Ce soir, le French Curiosity Club (FCC) reçoit Camille de Castelnau, coscénariste de la série Le Bureau des légendes. L’occasion de revenir avec Margaux Hammer, créatrice du FCC, sur les coulisses de ce club réservé aux femmes qui met en avant les récits de vie et les initiatives féminines.
C’est lors d’un stage de six mois dans un cabinet d’avocats à Chicago que Margaux Hammer, 27 ans, décide de fonder le French Curiosity Club. “J’avais été très inspirée par la culture du talk à l’américaine, raconte-t-elle, qu’il s’agisse des conférences TED ou de la Chicago Ideas Week, une semaine de débats et interventions au cœur de la ville. Il y a là-bas un véritable engouement pour partager son expérience et en faire bénéficier les autres.” De retour à Paris, la jeune femme crée, en février 2015, le French Curiosity Club, un club non-mixte où, chaque mois, une femme inspirante vient raconter son parcours à une centaine de spectatrices. Une recette gagnante. À 25 euros le ticket, les 140 places du talk qui a lieu ce soir se sont vendues en deux minutes. Avocate spécialisée en droit de la propriété intellectuelle et nouvelles technologies, Margaux Hammer s’apprête aujourd’hui à quitter les prétoires: “Le club marche tellement bien que je peux désormais m’y consacrer à temps plein et en faire mon activité principale.”
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Une soirée au FCC, c’est une “soirée filles basée sur le partage et la curiosité”, résume Margaux Hammer. “On commence par un apéro, histoire de laisser tout le monde arriver tranquillement, détaille-t-elle, puis place au talk qui dure 30 à 40 minutes. Après la conférence, on accorde à peu près autant de temps aux questions-réponses, et on termine la soirée par un cocktail, du networking pur où les filles échangent entre elles et avec l’invitée du jour.” À chaque conférence, son lieu: “Nous essayons toujours de surprendre nos membres et de trouver un cadre qui colle avec le thème de la conférence. Pour la navigatrice Justine Mettraux, nous étions sur une péniche, pour la conceptrice impression 3D Claire Chabaud, nous avions pris place dans un atelier-laboratoire communautaire et ainsi de suite”, explique Margaux Hammer. Et pour le talk de ce soir? “C’est une série d’espionnage alors… Secret défense.”
“L’important, c’est que nos intervenantes soient passionnées par leur métier et qu’elles soient prêtes à partager leur expérience.”
Comment a débuté l’aventure FCC?
Le premier talk s’est monté à tâtons. Ma meilleure amie, œnologue, avait accepté de se prêter à l’exercice et une connaissance nous avait laissé utiliser sa magnifique cave privée pour y tenir la conférence. Le public était composé de copines, d’amies d’amies… À mon grand soulagement, ce fut un succès. Les filles en ont parlé autour d’elles, sur les réseaux, et le bouche-à-oreille a fonctionné. Depuis, le FCC fait salle comble à chaque conférence. Il y a un vrai engouement, tant du côté des spectatrices que des intervenantes. Nous avons reçu une danseuse étoile, l’une des sept femmes du GIGN, une championne olympique de basket-ball, une avocate-pianiste, une navigatrice… Nous avons des talkeuses bookées jusqu’en décembre 2018!
Comment sélectionnez-vous les intervenantes?
Nous souhaitons couvrir tous les domaines, de l’armée à l’entrepreneuriat en passant par le sport. L’important, c’est que nos intervenantes soient passionnées par leur métier et qu’elles soient prêtes à partager leur expérience. Le FCC doit faire rêver, inspirer ses membres. Avant leur talk, les intervenantes sont coachées par Caroline Monnier, comédienne. Elle les aide à se détendre, à valoriser leur expérience, à faire de leur conférence un véritable show.
Ce soir, le FCC reçoit Camille de Castelnau, coscénariste de série Le Bureau des légendes, pourquoi ce choix?
Nous avons invité Camille de Castelnau, car elle est dingue de ce qu’elle fait, elle en parle à merveille, elle vous colle des étoiles dans les yeux et ça, c’est hyper inspirant. Comme beaucoup de secteur, le milieu des scénaristes est très masculin, donc c’est génial de voir une femme s’y épanouir et y réussir.
© Zoé Ducournau
Comment le FCC soutient-il les femmes?
Pour le cocktail qui suit les talks, nous faisons appel à de jeunes startuppeuses comme le bar à bière mobile Cocotte. Pour mettre un peu d’ambiance, ce sont toujours des djettes aux platines. Enfin, avec les filles de l’équipe (Ndlr: elles sont sept à gérer le FCC), nous nous habillons à chaque fois avec une tenue de jeune créatrice comme ONY, Zeit Paris Berlin, Sestra Paris ou encore Edie Grim, et nous en parlons avant le début de la conférence pour mettre en avant leurs créations.
“Nous sommes en train de développer des antennes du FCC un peu partout en France et dans le monde.”
Pourquoi avoir choisi la non-mixité?
C’est un club réservé aux femmes car ça permet de préserver une certaine bienveillance, un esprit de sororité, et de garder la lumière braquée sur elles. Il y a quelques mois, pour fêter les deux ans du FCC, nous avions organisé une conférence mixte. Nous recevions Véronique de Viguerie et Manon Quérouil- Bruneel, toutes deux grandes reporters. À la fin de la conférence, il n’y a pas eu de question. D’habitude, toutes les mains se lèvent et nous n’avons pas le temps de faire intervenir tout le monde. Cette fois-ci, quelques hommes se sont mis à poser des questions, suivis timidement par une ou deux femmes. J’étais très étonnée, mais lors du cocktail, beaucoup de femmes sont ensuite venues me voir pour m’expliquer qu’elles s’étaient senties moins à l’aise, moins libres que lors des réunions entre femmes. Ça peut paraître triste, mais c’est une vérité. C’est elles qui m’ont demandé de garder le FCC “women only”.
En revanche, vous ne souhaitez pas rester “parisian only”, n’est-ce pas?
En effet, nous sommes en train de développer des antennes du FCC un peu partout en France et dans le monde, c’est très excitant! Le FCC Lille donne sa première conférence dans quelques jours avec l’aventurière Cécile Ravaux, le FCC Londres devrait débuter dans quelques mois, et d’autres FCC se créent à Bombay, Casablanca ou encore New York. Nous recevions toujours pleins de messages de non-Parisiennes qui adoraient l’idée, mais ne pouvaient se déplacer. Le FCC vient donc à elles!
Qui seront les prochaines intervenantes?
Je ne veux pas tout dévoiler, mais nous parlerons bientôt religion, avec une intervenante entrée dans les ordres, ou encore humanitaire avec une talkeuse qui travaille pour le Comité international de la Croix-Rouge et vérifie que les droits humains sont respectés, notamment dans les prisons en Éthiopie.
Propos recueillis par Audrey Renault
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