Si vous ne deviez voir qu’une vidéo aujourd’hui, ce serait cet extrait de Quotidien dans lequel l’actrice Florence Darel revient sur ses deux rencontres avec Harvey Weinstein, et sur le fait que son comportement de prédateur sexuel n’était un secret pour personne dans le milieu du cinéma.
Hier soir, Florence Darel était l’invitée de Yann Barthès dans Quotidien pour parler de son expérience traumatisante auprès d’Harvey Weinstein dans les années 90. Cette actrice française de 49 ans raconte ses deux rencontres avec le producteur américain. En 1994, après une soirée organisée par Miramax, la société de production du géant hollywoodien, il l’invite à le rejoindre dans sa chambre d’hôtel pour discuter du film À la Mode sur lequel ils collaborent. Florence Darel qui avait senti un personnage “graveleux”, décline la proposition en expliquant qu’elle est en couple. Début 1995, elle reçoit un appel: Harvey Weinstein tente de prendre rendez-vous avec elle pour un projet professionnel. Sur les conseils de son agent, elle s’y rend: “On ne dit pas non à un projet professionnel avec un très grand producteur américain”. Ils se rencontrent au Ritz à Paris, dans la suite de Coco Chanel. Sa femme est présente dans la pièce d’à côté. Ils discutent business jusqu’à ce que l’homme lui propose de devenir sa maîtresse quelques jours par an, “comme si j’étais une marchandise”, explique Florence Darel. Abasourdie, elle lui répond alors qu’elle vit avec quelqu’un qui la rend très heureuse, ce à quoi le producteur réplique “Ce n’est pas un problème, je fais ça avec beaucoup de femmes dans le monde”. Elle met fin au rendez-vous, et les “propositions” s’arrêtent là.
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Mais l’actrice raconte qu’elle ne s’arrête pas là et en parle autour d’elle, “à qui veut l’entendre”. Elle se retrouve alors face à des réactions inattendues. On lui explique que tout le monde est au courant et qu’Harvey Weinstein a déjà abusé de son pouvoir avec d’autres femmes. “Je suis en colère quand on me parle de rompre le silence parce que moi je ne me suis jamais tue”, explique Florence Darel qui s’insurge ensuite contre l’omerta qui a entouré le producteur américain. “Je ne comprends pas pourquoi on l’a laissé en toute impunité agir de la sorte pendant 20 ans (…) C’est ça que je trouve répugnant, est-ce qu’il faut attendre qu’un homme tombe de son piédestal pour qu’on s’attaque à lui? (…) Les femmes sont toujours dans le porte-à-faux: on nous dit que nous sommes séduisantes, qu’on fait tout pour l’être et qu’on devrait donc être flattées…. Comme si on était des tentatrices et que ce qui nous arrivait était bien fait pour nous (…) Quand est-ce que les hommes vont être adultes et se dire que les femme ne sont pas un trophée, un butin qu’on ramasse quand on a le pouvoir?”
Yann Barthès met ensuite en lumière les témoignages de deux autres actrices françaises: Ludivine Sagnier et Léa Seydoux qui affirment elles aussi que dans le milieu, tout le monde savait qu’Harvey Weinstein était un prédateur sexuel dont il fallait se méfier.
Margot Cherrid
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