En juin dernier, les Bordelaises Frédérique Seyral et Myriam Liatard ont lancé Immersion Surf, le premier magazine sur la culture du surf féminin. Interview express d’une des rédactrices en chef.
“La version papier fait 200 pages, il pèse à peu près 900 grammes; c’est un gros bébé.” C’est en ces termes que Frédérique Seyral, Bordelaise de 42 ans qui surfe depuis une vingtaine d’années, évoque le premier numéro d’Immersion Surf, un magazine sur la culture du surf féminin, sorti le 10 juin dernier après une campagne de crowdfunding menée avec succès. Avec son acolyte, également surfeuse, Myriam Liatard, Parisienne de 38 ans arrivée à Bordeaux il y a quatre ans, elles ont pour objectif de “fabriquer un média qui donne la parole aux femmes surfeuses, en étant plus pertinentes que ce que l’on pouvait trouver auparavant”. Pour elles, pas question de faire dans le girly, ou le placement de produits: ce sont les sujets approfondis qui priment, qu’il s’agisse de culture, d’écologie ou de philosophie. Avec un accent particulier mis sur la photographie: “Je suis professeur d’arts plastiques, j’ai une double casquette dans l’art et dans le milieu du surf, je voulais réunir tout ça et montrer qu’on pouvait produire quelque chose de qualitatif sans être dans le superficiel”, précise Frédérique Seyral. Interview express.
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Frédérique Seyral sur sa planche, DR
Immersion Surf, c’est quoi?
C’est de l’authenticité, de la féminité dans le bon sens du terme, c’est-à-dire une mise en avant du féminin sans pour autant être dans le racoleur. On est pas là pour vendre des maillots de bain, mais pour montrer que la part de féminité dans le surf est intéressante. On parle d’écologie, d’aventures, de voyages. On fait aussi un gros effort sur le travail photographique avec des photos du monde entier et on est très exigeantes sur les textes. On veut proposer du qualitatif dans le magazine papier et sur le Web.
Pourquoi tu t’es lancée?
Myriam m’a demandé si je voulais écrire sur son blog -elle venait d’interviewer mon conjoint David Charbonnel sur son travail de shaper- et je lui ai proposé de créer plutôt un magazine. Quand je lisais la presse qui existait, je ne trouvais pas forcément ce que je voulais. On a bossé pendant 6 mois comme des forcenées, on a commencé le projet en octobre et, en moins d’un an, on a réussi à sortir le premier numéro.
Quels stéréotypes sur les surfeuses souhaites-tu déconstruire?
Le stéréotype de la surfeuse comme objet de désir. Par essence, les surfeuses sont des athlètes, elles ont des corps plutôt plastiques, mais les réduire à ça, c’est dommage. Dans notre premier numéro, il y a l’interview de Leah Dawson, une surfeuse californienne et on se rend compte de toute la réflexion de cette femme, qui est à la fois totalement connectée à la nature et en même temps capable de s’arrêter et réfléchir sur elle-même pour repenser complètement son surf. Certaines manœuvres ne sont pas forcement adaptées à la morphologie féminine, notamment au niveau des hanches. Elle a décomposé les mouvements pour surfer comme une femme dans tout ce que ça pouvait avoir de féminin, d’élégant. C’est une lady sur la vague, et c’est ça qu’on a souhaité mettre en avant. La part féminine du surf a une richesse insoupçonnée. On tend à sortir des stéréotypes et ça passe aussi par l’éducation de certaines marques, et du public.
Propos recueillis par Samia Kidari
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