai rédigé un communiqué de presse, je poste sur les réseaux sociaux, je me rends compte que c’est sans doute plus qu’un hobby. Et je serai bien sûr très contente d’inspirer à mon tour d’autres nanas.
Propos recueillis par Myriam Levain
{"type":"Banniere-Basse"}